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Agenda - Hommage

Éliane Gébara s’est éteinte à l’âge de 83 ans

Éliane Gébara s’est éteinte à l’âge de 83 ans

On l’appelait Nana, mais pour plus de deux générations, elle était super-Nana.

Jusqu’aux derniers jours et malgré sa maladie, Éliane Gébara se tenait informée de l’actualité et avait un point de vue tranché sur tout. Abonnée à la librairie Stephan, elle avalait six bouquins par semaine et ne s’en privait jamais.

Pour ceux qui l’ont connue, Nana était une femme indépendante, une battante qui faisait montre de culot quand il le fallait.

Élève du Collège protestant, et diplômée en économie, elle a fait carrière dans le journalisme. Formée par Georges Naccache qu’elle appelait « patron », elle apprit, dès son entrée au journal en février 1963, à être précise et percutante. En charge de la rubrique « Les potins de la commère » de L’Orient, elle touchait aussi bien aux politiciens et ambassadeurs qu’à la société mondaine. Certains la craignaient car sa plume pouvait égratigner, mais en douceur, sans méchanceté et avec humour. En 1965, elle accompagna le président Charles Hélou lors de sa visite officielle en France et, sans se gêner, demanda à être présentée à de Gaulle qui lui dit : « Si jeune et déjà commère ? » Nana répondit : « La valeur n’attend point le nombre des années », ce qui fit sourire son interlocuteur. En juin 1967, elle couvrit la guerre à Amman. Sa filleule Yara Saadé raconte que Nana avait insisté auprès de son père, le grand chirurgien Bachir Saadé, pour assister à une opération à cœur ouvert. Elle était restée assise 6 heures sur un tabouret dans la salle d’opération. « C’était une femme incroyable, très courageuse, je pouvais passer des heures à l’écouter raconter ses expériences », se rappelle Yara.

Pour de nombreuses femmes, Nana a été un exemple de femme libre avant son temps, prenant son destin entre ses mains. Mariée deux fois, elle a refusé le mariage-refuge, préférant reprendre sa liberté dès que « ça n’allait plus ».

Nana a aussi joué un rôle communautaire, occupant le poste de présidente de l’Union des Français de l’étranger... Quelques amis se rappellent encore de son magasin de fleurs « Floralie » à Verdun, avant la guerre, de son chien Bijou ou encore de son séjour à Bruxelles en tant que responsable de l’Office du tourisme.

Nana était une grande amie de ma mère, et c’est peut-être durant les longues heures passées chez nous qu’elle me donna le goût du journalisme… Qu’elle repose en paix.

Nayla DE FREIGE

On l’appelait Nana, mais pour plus de deux générations, elle était super-Nana. Jusqu’aux derniers jours et malgré sa maladie, Éliane Gébara se tenait informée de l’actualité et avait un point de vue tranché sur tout. Abonnée à la librairie Stephan, elle avalait six bouquins par semaine et ne s’en privait jamais.Pour ceux qui l’ont connue, Nana était une femme indépendante,...