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Culture - Performance de rue

Pour exorciser les démons et les douleurs d’un peuple...

Adaptée et mise en scène par Alain Saadeh, « Jude » est une performance qui a lieu le 18 septembre dans la rue d’Arménie (Mar Mikhaël, près de Bar Tartine), de 18 à 19 heures.

Pour exorciser les démons et les douleurs d’un peuple...

Alain Saadeh a traduit et mis en scène « Jude » de Koffi Kwahulé.

Dans une ville entièrement détruite, où le chaos ainsi que l’impunité règnent, une jeune fille fait l’objet de viols successifs dans des toilettes publiques ainsi que dans son immeuble. Elle se tient debout sur scène, accompagnée du son d’un piano et fait face à cet état des choses en remettant en question la société machiste, les abus d’un pouvoir défaillant et irresponsable ainsi que la décomposition de toute valeur humaine.

C’est, en bref, le résumé de la performance de rue intitulée Jude que propose ce vendredi Alain Saadeh, acteur et auteur, à Mar Mikhaël. Une pièce adaptée de l’œuvre Jaz, de Koffi Kwahulé. Saadeh s’est approprié ce texte écrit par le dramaturge ivoirien, l’a traduit en arabe en l’adaptant au contexte libanais et l’a mis en scène dans cette performance de rue à deux voix portée par l’interprète Dana Mikhail et la musique de Marc Ernest. « L’écriture, estime cet acteur qui s’est affirmé en 2015 dans le long métrage de Mir Jean Bou Chaaya, Film Ktir Kbir (Very Big shot), est celle qui donne des structures solides à un scénario, à une mise en scène en les fortifiant. »

« L’actrice de théâtre mais également de cinéma (elle a joué dernièrement en 2018 dans le film d’Avo Kaprealian, Life=Cinematic imperfections), Dana Mikhail, qui joue le rôle de Jude, avait ce texte depuis longtemps, confie Alain Saadeh. Elle tenait à l’adapter mais ne disposait pas des fonds nécessaires. Il m’a très vite plu et je me suis aussitôt engagé à le mettre en scène et à le produire. Ce texte n’est pas à proprement dit né du mouvement de la révolution, poursuit-il, mais de cet homme qui s’est donné la mort un jour à Hamra parce qu’il ne pouvait plus nourrir sa famille. Ce “fait divers” comme le considère souvent la société, m’a bouleversé. Je ne pouvais pas rester impuissant. Il me fallait prendre la parole et parler de viol individuel comme dans tout système machiste mais aussi du viol collectif de tout un peuple. »


Dana Mikhail, dans le rôle de « Jude », sur l’affiche de la représentation. Photo DR


Droit vers l’humain

L’auteur ne fait pas partie de ceux qui revendiquent ou protestent dans la rue en hurlant ou vociférant. Pour s’exprimer, il préfère utiliser l’écriture, les mots. Quant à son travail, il va droit vers l’humain et non vers les masses. Ces humains, qui sont souvent, selon lui, jetés en pâture et deviennent les victimes de systèmes dysfonctionnels. Des dommages collatéraux, comme ils disent. « C’est pourquoi j’ai voulu offrir à voir cette performance dans la rue de Mar Mikhaël, gratuitement, pour la symbolique que cela suppose. » La rue, qui grouille d’hommes, qui engendre le côtoiement, la construction. Mais également sur ce bitume qui sent encore la douleur et le sang. « Nous répétions dans un bâtiment qui a été détruit par l’explosion le 4 août. Dana a perdu son ami ce jour-là, mais cela ne nous a pas empêchés de continuer. » Continuer à chaud, avec la même détermination et la même passion. Les paroles de Jacques Brel ne pouvaient sonner plus juste : « Il est, paraît-il, des terres brûlées, donnant plus de blé qu’un meilleur avril. »

À souligner également dans ce projet le dynamisme d’Alexandra Kahwagi, une actrice libanaise installée à Los Angeles (A Perfect day, Film Ktir Kbeer, Nuts…), qui venait de débarquer au Liban et qui s’est investie totalement pour accomplir un travail fabuleux sur le set. Le musicien Marc Ernest et l’ingénieur du son Georges Abou Zeid ainsi que la performance théâtrale habitée de Dana Mikhail ont été un acte individuel et collectif généreux pour créer un jeu de miroirs dans lequel la société actuelle peut se retrouver. Si Koffi Kwahulé a donné son consentement aux changements opérés dans la pièce, la censure libanaise n’a pas pu résister à faire des petites coupures mais… « peu importantes dans le texte », dit Alain Saadeh. Rendez-vous est donc fixé le vendredi 18 septembre, rue d’Arménie (Mar Mikhaël, près de Bar Tartine), de 18 à 19 heures, pour exorciser les démons et les douleurs d’un peuple. Les places sont assises mais interdites au moins de 18 ans.

Dans une ville entièrement détruite, où le chaos ainsi que l’impunité règnent, une jeune fille fait l’objet de viols successifs dans des toilettes publiques ainsi que dans son immeuble. Elle se tient debout sur scène, accompagnée du son d’un piano et fait face à cet état des choses en remettant en question la société machiste, les abus d’un pouvoir défaillant et irresponsable...

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