Après les pompeuses mais nécessaires soirées de fundraising où, sur leur 31 et étalant leur générosité pour une bonne cause, les invités font trois petits tours et puis s’en vont, place à un trio de millennials californiens d’origine libanaise qui s’appliquent à leur tour à venir en aide à la reconstruction de Beyrouth sous le label The Beirut Project. Ils se nomment Katia Tamer, 24 ans (manager du marketing chez Google), Malek Debbas (25 ans, entièrement consacré au projet) et Fouad Boutros (directeur exécutif de la comptabilité chez Joele Frank, et petit-fils du grand homme politique Fouad Boutros). Contactés à distance, ils se présentent ainsi : « Nous sommes tous trois issus de la première génération d’Américains d’origine libanaise qui avons grandi dans la Baie de San Francisco. Nous avons passé notre vie à visiter la famille et les amis au Liban. Nous ne sommes donc pas du tout étrangers à nos racines. » Suite à la tragédie de Beyrouth, ils ont choisi de sortir des sentiers battus et des événements de collecte de fond traditionnels en lançant une campagne d’aide de plus grande envergure et surtout étalée dans le temps.
Des donateurs de moins de 28 ans
« À travers nos réseaux sociaux et nos ressources personnelles, nous avons établi des centaines de contacts avec des membres de nos familles, des amis, des collègues et même des personnes qui nous ne connaissions pas, pour créer un réseau et diffuser les appels d’aide au Liban. Et, comme les réponses gagnaient de l’ampleur, nous avons instauré un système de “fonds de contrepartie”, à savoir que des Américains d’origine libanaise promettent de faire des donations qui égaliseraient une somme que nous avons fixée à 100 000 dollars. Chiffre atteint en quelques jours. Notre collecte se différencie des autres par le fait que les participants sont âgés de moins de 28 ans. » Les trois organisateurs, qui appartiennent à cette même tranche d’âge, ont vu là une niche qu’il fallait entretenir et qui révélait un authentique désir d’investissement. En parallèle à cet effort, ils ont simultanément lancé leur site en ligne où les expatriés pouvaient mieux se familiariser avec leur initiative, suivre ses progrès et s’y engager. Au bout de deux semaines, le montant des donations avait grimpé à 250 000 dollars qui ont été directement envoyés à SEAL (Social and Economic Action for Lebanon). Après un si bon départ, Katia Tamer, Malek Debbas et Fouad Boutros ont élargi leur champ d’action : baptisé au départ Beirut Fund, ils lui ont donné la dimension de Beirut Project. « Nous avons réalisé, expliquent-ils, combien nous pouvions faire au-delà d’une simple collecte de fonds. Tout en continuant à fournir un soutien économique au Liban, nous travaillons à amplifier les voix de la diaspora et à donner plus d’informations actuelles et historiques aux personnes intéressées. » Ils continuent aussi de collecter des fonds pour renflouer les caisses de SEAL, œuvrant sur le terrain afin d’assurer les besoins les plus pressants des personnes atteintes par la tragédie du port de Beyrouth.
Restauration d’une âme collective
En parallèle, ils œuvrent à établir des partenariats avec des ONG au Liban (par l’intermédiaire de Hani Daou, ingénieur à la société Multilane), pour organiser des collectes de fonds destinées au redressement des petites entreprises et braquer les projecteurs sur ce secteur que la diaspora ne connaît pas assez. Autre préoccupation du moment : la diffusion chaque semaine d’une série d’infographies sur Instagram, dans le but de donner des informations utiles sur la situation au Liban. De plus, une Newsletter est prévue qui suivra plus profondément le travail de secours humanitaire, pour laquelle ils ont fait appel à Ramsey Khabbaz qui collabore à la Harvard Business Review. Ce programme étalé dans le temps illustre bien la volonté et l’engagement de ce trio auprès de leurs concitoyens méditerranéens et ceci, assurent-ils, tant que dureront leurs épreuves. C’est ce que chacun a confié à sa manière à L’Orient-Le Jour.
« Notre initiative, précise Katia Tamer, est un travail à long terme et nous comptons sur une équipe élargie pour accompagner la restauration de Beyrouth. La situation actuelle montre la forte implication de la diaspora libanaise pour leurs concitoyens et son ralliement en temps de besoins urgents. Le Liban nous a tant donné et nous espérons à travers nos efforts le lui rendre. »
Pour Fouad Boutros, « qu’importent le lieu d’où vous venez ou votre background, je peux vous garantir une chose, si vous rencontrez un Libanais, vous rencontrerez toujours une franche générosité, une loyauté sans réserve et un authentique désir de vivre pleinement. Et le plus important, cette résilience sans mesure. Les Libanais méritent mieux et nous voulons leur rappeler que le monde est à leur côté ». Et Malek Debbas de conclure : « Nous avons démarré The Beirut Project pour aider à la reconstruction d’une ville qui nous tient précieusement à cœur. Nous travaillons pour la réhabilitation des familles et des commerces, et pour la restauration d’une âme collective. Même affaiblie avec ses problèmes et ses excentricités, sa politique et ses conflits, ses promesses et ses déceptions, ses pleurs et ses cris, Beyrouth est une ville qu’on aime profondément et qu’on ne lâchera jamais. »
commentaires (3)
Thank you Beirut Fund! Wonderful initiative. The futur is yours. Help us put another great project Beirutrestore.com on the map
Martine harmouche
15 h 44, le 08 octobre 2020