À peine la triste nouvelle de l’assassinat de Lokman Slim était-elle tombée le matin que les réseaux sociaux se sont enflammés, mettant surtout en relief les divisions au sein de la communauté chiite autour du rôle du Hezbollah.
Certains internautes n’ont pas hésité à mettre en cause directement la formation pro-iranienne dans ce crime, compte tenu de l’opposition de l’activiste à sa politique et à son idéologie. D’autres se sont déchaînés contre « le parti pris pro-américain » de l’activiste, qui aurait selon eux « causé sa perte », encouragés en cela par un tweet de Jawad Nasrallah, fils du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. « La perte de certains est en fait un gain et une douceur inattendue » a-t-il écrit, en associant son tweet du hashtag « Sans regret ». Il devait ainsi donner le « la ».
Jawad Nasrallah devait cependant effacer son tweet un peu plus tard, en annonçant qu’il a décidé « exprès de supprimer ce commentaire que certains ont voulu interpréter à leur guise ». Il s’est défendu en expliquant qu’il l’a écrit « indépendamment de toute information ou événement ». « C’était en rapport avec quelque chose de personnel. Je le supprime pour éviter les malentendus et empêcher certains haineux réputés pour leur approche superficielle des événements de l’exploiter », a-t-il écrit.
Mais le mal était déjà fait, d’autant que la justification du fils de Hassan Nasrallah n’était pas convaincante. Et pour cause : c’était une réponse directe à un partisan du Hezbollah qui critiquait ceux qui ont accusé son parti d’avoir été l’instigateur du crime.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher pour ainsi dire une guerre des tweets qui a surtout mis en exergue, dans un langage pas toujours châtié, les divisions au sein de la communauté chiite autour du rôle et de la politique du Hezbollah. Pour les uns, « il s’agit de tueurs qui obéissent au doigt et à l’œil à l’Iran, au Liban ou en Irak ». Pour d’autres, il s’agit d’un « rempart face aux agents d’une politique américano-sioniste qui tend à assujettir le monde arabe au profit d’Israël ».
Parmi les pro-Hezbollah, certains ont repris un article du quotidien al-Akhbar, dans lequel il est dit que « les États-Unis n’ont plus besoin des services de Lokman Slim », pour défendre la thèse selon laquelle « ce sont les Américains qui, après avoir lâché ce dernier, ont fini par le liquider ».
Tout cela, avant que le Hezbollah ne fasse paraître en soirée un communiqué dans lequel il dénonce l’assassinat de Lokman Slim et demande aux autorités judiciaires et sécuritaires d’« identifier rapidement les assassins et de lutter contre les crimes itinérants au Liban et leur exploitation politique et médiatique au détriment de la stabilité et de la sécurité ».
commentaires (10)
Les assassinas ont commencé comme autant de Harriri , Samir Kassir , Tueni etc. Les assassins sont connus , Hezbollah , Syrie et Iran
Eleni Caridopoulou
17 h 40, le 05 février 2021