La Cour pénale internationale s’est déclarée compétente vendredi pour les faits survenus dans les territoires palestiniens occupés, ce qui pourrait ouvrir la voie à une enquête pour crimes de guerre. Réagissant à cette décision, le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayeh a salué une « victoire pour la justice », tandis que son homologue israélien Benjamin Netanyahu y voyait la preuve que la CPI est un « organe politique ».
La CPI a expliqué dans un communiqué avoir « décidé à la majorité que la juridiction territoriale de la Cour pour la situation en Palestine (qui en est membre depuis 2015) s’étendait aux territoires occupés par Israël depuis 1967 ». Fatou Bensouda, la procureure de ce tribunal international créé en 2002 et qui a son siège à La Haye pour juger les crimes les plus terribles commis sur la planète, lui avait demandé un avis juridique sur ce point. Et ce après avoir annoncé en décembre 2019 vouloir ouvrir une enquête complète sur d’éventuels « crimes de guerre » – sans toutefois désigner leurs auteurs – dans les territoires occupés par Israël. L’État hébreu est quant à lui resté en dehors de la CPI.
La Cour a ajouté qu’avec sa décision, elle « ne statuait pas sur un différend frontalier en droit international ni ne préjugeait de la question de quelconques futures frontières » mais avait eu l’« unique objectif de définir sa juridiction territoriale ». Mme Bensouda, qui doit quitter ses fonctions en juin, souhaite que la CPI prenne le relais d’une enquête préliminaire de cinq ans à la suite de la guerre de 2014 dans la bande de Gaza.
Washington « préoccupé »
Israël a vivement réagi. « Le tribunal a une nouvelle fois prouvé qu’il est un organe politique et pas une institution judiciaire », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué, considérant que, par sa décision, la CPI nuisait au « droit des démocraties à se défendre contre le terrorisme ». « Quand la CPI enquête sur Israël pour de faux crimes de guerre, c’est purement et simplement de l’antisémitisme », a encore affirmé M. Netanyahu dans un communiqué. La CPI « prétend que lorsque Israël, un État démocratique, se défend contre des terroristes qui assassinent nos enfants et envoient des roquettes sur nos villes, nous commettons un crime de guerre », a relevé M. Netanyahu, faisant allusion au conflit de 2014 au cours duquel plusieurs milliers de roquettes ont été tirées depuis Gaza sur Israël. Cette guerre a fait 2 251 morts côté palestinien – en majorité des civils – et 74 du côté israélien, essentiellement des soldats. « La CPI refuse de mener des enquêtes sur des dictatures brutales comme l’Iran et la Syrie qui commettent des atrocités affreuses presque quotidiennement », a critiqué M. Netanyahu.
Les États-Unis se sont dit de leur côté « sérieusement préoccupés par les tentatives de la CPI d’exercer une juridiction sur les militaires israéliens ». « Nous avons toujours adopté la position selon laquelle la juridiction de la Cour devrait être réservée aux pays qui l’acceptent ou qui y sont renvoyés par le Conseil de sécurité de l’ONU », a dit à la presse le porte-parole du département d’État américain, Ned Price.
Israël avait déjà vigoureusement condamné la Cour quand sa procureure avait réclamé une enquête approfondie. Les États-Unis, qui ne sont pas non plus partie aux statuts de la CPI, avaient eu une réaction similaire. Le gouvernement de Donald Trump avait même pris en septembre des sanctions contre Mme Bensouda qui a de son côté demandé à Joe Biden de les lever.
Le Hamas au pouvoir à Gaza a estimé samedi que la décision de la CPI était une « étape importante ». Mais le mouvement islamiste qui règne sur l’enclave palestinienne depuis 2007 a souligné que « l’étape la plus importante était d’accomplir les mesures nécessaires pour traduire les criminels de guerre sionistes devant les tribunaux internationaux et les tenir responsables des crimes qu’ils ont commis ».
« Cette décision (de la CPI) est une victoire pour la justice et l’humanité, pour les valeurs de vérité, d’équité et de liberté, et pour le sang des victimes et de leurs familles », a déclaré de son côté le Premier ministre palestinien Mohammad
Shtayeh, cité par l’agence officielle palestinienne WAFA.
L’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch estime quant à elle qu’il est « grand temps que les auteurs israéliens et palestiniens des plus graves violations » des droits rendent des comptes devant la justice.
Source : AFP
Et voilà, dès qu'on remet en question les agissements d'Israël, on est accusé d'antisémitisme! Il était plus que temps!
16 h 59, le 08 février 2021