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Lifestyle - Disparition

Anne Sylvestre, chanteuse pour enfants... et féministe

Cette artiste très populaire dans les années 1960 et 1970 est décédée à l’âge de 86 ans.

Anne Sylvestre, chanteuse pour enfants... et féministe

Anne Sylvestre au festival musical « Le printemps de Bourges », le 26 avril 2014. Guillaume Souvant/AFP

La chanteuse Anne Sylvestre, aux œuvres féministes souvent restées dans l’ombre du succès de ses contes musicaux pour enfants, est décédée lundi à l’âge de 86 ans, « des suites d’un AVC », a indiqué hier Sébastien d’Assigny, son attaché de presse historique. Connue principalement pour ses « fabulettes » pour enfants – qui lui valent d’avoir laissé son nom à des écoles –, l’artiste, de son vrai nom Anne-Marie Thérèse Beugras, compte dans son répertoire des chansons plus engagées, comme Non, tu n’as pas de nom (1973), sur l’avortement, deux ans avant la loi Veil. Elle avait interprété aussi Lazare et Cécile, Écrire pour ne pas mourir ou encore Mon mari est parti.

Le « Brassens en jupons »

La chanteuse, qui avait débuté dans un cabaret de la rive gauche à Paris à l’âge de 23 ans, incarnait une chanson à texte, intelligente, faisant fi des modes, dans le sillage de Georges Brassens. Elle fut d’ailleurs surnommée le « Georges Brassens en jupons ». Remarquée en 1959 avec Mon mari est parti, chanson sur la guerre durant ce qu’on appelle les « événements » en Algérie, elle a travaillé jusqu’à la fin : une tournée était prévue en 2021 pour son spectacle Nouveaux Manèges, avec notamment quatre dates à La Cigale en janvier prochain.

Très populaire dans les années 1960-1970, Anne Sylvestre, née à Lyon le 20 juin 1934, est connue à la fois pour ses comptines pour enfants, les « fabulettes », et ses chansons pour adultes imprégnées de ses nombreux combats. Elle fut l’une des premières femmes de la chanson française à écrire ses propres textes. « J’ai toujours pris soin de mes mots, je me suis toujours efforcée d’écrire bien », expliquait-elle à France Info en 2012. Avec ses « fabulettes », des comptines tendres et drôles, dont les premières sont parues au début des années 1960, Anne Sylvestre a accompagné plusieurs générations d’enfants. « J’ai l’impression d’avoir été un peu le doudou de pas mal d’enfants. Je suis très fière de ça parce que j’ai su leur donner une matière, des notions », soulignait-elle. Mais les enfants n’ont jamais eu l’occasion de voir en concert ses Douze petits cochons, Confiture ou cornichon ou Sureau sureau, car elle réservait ses « fabulettes » au studio.

Anne Sylvestre sur scène, le 4 novembre 2003. Stéphane de Sakutin/AFP

Visionnaire

Dans ses chansons pour adultes, elle livrait ses engagements avec des textes ciselés et pouvait être cinglante. Pendant toute sa carrière, elle s’intéressa à la condition des femmes, revendiquant le terme de chanteuse « féministe », qui fut parfois lourd à porter : « Je suppose que ça m’a freinée dans ma carrière parce que j’étais l’emmerdeuse de service, mais ma foi, si c’était le prix à payer... » Cependant, toutes les injustices, qu’il s’agisse d’homophobie ou de racisme, lui hérissaient également le poil.

Visionnaire, elle a souvent devancé ou accompagné les grands débats de société. Ainsi, avec Non, tu n’as pas de nom (1974), une chanson sur le choix d’avorter parue un an avant l’adoption de la loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse, dans laquelle elle déculpabilisait les femmes : « Depuis si longtemps, je t’aime/Mais je te veux sans problème/Aujourd’hui, je te refuse/Qui sont-ils ceux qui m’accusent ? »

Elle précédait aussi les débats sur le mariage homosexuel avec Gay marions-nous (2007), dans laquelle elle chantait avec une ironie mordante : « Gay gay, marions-nous/Grimpez donc sur mes genoux/C’est la première étape/Ça va pas plaire au pape. » En 2013, elle sortait une chanson coup de poing inspirée de l’affaire Strauss-Kahn, Juste une femme : « Quoi, il est pas un assassin/Il veut simplement apprécier/C’que la nature met sous son nez (...) Il y peut rien si ça l’excite/Et qu’est-ce qu’elle a cette hypocrite/Elle devrait se sentir flattée/Qu’on s’intéresse à sa beauté. »

Source : AFP

La chanteuse Anne Sylvestre, aux œuvres féministes souvent restées dans l’ombre du succès de ses contes musicaux pour enfants, est décédée lundi à l’âge de 86 ans, « des suites d’un AVC », a indiqué hier Sébastien d’Assigny, son attaché de presse historique. Connue principalement pour ses « fabulettes » pour enfants – qui lui valent d’avoir laissé...

commentaires (1)

Anne Sylvestre est tout simplement l’une des grandes dames de la chanson française. Auteure, compositrice, interprète mais avant tout poète. Une belle âme humaine éprise de justice et critiquant souvent l’hypocrisie de son époque. Comment ne pas aimer Anne Sylvestre, amoureuse des mots, lorsqu’on aime la langue française et la poésie? Poète de l’émotion avant toute chose. Je vous aimerai toujours Anne. «Je cherche un mur pour pleurer Ah ha ha Ah ha ‘M Je cherche un mur pour pleurer Ah ha ha Ah ha On mélange les accidents, les princesses et leurs prétendants On ne dit plus rien lorsque des enfants ont faim Mais on ouvre sa bourse pour sauver des chiens On est toutou, toutou on a bon cœur, c'est tout, c'est tout»

Hippolyte

11 h 41, le 02 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Anne Sylvestre est tout simplement l’une des grandes dames de la chanson française. Auteure, compositrice, interprète mais avant tout poète. Une belle âme humaine éprise de justice et critiquant souvent l’hypocrisie de son époque. Comment ne pas aimer Anne Sylvestre, amoureuse des mots, lorsqu’on aime la langue française et la poésie? Poète de l’émotion avant toute chose. Je vous aimerai toujours Anne. «Je cherche un mur pour pleurer Ah ha ha Ah ha ‘M Je cherche un mur pour pleurer Ah ha ha Ah ha On mélange les accidents, les princesses et leurs prétendants On ne dit plus rien lorsque des enfants ont faim Mais on ouvre sa bourse pour sauver des chiens On est toutou, toutou on a bon cœur, c'est tout, c'est tout»

    Hippolyte

    11 h 41, le 02 décembre 2020

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