La procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, a engagé mercredi des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, et la Société générale de banque au Liban (SGBL), dans l'affaire des transferts bancaires, en référence aux poursuites lancées pour des faits relevant du blanchiment d’argent et du transfert (supposément illégal) de fonds à l’étranger, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Celle-ci souligne que ces transferts sont "responsables de l'effondrement de la livre libanaise".
Le 19 mars, l'ANI rapportait déjà que le PDG de la SGBL, Antoun Sehnaoui, était visé par un mandat de "perquisition et d’enquête" délivré par la juge Aoun. La très brève dépêche n’avait pas donné de détails sur le dossier, se bornant à évoquer une "plainte visant le gouverneur de la Banque du Liban (Riad Salamé), ainsi que des banques et des agents de change". Contactée, la SGBL n’avait pas officiellement communiqué sur le sujet.
En poste depuis 1993, Riad Salamé est visé pour sa part par plusieurs affaires. Depuis janvier, il est au centre d’une procédure lancée par la justice suisse pour des faits relevant du blanchiment d’argent aggravé "au préjudice de la BDL".
Si les déposants libanais subissent depuis l’automne 2019 des restrictions bancaires limitant l’accès à leurs fonds en devises ou les transferts à l’étranger, plusieurs voix, dont l’ancien directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, ont dénoncé le fait que plusieurs milliards de dollars avaient malgré tout été exfiltrés du pays au profit de certains privilégiés. Une situation difficilement justifiable compte tenu de la gravité de la crise et au regard des standards internationaux en matière de transparence, bien que couverte au Liban par l’absence sur le plan juridique d'une loi instituant un contrôle formel des capitaux, qui aurait donc légalisé et généralisé ces restrictions.
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