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Monde - Arménie

Nikol Pachinian dans la rue pour dénoncer une tentative de putsch

Le Premier ministre est contesté depuis la défaite face à l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh.

Nikol Pachinian dans la rue pour dénoncer une tentative de putsch

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, mégaphone en main, à la tête d’une manifestation dénonçant une « tentative de coup d’État militaire », hier à Erevan. Stepan Poghosyan/Photolure via Reuters

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a pris hier la tête d’une importante manifestation de ses partisans pour dénoncer une « tentative de coup d’État » militaire et réaffirmer son autorité, affaiblie depuis la défaite de l’Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh.

Plusieurs heures après que l’état-major a réclamé la démission du chef du gouvernement, aucun mouvement de troupes n’était visible dans les rues d’Erevan. Le ministère de la Défense a quant à lui jugé « inacceptable d’entraîner (l’armée) dans des processus politiques », désavouant ainsi le commandement.

Nikol Pachinian a aussi appelé les généraux à se plier aux ordres, s’adressant à quelque 20 000 de ses sympathisants rassemblés place de la République dans la capitale. « L’armée (...) doit obéir au peuple et aux autorités élues », a-t-il dit sous les hourras de la foule, assénant : « Ce sont mes ordres et personne ne peut y désobéir. »

À un kilomètre de là, entre 10 000 et 13 000 manifestants d’opposition appelaient au départ du chef du gouvernement, arrivé au pouvoir au printemps 2018 à l’issue d’une révolution.

Appels au calme

Ils ont prévu de camper sur la place de la Liberté jusqu’à ce qu’ils obtiennent satisfaction, selon des dirigeants de partis d’opposition qui veulent son départ depuis la défaite militaire face à l’Azerbaïdjan dans le conflit de l’automne 2020 au Haut-Karabakh. S’adressant à ses détracteurs, M. Pachinian a appelé au dialogue. « Nous sommes fatigués de cette constante instabilité (...), commençons à nous parler », a-t-il dit, menaçant « d’arrestations » ceux qui iraient « au-delà de déclarations politiques ».

La Russie, allié traditionnel de l’ex-république soviétique du Caucase, s’est dit « préoccupée » par la situation et a appelé « au calme ». La Turquie, ennemi juré de l’Arménie, a dit pour sa part « fermement » condamner la « tentative de putsch » en Arménie.

M. Pachinian avait annoncé plus tôt une « tentative de coup d’État militaire » et pris la tête d’une marche de soutien en réponse à son état-major qui avait réclamé par communiqué son départ pour protester contre le limogeage mercredi d’un gradé.

Le pas décidé, mégaphone en main, le Premier ministre de 45 ans avait qualifié la situation de « tendue » mais « gérable » et limogé le chef d’état-major, Onik Gasparian.

Le principal parti d’opposition, Arménie prospère, a estimé que M. Pachinian avait une « dernière chance » de partir sans « mener le pays vers la guerre civile ».

La puissante Église apostolique arménienne a appelé les forces politiques à des « négociations pour le bien de la patrie et du peuple ».

Mercredi, M. Pachinian avait limogé Tigran Khatchatrian, l’adjoint du chef d’état-major, déclenchant la colère du commandement militaire qui a en retour réclamé sa démission, accusant le Premier ministre « d’attaques destinées à discréditer les forces armées ». Tigran Khatchatrian s’était moqué dans la presse de déclarations de M. Pachinian mettant en cause la fiabilité d’un système d’armement russe, les lance-missiles Iskander, durant le conflit du Karabakh.

Humiliation nationale

Le Premier ministre arménien est depuis des semaines sous la pression de l’opposition et de manifestations récurrentes, à cause de la défaite militaire de l’Arménie face à l’Azerbaïdjan, voisin et adversaire historique.

Jusqu’ici, il avait le soutien de l’état-major. À la fin de la guerre, celui-ci et Nikol Pachinian avaient accepté les conditions d’un cessez-le-feu négocié par le président russe Vladimir Poutine et qui impliquaient d’importantes pertes de territoires sous contrôle arménien depuis les années 1990.

Si l’essentiel de la région séparatiste arménienne du Haut-Karabakh a survécu, l’Arménie a perdu la ville symbolique de Choucha, ainsi qu’un glacis de territoires azerbaïdjanais entourant la région. Cette défaite a été vécue comme une humiliation nationale.

Nikol Pachinian, ancien journaliste et opposant historique passé par la prison, a été porté au pouvoir au printemps 2018 par une révolution en promettant de sortir ce pays du Caucase de la pauvreté et de déraciner une élite corrompue. Selon lui, l’opposition est pilotée par cette classe politique que la rue a justement chassée.

L’Arménie, depuis son indépendance à la chute de l’URSS en 1991, a connu une succession de crises et de révoltes, dont certaines furent meurtrières.

Source : AFP

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a pris hier la tête d’une importante manifestation de ses partisans pour dénoncer une « tentative de coup d’État » militaire et réaffirmer son autorité, affaiblie depuis la défaite de l’Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh.
Plusieurs heures après que l’état-major a réclamé la démission du chef du gouvernement,...

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