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Culture - Livres

La Librairie Antoine se lance dans l’édition spécifique pour le Liban

Le dernier roman de Diane Mazloum a déjà bénéficié de l’accord Antoine-Hachette d’impression locale, tout comme les ouvrages à paraître de Carlos Ghosn et d’Amin Maalouf.

La Librairie Antoine se lance dans l’édition spécifique pour le Liban

Émile Tyan : « Je comprends parfaitement que les lecteurs soient parfois choqués par les prix des bouquins en livres libanaises. Même si nous sommes les premières victimes de ce cycle inflationniste. » Photo Michel Sayegh

Quand les piles de bouquins sur les étalages des libraires ne bougent pas d’un iota durant plusieurs semaines d’affilées, quand les exclamations de surprise des clients fusent, à la caisse, à l’annonce du prix du roman qu’ils ont choisi, il y a danger en la demeure… des libraires et importateurs de livres étrangers. Il faut donc réagir. C’est ce qu’a fait Émile Tyan en se lançant dans l’édition spécifique pour le Liban. Conscient du fait que le prix du livre importé est devenu hors de portée pour une large tranche de la population libanaise, le directeur général adjoint de la Librairie Antoine et PDG de Hachette-Antoine a initié un accord particulier entre le groupe Hachette (qui regroupe 250 maisons d’édition francophones et anglophones) et l’établissement qu’il dirige. « Il s’agit d’une impression locale, à l’identique, de certains ouvrages, romans et essais, édités par le grand groupe français que l’on pourra ainsi proposer à un prix plus accessible au portefeuille des Libanais dont les revenus sont, majoritairement, restés en monnaie locale », indique-t-il.

Premier roman à avoir bénéficié de cet accord, et donc du label Librairie Antoine, Une piscine dans le désert de Diane Mazloum. Sorti quasi simultanément à Beyrouth et à Paris (éditions JC Lattès), il est déjà disponible dans les différentes branches de la Librairie Antoine au prix de 75 000 LL pour l’édition locale, au lieu des 190 000 LL qu’aurait affiché sa version importée. Il sera très prochainement suivi du livre de Carlos Ghosn, qui devrait sortir incessamment, et enfin du dernier ouvrage d’Amin Maalouf.

Des plumes françaises aussi…

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le choix de ces trois premières impressions locales, cette opération n’est pas exclusivement destinée aux écrivains libanais francophones, mais vise aussi des plumes françaises qui ont un fort potentiel à intéresser le lecteur libanais.

« À chaque fois qu’on aura l’occasion de baisser le prix, on le fera. On le doit à nos clients, dont je comprends parfaitement qu’ils soient parfois choqués par les prix des bouquins en livres libanaises. Nous sommes aussi choqués qu’eux car nous sommes les premières victimes de ce cycle inflationniste », assure Émile Tyan. Et d’expliquer que « si chez l’éditeur français, le prix n’a pas bougé, il y a plusieurs facteurs qui jouent contre nous. En premier, le problème de la dévaluation de la livre libanaise, auquel est venu se greffer, ces derniers mois, l’importante augmentation du coût du transport, dû à la perturbation du trafic aérien par le Covid-19 – la réduction du nombre d’avions de fret causée par la pandémie entraînant un alourdissement de 50 % des tarifs exigés par les compagnies d’aviation. De plus, comme nous importons moins, nous avons moins de volume et, par conséquent, le dédouanement revient plus cher. Cette accumulation de surcoûts se répercutant sur le prix du livre, il fallait trouver des solutions. La plus adaptée à la situation du moment nous a semblé être l’impression locale que nous confie, pour l’instant, le groupe Hachette et que l’on espère pouvoir élargir aux différents groupes français ».

« On se bat pour garder le livre abordable »

En lançant cette formule d’« édition spécifique pour le Liban » – « qui n’est pas une coédition, mais une impression à l’identique », précise Émile Tyan –, la Librairie Antoine se bat pour maintenir le marché du livre, « qui représente l’une des richesses culturelles du Liban ». Un marché qui a enregistré cette dernière année une régression de l’ordre de 50 à 60 %.

« On se bat pour faire des opérations spéciales qui gardent le prix du livre dans les limites de l’abordable. On se bat pour préserver une offre éditoriale acceptable pour le lecteur libanais. Évidemment, elle ne sera pas aussi riche qu’avant. Certains y verront une réduction de l’offre culturelle. Mais nous sommes dans une période de rétrécissement de tout et les produits culturels importés n’y échappent malheureusement pas. D’ailleurs, nous ne sommes pas sûrs que ce que l’on propose ici, à savoir l’impression locale, ne soit pas perdante d’un point de vue purement financier. Mais nous faisons notre part du job, car nous voulons à tout prix préserver cet écosystème multiculturel qui fait la singularité du pays. C’est notre obsession absolue, notre mission même », martèle, en conclusion, le directeur général adjoint de la Librairie Antoine et initiateur de ce projet. Lequel ne manquera pas de rappeler, aux moins jeunes, certaines coéditions élaborées dans les années 1980. À la guerre comme à la guerre…

Quand les piles de bouquins sur les étalages des libraires ne bougent pas d’un iota durant plusieurs semaines d’affilées, quand les exclamations de surprise des clients fusent, à la caisse, à l’annonce du prix du roman qu’ils ont choisi, il y a danger en la demeure… des libraires et importateurs de livres étrangers. Il faut donc réagir. C’est ce qu’a fait Émile Tyan en se...

commentaires (4)

Le dernier livre d'Amin Maalouf est écrit en Anglais

Eleni Caridopoulou

01 h 31, le 27 septembre 2020

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Commentaires (4)

  • Le dernier livre d'Amin Maalouf est écrit en Anglais

    Eleni Caridopoulou

    01 h 31, le 27 septembre 2020

  • Merci Hachette pour votre soutien et votre empathie.

    Marie-Hélène

    20 h 52, le 25 septembre 2020

  • C’est vrai que la crise parfois représente une chance. On peut réinventer tout et trouver des solutions créatives. Bravo à l’initiative!

    KADRI Khaled

    20 h 51, le 25 septembre 2020

  • Bravo et merci, commençons à couper le cordon ombilical et à essayer de devenir auto-suffisant, à notre niveau, pour nos besoins et dans le plus grand nombre de secteur que nous pouvons.

    Christine KHALIL

    08 h 13, le 25 septembre 2020

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