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Monde - Diplomatie

Entre Trump et les Européens, quatre ans de désamour

Entre Trump et les Européens, quatre ans de désamour

Le président Donald Trump lors d’une rencontre électorale à Carson City au Nevada, le 18 octobre 2020. Mandel Ngan/AFP

La relation transatlantique « moribonde » peut-elle être sauvée ? Les algarades avec les Européens qui ont ponctué la présidence de Donald Trump ont creusé un fossé difficile à combler, quel que soit le résultat de l’élection américaine, estiment les analystes.

Pour l’Allemagne, cible favorite du président américain, le mandat s’achève comme il avait commencé : par une rafale d’attaques du dirigeant contre ce pays jugé « mauvais payeur », qui prendrait les États-Unis pour un « pigeon ».

C’est par ces termes peu flatteurs que Donald Trump a justifié cet été sa décision de retirer près de 12 000 militaires américains d’Allemagne.

Traditionnellement l’un des alliés les plus proches de Washington sur le Vieux Continent, Berlin s’est habitué à être le punching-ball du locataire de la Maison-Blanche.

Dédain

Avant même sa prise de fonction, Donald Trump s’en était pris sans retenue à l’Allemagne et à Angela Merkel, sa politique migratoire généreuse, son excédent commercial et, déjà, ses dépenses militaires jugées insuffisantes.

Au-delà de l’Allemagne, c’est le dialogue avec l’ensemble de l’Union européenne qui n’a cessé de se dégrader. « La relation transatlantique est quasiment moribonde », décrit Sudha David-Wilp, du cercle de réflexion German Marshall Fund of the United States. « Le président républicain affiche ouvertement son dédain pour l’UE – jamais un président américain n’avait qualifié l’UE d’adversaire », observe l’analyste.

La liste des tweets, des discours et des décisions qui ont suscité la colère des Européens est longue : critiques contre l’OTAN, retrait de l’accord de Paris sur le climat, dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien, guerres commerciales avec menace de taxes tous azimuts, soutien au Brexit...

Avec Berlin, les points de discorde ne sont pas uniquement politiques : le courant n’est jamais passé entre Donald Trump et Angela Merkel, une « femme forte » qui désarçonne le président, souligne Bruce Stokes, chercheur associé au groupe de réflexion Chatham House. La chancelière n’a jamais tenté le registre complice avec le président américain, à la différence d’autres dirigeants comme le Français Emmanuel Macron, note la chercheuse Sudha David-Wilp.

La défiance qui s’est installée entre l’Europe et les États-Unis laissera des traces, notent de nombreux observateurs. Jamais l’image de l’Amérique n’avait été si mauvaise, selon un sondage de l’institut Pew Research Center : en Grande-Bretagne, malgré la relation spéciale avec les États-Unis, seuls 41 % des sondés – la pire valeur jamais enregistrée – ont une opinion positive des États-Unis ; en France, c’est encore dix points de moins et en Allemagne, seuls 26 % évaluent positivement le pays.

Verre à moitié plein ?

« L’élection présidentielle montrera si “l’effet Trump” en termes de politique antilibérale et protectionniste est un phénomène passager ou une tendance plus profonde dans la politique américaine », écrit dans une note la Fondation Robert Schumann, basée à Bruxelles.

Une victoire de Joe Biden ne changerait que partiellement la donne : le démocrate est certes conscient de « la nécessité de revitaliser la relation avec les alliés » mais il sera d’abord accaparé par les nombreux défis à relever sur le sol américain, à commencer par la lutte contre l’épidémie de coronavirus, note Mme David-Wilp.

Il n’y aura « pas de retour » à la situation ex-ante, prédit Bruce Stokes, qui entrevoit cependant la possibilité de « définir une nouvelle relation » entre Washington et Bruxelles.

Mais « pour de nombreux Allemands, les États-Unis resteront un allié considéré avec beaucoup de scepticisme », estime le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, sans se risquer à pronostiquer « si et quand » renaîtra le sentiment d’une « communauté de valeurs ».

Si Donald Trump, pour l’instant devancé dans les sondages, l’emportait, l’Europe saura au moins à quoi s’attendre. L’effet de surprise ne jouera plus comme en 2016. « Si on veut voir le verre à moitié plein, la présidence Trump pourrait avoir accéléré l’unité des Européens », obligés de serrer les rangs, observe Bruce Stokes. Et même sous un second mandat Trump, il reste « possible » pour les États-Unis et l’UE de former un front uni quand c’est dans leur propre intérêt, estime le chercheur.

C’est le cas face aux défis posés par Pékin. « L’Europe et les USA doivent se serrer les coudes pour affronter l’énorme défi que constitue la Chine », avait plaidé Peter Beyer, responsable allemand des relations transatlantiques.

Michelle FITZPATRICK/AFP

La relation transatlantique « moribonde » peut-elle être sauvée ? Les algarades avec les Européens qui ont ponctué la présidence de Donald Trump ont creusé un fossé difficile à combler, quel que soit le résultat de l’élection américaine, estiment les analystes.Pour l’Allemagne, cible favorite du président américain, le mandat s’achève comme il avait...

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