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Culture - Musique

On a retrouvé le pixel perdu

Christina Salibi et Maher Mekhael, le duo du groupe The Missing Pixels, ont sorti leur premier EP « Nowhere to Go » le 19 février dernier. Une musique qui s’inscrit dans le registre indie-folk-électro (musique indépendante).

On a retrouvé le pixel perdu

Christina Salibi et Maher Mekhael, le duo du groupe The Missing Pixels.Photo DR

Ils sont deux. Elle est la chanteuse interprète, il est le musicien et le producteur. « La première fois que nous nous sommes rencontrés, Maher et moi, raconte Christina Salibi, nous avons parlé de travail, et immédiatement, il a été clair que nous portions des regards similaires sur le monde de la musique. Le désir de travailler ensemble s’est présenté comme une évidence. »

Elle

Christina Salibi a 32 ans. Mais il ne faut pas se fier à son minois délicat et à sa silhouette gracile, car derrière cette allure toute en douceur, se dissimule une voix à la facture puissante, cristalline et envoûtante à la fois. Elle fait ses premières armes dans le monde de la publicité et des arts graphiques (2007 à 2010) à l’école de direction artistique et d’architecture intérieure Penninghen, à Paris. Bercée depuis sa tendre enfance par la voix de sa mère, et entraînée par ses sœurs et frères aînés à retenir des tubes français, elle s’invente des mélodies et les interprète. Formée à la variété française, un peu par mimétisme, c’est en découvrant Angus and Julia Stone, Florence and the Machine et Alt-j à Paris qu’elle se forge une nouvelle identité musicale. De retour au Liban, elle décroche une position chez H&C Leo Burnett où elle œuvre sur des campagnes concernant les droits de la femme, mais demeure habitée par ce désir irrépressible de chanter. Elle n’abandonnera pas ce vieux rêve et le feu intérieur qui brûle en elle. Elle rentre en contact avec des amis graphistes et musiciens pour fonder un groupe. « C’était, dit-elle, uniquement des interprétations, et l’on se produisait dans les endroits publics (des bars, des cafés). Le groupe se modifiait sans arrêt suite aux départs de certains et à l’intégration d’autres. » En 2015, elle se lance dans la création avec Dana Fakhoury en décidant d’écrire leurs propres textes. Nowhere To Go commence à voir le jour.

Lui

La trentaine à peine, Maher Mekhael conserve un reste de timidité qui tranche avec la précision de ses propos et la solidité de sa culture musicale. Avec un oncle amateur de oud et un grand-père qui chantait, Maher a été très jeune initié à la musique orientale : « La voix de mon grand-père était une référence au village. Et lorsque nous partions en vacances, les chansons de Feyrouz et de Ziad Rahbani nous tenaient compagnie en voiture. » À l’âge de cinq ans, encouragé par ses parents, il s’essaie au piano, mais un professeur très peu convaincant lui fera très vite abandonner cet instrument. C’était surtout la percussion qui l’attirait ;

« je tambourinais sur tout ce qui me tombait sous la main, des Tupperware aux casseroles ». Il réussit à obtenir une batterie pour ses 14 ans, et jusqu’à l’âge de 22 ans, rejoint divers groupes de musique. À l’aube de ses vingt ans, un triste évènement (sa mère qui décède) le contraint à quitter le Liban pour accomplir des études de musicologie en France. Il étudie l’ingénierie de son, intègre des groupes musicaux, découvre le hard-rock et la musique expérimentale. Maher voit son horizon se déployer, sauf qu’en 2015, avec son frère, il décide de rentrer au pays pour rester auprès de son père. Il réalise des musiques de pub, est engagé comme ingénieur de son pour les festivals de Baalbek et de Zouk, et collabore avec Ibrahim Maalouf et d’autres artistes internationaux.

La pochette de l’album « Nowhere to Go ». Photo DR

Eux deux

En 2016, dans le home studio de Maher, à Beyrouth, le duo travaille sur les chansons déjà entamées quelques années plus tôt. Les influences artistiques fusionnent. Mais la crise économique et la révolution libanaise renvoient Maher en France et le projet au placard.

En avril 2020, c’est la pandémie. Et le confinement s’impose. Le temps semble long, sauf que Christina et Maher en tireront profit pour continuer à travailler malgré la distance afin de finaliser leur EP Nowhere to Go. Les textes n’échappent pas à l’ambivalence des mots, ils s’appliquent autant à des moments de joie qu’à des instants de mélancolie et de nostalgie. L’album est composé de quatre pièces représentant de manière réelle et brute toutes les émotions intenses que la jeunesse traverse.

Non seulement Christina possède cette voix spéciale, mais elle est capable de jouer avec comme d’un instrument. Oui, un instrument, mais pas de la même façon qu’un guitariste d’un « band » qui répète sans cesse les trois mêmes accords. Elle joue de sa voix comme un musicien de son instrument. Elle arrive à en sortir les sons les plus invraisemblables, et le résultat est étonnant. D’ailleurs, elle avoue qu’à l’heure où il a fallu très jeune choisir un instrument, elle n’avait trouvé que sa voix pour s’exprimer.

En tant que multi-instrumentiste et ingénieur du son, Maher s’est occupé de l’enregistrement, du mixage et de la production de l’EP. Toutes les chansons ont été enregistrées et produites principalement dans son home studio. Christina a donné vie aux mélodies vocales, ajouté ses cordes sensibles aux chansons et, forte de son expérience créative, elle a géré l’identité visuelle et la stratégie des médias sociaux de The Missing Pixels. À eux deux, ils créent cette synergie qui fait qu’ ils ne peuvent pas exister l’un sans l’autre. Le pixel manquant était enfin retrouvé.

Ils sont deux. Elle est la chanteuse interprète, il est le musicien et le producteur. « La première fois que nous nous sommes rencontrés, Maher et moi, raconte Christina Salibi, nous avons parlé de travail, et immédiatement, il a été clair que nous portions des regards similaires sur le monde de la musique. Le désir de travailler ensemble s’est présenté comme une...

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