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L'UE prête à renouer avec Ankara mais pose des conditions à Erdogan



L'UE prête à renouer avec Ankara mais pose des conditions à Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Bruxelles, le 9 mars 2020. REUTERS/Yves Herman/File Photo

L'Union européenne a demandé jeudi au président Recep Tayyip Erdogan des gages pour relancer ses relations avec la Turquie et a placé Ankara sous surveillance jusqu'au mois de juin pour marquer sa désapprobation face à la détérioration des droits et des libertés.

Les dirigeants de l'UE réunis en sommet ont approuvé une démarche "progressive, conditionnelle et réversible afin de renforcer la coopération dans un certain nombre de domaines d'intérêt commun", a annoncé le porte-parole du président du Conseil européen Charles Michel. Mais ils posent comme condition une poursuite de "la désescalade actuelle" et que "la Turquie s'engage de manière constructive", indique la déclaration approuvée par les dirigeants.

Les Européens souhaitent normaliser les relations avec la Turquie après une année de tensions. Mais ils demandent au président turc Recep Tayyip Erdogan des actes pour démontrer sa volonté d'apaisement, notamment le règlement de ses contentieux avec la Grèce et Chypre, le retrait de Libye et le respect des droits fondamentaux dans son pays. "Nous avons assisté à des développements positifs de la part de la Turquie, mais la situation reste fragile", a expliqué jeudi le chef de la diplomatie Josep Borrell, venu présenter au sommet un rapport et des options d'actions.

En raison d'une nouvelle vague de contaminations par le Covid-19, le sommet s'est déroulé en visioconférence, une formule qui ne permet pas les débats.

La discussion sur la Russie a pour cette raison été annulée et transformée "en point d'information" par Charles Michel sur son entretien avec le président Vladimir Poutine, qui a dénoncé la position "conflictuelle" de l'UE à l'égard de Moscou.

Les conclusions sur la Turquie préparées par Charles Michel ont été approuvée avant l'intervention du président américain. Invité à se joindre aux dirigeants européens, Joe Biden se connectera à 20H45 (19H45 GMT), a précisé le porte-parole de Charles Michel.

Vigilance accrue

L'administration américaine est également en froid avec Ankara. "Ce n'est un secret pour personne que nous avons des différends avec la Turquie", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors de ses entretiens mardi et mercredi à l'OTAN. Mais les Américains comme les Européens refusent de couper les ponts avec Ankara. "La Turquie est un allié de longue date et apprécié, que nous avons un grand intérêt à garder ancré à l'OTAN", a rappelé Antony Blinken.

La Turquie est d'une "importance stratégique" pour les Européens, a pour sa part rappelé la chancelière allemande Angela Merkel.

Ankara a accepté de contrôler ses frontières avec l'UE pour empêcher les passages illégaux de migrants et de réfugiés par son territoire et accueille depuis 10 ans 4 millions de Syriens qui ont fui le conflit dans leur pays. Mais les Européens ont été échaudés par le comportement jugé "agressif" du président turc au cours de l'année 2020 et n'ont pas totalement confiance en lui.

"Nous observons une absence de signaux négatifs depuis le début de l'année, mais personne n'est naïf, car plusieurs facteurs expliquent ce comportement: le changement de président aux Etats-Unis, la fragilité de l'économie turque et les conséquences des possibles sanctions européennes", a expliqué un diplomate européen à l'AFP.

La décision du président turc de quitter la convention d'Istanbul contre les violences sexistes, au lendemain d'un entretien avec Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a été vécue comme un camouflet.

Angela Merkel a déploré "un signal très, très regrettable". Et les échanges acrimonieux ont repris mercredi entre Ankara et Paris après l'accusation de tentatives d'ingérence de la Turquie dans la prochaine élection présidentielle en France lancée par le président Emmanuel Macron. "Une vigilance accrue va être observée pendant les prochains mois afin de déterminer en juin si les conditions sont réunies pour renouer", a expliqué le diplomate. "Si un recul est constaté, l'UE saura défendre ses intérêts. Les instruments sont prêts", a-t-il assuré. Le rapport préparé par Josep Borrell cite plusieurs options, dont des sanctions pour le secteur du tourisme.

L'Union européenne a demandé jeudi au président Recep Tayyip Erdogan des gages pour relancer ses relations avec la Turquie et a placé Ankara sous surveillance jusqu'au mois de juin pour marquer sa désapprobation face à la détérioration des droits et des libertés.Les dirigeants de l'UE réunis en sommet ont approuvé une démarche "progressive, conditionnelle et réversible afin de...