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Monde - Afghanistan

Deux femmes juges assassinées à Kaboul

Le pays a été le théâtre ces derniers mois d’une série d’attaques ciblées de personnalités.

Deux femmes juges assassinées à Kaboul

Un homme nettoie l’endroit où ont été assassinées hier deux juges à Kaboul. Wakil Kohsar/AFP

Deux femmes juges travaillant pour la Cour suprême afghane ont été tuées par balles à Kaboul hier, dernières victimes en date d’une série d’assassinats ciblés qui touchent depuis quelques mois des figures de la société civile. Le meurtre n’a pas été revendiqué, mais le président afghan Ashraf Ghani et le chargé d’affaires américain à Kaboul Ross Wilson ont accusé les talibans.

« Malheureusement, nous avons perdu deux femmes juges dans l’attaque d’aujourd’hui. Leur chauffeur est blessé », a déclaré Ahmad Fahim Qaweem, porte-parole de l’institution.

Les deux femmes se rendaient sur leur lieu de travail dans leur véhicule quand elles ont été attaquées par des hommes armés, a précisé M. Qaweem. Plus de 200 femmes juges travaillent pour la Cour suprême, a-t-il ajouté. L’institution avait déjà été la cible en 2017 d’un attentat-suicide visant une foule d’employés qui avait fait au moins 20 morts et 41 blessés. M. Wilson a imputé l’attaque de dimanche aux insurgés et appelé à une enquête. « Les talibans doivent comprendre que ce type d’actions, dont ils sont responsables, scandalisent le monde et doivent cesser pour que la paix arrive », a-t-il écrit sur Twitter.

Violence et pourparlers

La violence n’a en effet fait qu’augmenter à travers le pays ces derniers mois, malgré les pourparlers de paix en cours au Qatar depuis septembre entre Kaboul et les talibans. L’attaque de dimanche est intervenue quelques heures après une réunion entre la délégation talibane, l’envoyé spécial de Washington sur le conflit, Zalmay Khalilzad, et le général Scott Miller, commandant des forces américaines dans le pays, selon un tweet du porte-parole des insurgés Mohammad Naeem. Les insurgés ont demandé à être retirés de la liste noire du Conseil de sécurité de l’ONU et ont réitéré leur demande pour la libération des derniers prisonniers talibans, a écrit M. Naeem. Kaboul a déjà été obligé de libérer 5 000 captifs insurgés, dont de dangereux criminels, dans le cadre de l’accord américano-taliban signé en 2020.

Le président afghan a quant à lui accusé les talibans de mener « une guerre illégitime ». « La violence, la terreur, la brutalité et les crimes (...) vont seulement prolonger la guerre », a-t-il déclaré dans un communiqué hier.

Massacre systématique

La chef de la Commission indépendante des droits humains en Afghanistan, Shaharzad Akbar, a condamné l’attaque sur Twitter. « L’Afghanistan est en train de perdre un de ses gains les plus importants, ses cadres professionnels et éduqués dans ce qui ressemble à un massacre systématique, et le monde semble se contenter d’observer », a-t-elle déploré.

L’incident de dimanche a également généré un rare communiqué de l’ambassade de Chine à Kaboul offrant ses condoléances aux familles des victimes.

L’Afghanistan a été le théâtre ces derniers mois d’une série d’assassinats ciblés de personnalités, dont des membres des médias, hommes politiques et défenseurs des droits humains. De nombreux journalistes et activistes, inquiets pour leur sécurité, ont fui le pays.

Ces meurtres sont rarement revendiqués, mais les autorités afghanes accusent les talibans, même si l’organisation État islamique en a revendiqué certains.

L’armée américaine a imputé aux insurgés pour la première fois la semaine dernière la responsabilité d’attaques ciblées. « La campagne talibane d’attaques et de meurtres non revendiqués ciblant des responsables gouvernementaux, des leaders de la société civile et des journalistes doit (...) cesser pour que la paix puisse prévaloir », a écrit sur Twitter le porte-parole des forces américaines en Afghanistan, le colonel Sonny

Leggett.

Départ américain

Le double assassinat de dimanche intervient deux jours après l’annonce par Washington d’une récente réduction des forces américaines en Afghanistan à 2 500 hommes, chiffre le plus bas depuis les attentats du 11 septembre.

En février dernier, Washington a signé un accord avec les talibans qui entérine un retrait complet des troupes américaines d’ici à mai 2021 en échange de garanties sécuritaires. Depuis, les insurgés attaquent les forces afghanes quasi quotidiennement dans les campagnes. En 2020, ils ont perpétré plus de 18 000 attaques, a affirmé la semaine dernière le chef des renseignements afghans, Ahmad Zia Siraj.

À Doha, les négociations interafghanes n’avancent que très lentement, et les deux camps tentent à présent de s’accorder sur l’agenda des discussions.

Source : AFP

Deux femmes juges travaillant pour la Cour suprême afghane ont été tuées par balles à Kaboul hier, dernières victimes en date d’une série d’assassinats ciblés qui touchent depuis quelques mois des figures de la société civile. Le meurtre n’a pas été revendiqué, mais le président afghan Ashraf Ghani et le chargé d’affaires américain à Kaboul Ross Wilson ont accusé les...

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