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Culture - En librairie

Bernard Pivot, un amoureux de la vie... à tout âge

Journaliste, ex-chroniqueur littéraire français, animateur d’émissions culturelles (« Apostrophes » et « Bouillon de culture ») et ancien président de l’Académie Goncourt, Bernard Pivot aborde dans son dernier roman « ... mais la vie continue », paru aux éditions Albin Michel, le sujet du grand âge avec humour et sérénité. 

Bernard Pivot, un amoureux de la vie... à tout âge

À 85 ans, Bernard Pivot donne, sans complexes, des conseils pour braver les heurs et malheurs du grand âge. Photo AFP

François-René de Chateaubriand avait dépeint la vieillesse comme un naufrage ou un dernier voyage qui s’accompagne d’une décrépitude physique et intellectuelle, Eugène Ionesco comme un traumatisme, une maladie qui toucherait à l’essence de l’être, tandis que Victor Hugo la décrivait comme le plus lourd fardeau parce que « c’est exister sans vivre ». Bernard Pivot s’est penché dans son nouvel opus … mais la vie continue (Albin Michel), non sans quelques maux de dos (cinq chapitres sont réservés à la santé), sur cette dernière tranche de vie que l’on qualifie d’âge mûr, non comme une période vouée au déclin que l’on devrait subir, mais comme un moment de plaisir et de liberté. De dernières années dont il faudrait tirer les avantages, sans jamais oublier de continuer à vivre, plus lentement peut-être, mais quoi de plus délicieux que de prendre son temps ? Et ô combien l’auteur est convaincant lorsqu’il fait l’éloge de la lenteur. De quoi donner envie d’aborder la vieillesse plus tôt que prévu…


À 85 ans, Bernard Pivot donne, sans complexes, des conseils pour braver les heurs et malheurs du grand âge. Photo AFP


Moraliste avant toute chose

Dès les premières lignes, on réfléchit, on se questionne et on essaye de se positionner. À quel moment exactement le « comment vas-tu? » cesse d’être une formule de politesse pour devenir une question médicale ? Au-delà de la santé physique, l’auteur privilégie l’importance de la santé mentale. « Je suis un moraliste, dit-il, je me préoccupe du moral avant tout. »

Entre fiction et réalité, l’histoire s’articule autour d’un éditeur à la retraite (qui ressemble à notre auteur par bien de points) et son cercle d’amis proches, les JOP, ou jeunes octogénaires parisiens. On aurait pu remplacer Parisiens par positifs, car tout le secret est là, affronter ce grand âge avec positivité. Cette bande de huit ont, en dénominateur commun, la validité. Deux couples, les Blazic et les Guermillon, Nona (une nonagénaire), Octo (octogenaire) et Coco bel œil (septuagénaire). S’ajoute à ces personnages un huitième, le double de l’auteur (qui lui ressemble mais en plus jeune), qui les sermonne de temps à autre, les remet sur le droit chemin. Il en ressort quelques commandements essentiels.

Règle numéro un : ne jamais entrer dans le troisième âge seul, car la solitude est le pire des ennemis. Certains prendront un chat ou un chien, mais un bon copain ou une compagne pour les vieux jours est le meilleur des vaccins contre la vieillesse. Bernard Pivot l’affirme : « Nous avons décidé de ne pas vivre ensemble pour augmenter nos chances de vieillir ensemble. Sonner chez l’autre et voir la porte s’ouvrir, plutôt que d’utiliser la clef de la cohabitation. »

Règle numéro deux : l’humour et la bonne humeur, ne jamais se plaindre et user de l’humour comme d’un remède, « une médecine efficace de surcroît gratuite et toujours disponible ».

Règle numéro trois : exercer sa mémoire et attiser sa curiosité, tout en étant sélectif. Nul besoin de s’attarder sur les nouveaux artistes en vogue, mais réécouter Brel et Brassens, relire ses classiques, terminer ses mots croisés pour le plaisir et sa grille de Sudoku pour combattre l’alzheimer, voire même instaurer des séances de jeux lorsqu’on est en bonne compagnie et partager les souvenirs avec ses proches.

Règle numéro quatre : continuer de rêver, car le rêve n’a pas d’âge.



Être vieux, c’est ne pas être mort jeune

La vieillesse est certes une chose sérieuse, et, pour la réussir, il faut pratiquer cet art de vivre discrètement, sans crier gare, sans en faire une histoire, comme une seconde nature du moment, et surtout rire. Car plus on rit des choses, moins elles sont dangereuses, ce que Bernard Pivot réussit à faire avec allégresse et enthousiasme. Faire de cet âge avancé un moment de grande liberté et de curiosité inassouvie. Pour le journaliste et homme de lettres, « les repas des vieux sont des quiz, et le sexe est une vendange tardive ».

Pour l’ex-académicien, la vieillesse est définitivement un état d’esprit, mais elle est aussi le chemin de la sagesse, où l’on sait distinguer l’essentiel de l’accessoire, où l’on ne se gâche plus la vie avec les détails et les petits énervements de l’existence. Il conçoit la vieillesse comme une libération, une acceptation de soi-même, une nouvelle liberté intérieure.

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Vieillir dans le bonheur

Être vieux est en soi une victoire, car c’est ne pas être mort jeune. Le prix à payer, c’est tout ce qui va avec les défaillances du corps. Avec, pour contrebalancer, cette joie de la lenteur et du plaisir d’enfin prendre son temps. Le temps du mouvement, le temps du jugement et pourquoi pas le temps de petit-déjeuner. Et surtout ne pas avoir peur de la mort, mais de la mort avant la mort, préconise Bernard Pivot.

Voici donc un ouvrage qui peut être dévoré comme un roman à la facture sarcastique et décapante dans lequel le lecteur plonge avec délectation ou qui peut être abordé comme un manuel de vie pour apprendre à s’installer dans le grand âge en toute sérénité et bonheur afin d’en tirer les avantages et les privilèges, si l’on arrive à en respecter les principaux commandements.

« … mais la vie continue » de Bernard Pivot aux éditions Albin Michel.

François-René de Chateaubriand avait dépeint la vieillesse comme un naufrage ou un dernier voyage qui s’accompagne d’une décrépitude physique et intellectuelle, Eugène Ionesco comme un traumatisme, une maladie qui toucherait à l’essence de l’être, tandis que Victor Hugo la décrivait comme le plus lourd fardeau parce que « c’est exister sans vivre ». Bernard Pivot...

commentaires (1)

Heureux le bon vieux temps où nous avions droit aux émissions de Bernard Pivot "apostrophes ou bouillon de culture sur C33 ou Canal 9 ? Quelle tristesse, quelle peine profonde en me souvenant de ces beaux moments enrichissants que nous offrait le Liban d'antan ! Faut-l se résigner à dire adieu au pays de la culture, de l'hospitalité et de la paix? Je dirais qu'au contraire, la jeunesse libanaise saura remonter la pente, surmonter cette dure épreuve et atteindra de nouveau le sommet du "savoir", du civisme de la cuture! Elle luttera contre l'obscurentisme, l'ignorance et la corruption qui ne cessent d'évoluer actuellement, pour que le Liban renaisse de ses cendres!

Zaarour Beatriz

17 h 54, le 26 mars 2021

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Commentaires (1)

  • Heureux le bon vieux temps où nous avions droit aux émissions de Bernard Pivot "apostrophes ou bouillon de culture sur C33 ou Canal 9 ? Quelle tristesse, quelle peine profonde en me souvenant de ces beaux moments enrichissants que nous offrait le Liban d'antan ! Faut-l se résigner à dire adieu au pays de la culture, de l'hospitalité et de la paix? Je dirais qu'au contraire, la jeunesse libanaise saura remonter la pente, surmonter cette dure épreuve et atteindra de nouveau le sommet du "savoir", du civisme de la cuture! Elle luttera contre l'obscurentisme, l'ignorance et la corruption qui ne cessent d'évoluer actuellement, pour que le Liban renaisse de ses cendres!

    Zaarour Beatriz

    17 h 54, le 26 mars 2021

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