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Agenda - Hommage

Lokman Slim, Salim Ayache a encore frappé !

Quand les assassins sont parmi nous et qu’ils nous tendent la main pour mieux nous asservir ou nous immoler, il y a encore des gens très fréquentables à Achrafieh et à Ras Beyrouth, à l’USJ comme à l’AUB, pour célébrer les vertus de la résistance et ses méthodes viriles. Oui, il y a des gens qui dans leur confort intellectuel, ou leur ressentiment, trouvent normal de se prosterner devant les maîtres de l’heure pour mieux les cautionner.

Lokman Slim vient d’être assassiné. Sur les réseaux sociaux, il se trouve des énergumènes pour accuser les services israéliens de provocation, quand ils ne boivent pas du petit lait en s’exclamant : « Kharju, bien fait pour sa gueule. »

Dans sa fortitude d’activiste, notre ami était quelque part suicidaire. Vent debout, il dénonçait les ennemis de sa patrie libanaise, sans se soucier des conséquences de ses réquisitoires. Risques physiques ? Oui, mais aussi intellectuels. Avec le déclenchement du mouvement d’octobre 2019, il n’avait pas hésité à appeler les chrétiens à adopter la laïcité politique. À ses yeux, c’était leur chance ou jamais de sortir de l’impasse où les avait engagés notre système désuet, système où le pouvoir est partagé entre communautés religieuses.

Il appela donc les nasara, dont la présence en Orient arabe se rétrécit comme peau de chagrin, à renoncer à leurs garanties obsolètes pour embrasser un je-ne-sais-quel ordre égalitariste et fumeux. Ainsi, selon lui et par un coup de bâton magique, on désamorcerait nos crises politiques tant la machine est grippée par les clivages confessionnels. Bref, dans sa candeur, il appelait les chrétiens à se soumettre à la loi du nombre, cette loi même qui vient de l’abattre.

Que dire en cet instant ? Car au-delà de l’assassinat de Lokman, il est une question lancinante : comment voulez-vous constituer un pays avec un groupe compact qui se félicite de l’exécution d’un homme libre ? Comment les contestataires du 17 octobre peuvent-ils se retrouver autour d’un projet politique avec ceux qui se réjouissent de la liquidation d’un esprit indépendant et généreux ?

Cher disparu, dans un climat pareil, qui vous a condamné à mort bien avant que de vous exécuter, on ne peut constituer un État laïc. On peut tout au plus tracer des lignes de démarcation entre protagonistes et ériger des places fortes par mesure de sécurité.

Pour le reste, nous dirons : remember Gebran, remember Lokman. On ne traite pas avec Salim Ayache, on ne traite pas avec des truands.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Quand les assassins sont parmi nous et qu’ils nous tendent la main pour mieux nous asservir ou nous immoler, il y a encore des gens très fréquentables à Achrafieh et à Ras Beyrouth, à l’USJ comme à l’AUB, pour célébrer les vertus de la résistance et ses méthodes viriles. Oui, il y a des gens qui dans leur confort intellectuel, ou leur ressentiment, trouvent normal de se prosterner...