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Dernières Infos - Problèmes fiscaux de Juan Carlos

En exil, Juan Carlos continue de régler ses dettes fiscales et de saper son image

En exil, Juan Carlos continue de régler ses dettes fiscales et de saper son image

Le chef du gouvernement Pedro Sánchez au Congrès des députés à Madrid, le 25 juillet 2019. Photo d'archives OSCAR DEL POZO / AFP

Cerné par les enquêtes et en exil à Abu Dhabi, l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos a réglé au fisc une nouvelle dette de près de 4,4 millions d'euros, une opération destinée à éviter des poursuites judiciaires, mais qui sape encore un peu plus à la fois son image et celle de la monarchie.

Révélé jeudi soir par le quotidien El País et confirmé vendredi par son avocat, ce versement au fisc espagnol a pour but de régulariser les obligations fiscales découlant de vols en jet privé dont l'ancien monarque avait bénéficié et qui avaient été payés par une fondation basée au Liechtenstein et appartenant à l'un de ses cousins.

S'exprimant devant la presse, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a exprimé "de manière catégorique le même sentiment que la majorité des Espagnols, qui est la répulsion" face à ces "conduites inciviques". Mais M. Sánchez, un socialiste, a tenu à souligner que c'était "le comportement d'une personne" qui était ici "en question", pas la monarchie en tant qu'institution. Il a aussi exprimé "tout son soutien" au roi actuel Felipe VI, le fils de Juan Carlos.

Monté sur le trône après l'abdication de Juan Carlos en 2014, Felipe VI a pris ses distances avec son père en renonçant en mars à tout héritage et en lui retirant son indemnité annuelle de près de 200.000 euros.

C'est la deuxième fois que Juan Carlos règle ainsi une dette auprès de l'administration fiscale. En décembre, il avait déjà versé près de 680.000 euros, une régularisation consécutive à une enquête anti-corruption portant sur l'utilisation de cartes de crédit liées à des comptes bancaires aux noms d'un entrepreneur mexicain et d'un officier de l'armée de l'air espagnole.

Dans cette affaire, la justice cherche à déterminer s'il a utilisé des prête-noms pour blanchir de l'argent après 2014, date de la fin de son immunité de chef d'Etat. En reconnaissant avoir soustrait des revenus au fisc, l'ancien monarque tente d'éviter des poursuites. Mais la justice n'a pas encore pris de décision à ce sujet.

Trois enquêtes

Parti en exil en août à Abu Dhabi alors que se multipliaient les soupçons sur l'origine opaque de sa fortune, Juan Carlos, 83 ans, est visé par trois enquêtes.

La principale vise à déterminer si l'ex-roi a empoché une commission dans le cadre de l'attribution à des entreprises espagnoles d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite en 2011.

Au centre de cette affaire figure un virement de 100 millions de dollars que Juan Carlos aurait, selon le journal suisse La Tribune de Genève, reçu en 2008 de l'ancien roi saoudien Abdallah sur un compte en Suisse. Il aurait ensuite transféré 65 millions d'euros à son ex-maîtresse allemande, Corinna Larsen, dans un paradis fiscal. Une autre enquête, ouverte après un rapport du service de prévention du blanchiment de capitaux, porte, selon la presse, sur des sociétés liées à l'ex-roi et situées dans des paradis fiscaux.

"Image encore salie"

Pour la politologue Cristina Monge, de l'université de Saragosse (nord), cette deuxième régularisation "salit encore l'image" de l'ancien roi, dont l'absence a marqué mardi la commémoration officielle du 40e anniversaire du coup d'Etat manqué du 23 février 1981.

Juan Carlos avait alors joué un rôle clé dans l'échec de ce putsch militaire, forgeant son image de "roi de la démocratie", très loin des scandales qui ont entaché la fin de son règne.

Sur un plan plus politique, cette nouvelle affaire dans l'affaire Juan Carlos "peut compliquer les relations du Parti socialiste (au pouvoir) avec Podemos", son partenaire au gouvernement, qui sont actuellement très tendues, estime Cristina Monge. Car elle donne des arguments au discours anti-monarchie de Podemos, parti de gauche radicale, alors que les socialistes défendent eux la monarchie parlementaire.

Par la voix de Gerardo Pisarello, l'un de ses députés, Podemos a dénoncé la "honte que l'ex-roi continue à verser +volontairement+ au fisc des millions qu'il aurait dû déclarer il y a des années", preuve selon lui que la justice lui laisse "grossièrement" bénéficier "d'une impunité".

Cerné par les enquêtes et en exil à Abu Dhabi, l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos a réglé au fisc une nouvelle dette de près de 4,4 millions d'euros, une opération destinée à éviter des poursuites judiciaires, mais qui sape encore un peu plus à la fois son image et celle de la monarchie.Révélé jeudi soir par le quotidien El País et confirmé vendredi par son avocat, ce versement au...