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Dernières Infos - Explosions de Beyrouth

Les familles des pompiers réclament que l'immunité de tous les responsables soit levée


Les familles des pompiers réclament que l'immunité de tous les responsables soit levée

Les photos de pompiers libanais décédés lors de la double explosion de Beyrouth, flottant au-dessus d'une rue de la capitale libanaise, le 28 septembre 2020. Photo AFP / ANWAR AMRO

Les familles des dix pompiers qui avaient été déployés le 4 août dans le port de Beyrouth, quelques minutes avant la double explosion meurtrière qui leur a coûté la vie, ont réclamé lundi la levée de l'immunité judiciaire de tous les responsables impliqués dans cette catastrophe ainsi que des informations sur le suivi de l'enquête en cours, menaçant d'une "escalade" si leurs revendications n'étaient pas entendues.

Le sort de ces dix soldats du feu, Ralph Mallahi, Rami Kaaki, Elie Khouzami, Charbel Hitti, Joe Noun, Nagib Hitti, Sahar Farès, Michel Hawa, Joe Bou Saab et Charbel Karam, avait choqué l'opinion publique après les explosions. Les dépouilles de certains d'entre eux avaient été retrouvées plus de quinze jours après la double explosion, qui a fait 195 victimes, 6.500 blessés et dévasté des quartiers entiers de Beyrouth, dans un bilan toujours provisoire.

Lors d'une conférence de presse au Club de la presse, à Beyrouth, les proches des pompiers ont appelé les autorités à "accélérer" l'enquête sur les causes et responsabilités de la catastrophe du 4 août, "afin que la vérité soit mise au jour sur ce qu'il s'est passé dans le port et sur les négligences" des responsables. Prenant la parole au nom des proches des victimes, Antonella Hitti,  la sœur de Nagib Hitti, 27 ans, et cousine de Charbel Hitti, 22 ans, décédés dans l'explosion, a réclamé la tenue d'"une séance parlementaire urgente au cours de laquelle sera levée l'immunité de tous les députés et ministres" qui pourraient être impliqués, demandant à ce que "tous les ministres concernés en poste depuis 2014" fassent l'objet d'une enquête. Elle a encore indiqué que les familles avaient demandé à rencontrer la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, le juge d’instruction et procureur général près la Cour de justice, Fadi Sawan, en charge de l’enquête sur la double déflagration, et le procureur général près la cour de cassation, Ghassan Oueidate. Antonella Hitti a également appelé à ce que le suivi des enquêtes soit rendu public, et notamment les rapports établis par les équipes internationales, comme celle du Federal Bureau of Investigation (FBI) américain. "Nous demandons une enquête internationale", a-t-elle encore réclamé. 

Journée de deuil national
"Nous demandons encore à ce que le 4 août soit décrété jour de deuil national", a lancé la jeune fille, qui s'est interrogée, à l'instar de tous les proches des soldats du feu décédés, pourquoi les pompiers du port n'ont pas été eux-mêmes déployés sur les lieux de l'incendie qui s'était déclaré dans le hangar 12, qui contenait notamment 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, et pourquoi la présence de ces produits ne leur avait pas été précisée avant leur arrivée sur les lieux. "Pourquoi la plupart des responsables du port ont-ils quitté les lieux peu après le début de l'incendie ?", s'est interrogée de son côté une proche de Rami Kaaki. 

Face à toutes ces interrogations et revendications, les proches des pompiers ont affirmé qu'ils allaient avoir recours à l'escalade de leur mouvement si aucune réponse ne leur était apportée par les autorités. "Nous ne permettrons pas que la corruption piétine nos droits et nous ne capitulerons pas", a lancé Mme Hitti. 

Depuis le début de son enquête, le juge Sawan a lancé plus de 25 mandats d’arrêt, entre autres contre des employés et responsables du port, dont son ancien directeur général Hassan Koraytem, le directeur général des douanes Badri Daher, le directeur général des transports maritimes et terrestres Abdel Hafiz el-Kaïssi et quatre officiers. La semaine dernière, il a également lancé deux mandats d'arrêt contre le propriétaire et le capitaine, de nationalité russe, du navire Rhosus. C'est à bord de ce bateau que se trouvaient initialement les 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium qui, selon les explications des autorités libanaises, ont explosé dans le port après avoir été entreposées sans précautions dans le hangar numéro 12. De nombreux responsables, notamment les anciens ministres des Travaux publics et de la Justice, ainsi que les chefs des institutions sécuritaires et des juges, ont été entendus par Fadi Sawan comme témoins.

Les familles des dix pompiers qui avaient été déployés le 4 août dans le port de Beyrouth, quelques minutes avant la double explosion meurtrière qui leur a coûté la vie, ont réclamé lundi la levée de l'immunité judiciaire de tous les responsables impliqués dans cette catastrophe ainsi que des informations sur le suivi de l'enquête en cours, menaçant d'une "escalade" si leurs...