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Agenda - Hommage

Yvonne Cochrane ou l’éternel symbole du Liban d’autrefois...

Son nom à lui seul était porteur d’élégance, d’humanisme, de culture… Il représentait une époque à jamais révolue. Avec la disparition de Lady Yvonne Sursock Cochrane, c’est un livre de l’histoire du Liban qui se referme, poussant le pays plus profondément dans les abîmes. Il y a plus de 10 ans, dans un texte publié dans ces mêmes colonnes et intitulé « Le Liban, une façade sur le vide », Lady Cochrane prévoyait en ces termes l’effondrement du pays : « Pauvre, pauvre, Liban qui s’effiloche tous les jours à une vitesse croissante. Pauvre pays qui n’a plus que des vantardises comme capital. Pauvre pays dont l’aveuglement n’a de pair que la corruption et qui substitue à la réalité une foule de concepts et de dogmes dont il a perdu le sens… Nous avions la mer, la montagne et la beauté sous nos yeux, la douceur de vivre et un passé millénaire, l’apanage d’une minorité de peuples. Que reste-t-il de tout cela ? Rien que des souvenirs dans la mémoire de personnes très âgées. »

Ces lignes, qu’on croirait écrites aujourd’hui, témoignent du bon sens de cette grande dame qui avait prévu l’effondrement du Liban. Mais le destin est parfois cruel, tant par son expression que par ses coïncidences. Lors de la terrible explosion du 4 août, Lady Cochrane était dans son mythique palais qui fut ravagé, elle-même fut choquée et blessée. Sa santé périclita très vite et elle rendit son âme à Dieu, la veille de l’anniversaire de la proclamation du Grand Liban, son aîné de deux ans.

Contemporaine de ce Grand Liban, Yvonne Cochrane a participé à son rayonnement. Fervente défenderesse des anciennes demeures, elle contribua à la fondation de l’Apsad et n’avait de cesse de répéter qu’une ville doit préserver son cœur et se développer en banlieue. Dès le lancement du projet de reconstruction du centre-ville après la guerre, elle en prédisait l’échec, lui reprochant d’ôter son âme à la ville. Au début des années 2000, elle milita pour donner aux habitants des villages libanais les moyens de rester chez eux en les aidant à développer leurs compétences artisanales. Elle a maintenu son dynamisme jusqu’à son dernier souffle.

Cette ferveur se mariait avec une douceur de vivre, marquée par la traditionnelle célébration de son anniversaire dans les jardins de son palais. Le départ de Lady Cochrane dans des circonstances aussi dramatiques nous confirme que le Liban célèbre son centenaire en lambeaux au point de vouloir pâlir de honte devant ses majestueux cèdres millénaires. Son souvenir immortel restera gravé dans nos cœurs.


Son nom à lui seul était porteur d’élégance, d’humanisme, de culture… Il représentait une époque à jamais révolue. Avec la disparition de Lady Yvonne Sursock Cochrane, c’est un livre de l’histoire du Liban qui se referme, poussant le pays plus profondément dans les abîmes. Il y a plus de 10 ans, dans un texte publié dans ces mêmes colonnes et intitulé « Le Liban, une...