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Sport - Cyclisme

Tour de France : roulez jeunesse !

Tour de France : roulez jeunesse !

Victoire d’étape samedi, son troisième succès depuis le départ, maillot jaune de leader, maillot blanc de meilleur jeune (il fête aujourd’hui son 22e anniversaire) et maillot à pois de meilleur grimpeur : Tadej Pogacar, le Slovène de l’équipe UAE Emirates, a presque tout raflé sur le Tour de France, dont il est devenu hier le plus jeune vainqueur de l’après-guerre. Marco Bertorello/Pool/AFP

À l’image du sacre de Tadej Pogacar, la jeunesse a pris le pouvoir sur ce Tour de France, celui de la confirmation pour certaines pépites, de la révélation pour d’autres. Petite révolution pour le sport à maturité tardive qu’est traditionnellement le cyclisme.

Pogacar évidemment, mais aussi Marc Hirschi, Daniel Martinez et Lennard Kämna : le Tour de France compte quatre vainqueurs d’étape de moins de 25 ans. C’est autant que sur les cinq éditions précédentes cumulées et l’illustration d’un mouvement de fond dans le cyclisme. « On observe depuis plusieurs années un glissement de l’âge de maturité. C’est clair et net », confirme le directeur de la performance de l’équipe AG2R La Mondiale, Jean-Baptiste Quiclet.

Au-delà de la limite symbolique des 25 ans retenue pour le maillot blanc du meilleur jeune, l’exception sur le Tour 2020 a plutôt été la victoire de coureurs proches de la trentaine : seulement six de plus de 26 ans ont levé les bras sur les vingt étapes disputées jusqu’ici. Le Suisse Marc Hirschi, 22 ans seulement, symbolise cette nouvelle vague, au cœur d’une équipe, Sunweb, qui a aligné la formation la plus jeune avec une moyenne d’âge de 26 ans et demi. Un choix payant avec un doublé du Danois Soeren Kragh Andersen, 26 ans et les deux podiums de son sprinteur Cees Bol à Nice et Privas.

« On ne recrute pas spécialement des jeunes, assure le patron de l’équipe Sunweb, Iwan Spekenbrink. Mais ce qu’on aime, ce sont ceux qui maintiennent un haut niveau dans les catégories de jeunes, une progression solide et linéaire. » « Il n’y a pas si longtemps, une carrière standard chez les professionnels s’étalait entre 24 et 34 ans. Maintenant, la tranche est plutôt 20-30 ans. Le standard est au rajeunissement », décrit Jean-Baptiste Quiclet qui, face à ce phénomène, « essaie de trouver des raisons ».

Mondialisation

« Entre Evenepoel, Pogacar et même Bernal qui est encore très jeune... Ça promet. Il y a une sacrée génération », soufflait Pinot avant le Tour de France. La précocité a toujours existé – Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Felice Gimondi ou encore Laurent Fignon ont tous gagné un Grand tour avant leurs 24 ans –, mais elle était réservée à quelques-uns. Depuis, la « mondialisation du cyclisme » permet de « détecter des talents dans plus de pays », fait remarquer l’entraîneur d’AG2R comme première explication.

La multiplication des équipes de développement en est une autre. Et plus généralement la structuration des équipes intermédiaires : « Même elles ont des techniciens, des structures d’entraînement, des nutritionnistes », énumère Jean-Baptiste Quiclet. Un avis partagé par Samuel Bellenoue, l’entraîneur du meilleur Français de ce Tour, Guillaume Martin (11e du classement général). « Aujourd’hui, les amateurs n’ont plus beaucoup de choses à envier aux pros grâce à la diffusion des méthodes d’entraînement, juge-t-il. Ils ont toutes les infos sur la préparation au niveau World Tour. » De sorte qu’à l’arrivée dans le monde professionnel, la marche est beaucoup moins haute qu’auparavant pour ces jeunes loups qui inquiètent certains coureurs du peloton.

« Est-ce qu’ils auront une marge de progression inférieure à nous ? s’interrogeait Thibaut Pinot avant le Tour. Ou alors est-ce que ce sont des phénomènes qui vont continuer à progresser comme nous jusqu’à 28 ans ? On ne sait pas. » « J’ai du mal à l’imaginer, ou bien ils vont finir toutes les courses avec dix minutes d’avance », relevait le grimpeur français. Un scénario à écarter pour Samuel Bellenoue : « Ils viennent plus vite à maturité, mais on peut se poser la question du temps qu’ils vont durer. Ils sont déjà au maximum à 21 ans et vont un peu plus vite que ce dont est capable l’organisme » à leur âge. « On a vu ce qui est arrivé à Egan Bernal », observe-t-il. Même avant son abandon, le Colombien, devenu l’an passé le plus jeune vainqueur du Tour de l’après-guerre, a peiné cette année sans que son équipe n’ait beaucoup d’explications à offrir, si ce n’est un mal de dos qui l’a fait quitter prématurément le Dauphiné. Il disputait à 23 ans son troisième Tour de France.

Clément VARANGES/AFP

À l’image du sacre de Tadej Pogacar, la jeunesse a pris le pouvoir sur ce Tour de France, celui de la confirmation pour certaines pépites, de la révélation pour d’autres. Petite révolution pour le sport à maturité tardive qu’est traditionnellement le cyclisme.Pogacar évidemment, mais aussi Marc Hirschi, Daniel Martinez et Lennard Kämna : le Tour de France compte quatre...

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