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Culture - Entretien

Selim Saab : J’ai filmé cette révolte comme je l’ai vécue

Quatre questions à un rappeur devenu documentariste qui a archivé les moments historiques de la thaoura.

Selim Saab : J’ai filmé cette révolte comme je l’ai vécue

« J’ai commencé à filmer mes amis graffeurs qui taguaient, ainsi que des fresques et slogans sur la révolte », explique Selim Saab. Photo DR

Du hip-hop aux films, un parcours panaché. Comment Selim Saab le rappeur en est-il arrivé à faire des films ?

C’est vrai, j’ai commencé par le rap sous le pseudonyme Royal S. au milieu des années 90. J’ai sorti trois albums depuis (Speed Zone en 2004, Attitude identitaire en 2006 et Street Zone en 2008). En parallèle, j’écrivais pour la presse hip-hop en France. En 2010, j’ai commencé à faire de la radio sur Aligre Fm 93.1, une radio parisienne où j’animais l’émission Old School New School. Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs. De plus, depuis 2013, j’ai une émission sur les cultures urbaines dans le monde arabe sur Radio Monte-Carlo Doualiya. Comme je touchais à tous les aspects du journalisme, je me suis intéressé par la suite à l’image. En 2013, j’ai donc acheté un appareil numérique Canon 650D et je me suis mis à filmer un peu de tout. Des concerts, des graffeurs dans la rue etc... En 2016, j’ai tourné mon premier documentaire, Beyrouth Street Hip Hop, sur la culture hip-hop au Liban qui est sorti en 2017. Il a été suivi par Forte en 2018, un documentaire sur les femmes arabes dans la culture urbaine. Et aujourd’hui, j’ai réalisé Le Cèdre d’octobre sur la révolution qui a commencé le 17 octobre 2019.


Dès les premiers jours de la thaoura, Selim Saab a pris sa caméra et est descendu dans la rue pour filmer. Photo DR


Pourquoi ce film maintenant ? Est-ce comme un point final à la thaoura ?

J’ai commencé à tourner dès les premiers jours de la révolte d’octobre 2019 jusqu’en janvier 2020. Si j’ai décidé de le sortir maintenant, c’est pour marquer l’anniversaire de la thaoura. Il est intéressant, un an après le début du mouvement, de montrer la genèse de cette révolte. Ce n’est pas un point final. Je pense que la thaoura est toujours présente même si le mouvement s’est estompé. L’idée que les Libanais soient prêts à descendre dans la rue pour réclamer leurs droits, plus de justice sociale et la fin de ce système corrompu n’est pas morte.

Comment avez-vous filmé et participé à la thaoura ? Avez-vous fait beaucoup de prises de vue que vous avez élaguées par la suite ?

Tout naturellement, j’ai pris ma caméra et je suis descendu filmer dans la rue. En fait, à la mi-octobre (un peu avant la révolte), je m’étais rendu au Liban quelques semaines pour voir la famille et les ami(e)s. Le 17 octobre, quand la révolte a éclaté, je suis descendu pour participer aux manifestations et soutenir le peuple. Je ne pensais même pas filmer. Mais quelques jours plus tard, vu que j’avais toujours mon matériel sur moi, j’ai décidé de filmer mais sans aucune intention d’en faire un documentaire. Juste filmer pour avoir des archives de ce moment historique. Ensuite, j’ai commencé à filmer mes amis graffeurs qui taguaient, ainsi que des fresques et slogans sur la révolte. Alors je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire un documentaire sur le rôle des artistes pendant cette révolte. Mais au fil des jours et des rencontres, j’ai décidé de filmer les autres acteurs du soulèvement. Les militants, la presse alternative, les manifestants... J’ai filmé cette révolte comme je l’ai vécue. J’ai capturé le moment présent tout en ayant une trame, un fil conducteur et un côté artistique et cinématographique aussi. Et j’ai filmé les lieux les plus actifs comme la place Riad el-Solh, la place des Martyrs, le Ring, devant la Banque centrale, Tripoli... J’étais venu au Liban pour quelques semaines, j’y suis resté un peu plus de trois mois...

Concernant le tournage, que ce soit pour Le Cèdre d’octobre ou mes deux précédents documentaires, je filme tout moi-même. Sans équipe. Je suis un autodidacte et j’aime ce côté « do it yourself ». C’est l’héritage de la culture hip-hop. Savoir être créatif, même si on n’a pas de budget ou une équipe de 15 personnes derrière soi. Donc oui, j’ai tout filmé seul. Et le montage s’est fait avec un ami à Paris.

À quel public est destiné ce film ? Et pensez-vous le soumettre à un festival quelconque ?

J’aimerais qu’il soit vu par un maximum de personnes. C’est un moment historique pour le Liban et c’est important pour moi qu’il soit vu par les Libanais évidemment, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à ce pays et aux mouvements de contestation de manière générale. Il sera effectivement projeté dans le cadre de festivals (le prochain en date étant le Festival du monde arabe à Montréal) mais aussi dans des cinés-clubs ou des centres culturels. Malheureusement, avec la crise sanitaire, beaucoup d’événements sont annulés. Mais je vais le défendre jusqu’au bout.

Du hip-hop aux films, un parcours panaché. Comment Selim Saab le rappeur en est-il arrivé à faire des films ? C’est vrai, j’ai commencé par le rap sous le pseudonyme Royal S. au milieu des années 90. J’ai sorti trois albums depuis (Speed Zone en 2004, Attitude identitaire en 2006 et Street Zone en 2008). En parallèle, j’écrivais pour la presse hip-hop en France. En 2010, j’ai...

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