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Monde - Biélorussie

La principale rivale du président quitte le pays

La principale rivale du président quitte le pays

Des manifestants antipouvoir à Minsk le 10 août 2020. Jedrzej Nowicki/Agencja Gazeta/via Reuters

L’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, rivale à la présidentielle de l’autoritaire dirigeant de la Biélorussie, a annoncé hier avoir fait le choix « difficile » de partir en Lituanie, après deux jours de manifestations d’opposition violemment réprimées. La jeune femme de 37 ans dit avoir pris « seule » cette « décision très difficile ». « Je sais que beaucoup me condamneront, beaucoup me comprendront, beaucoup me haïront », a-t-elle affirmé. Elle a évoqué ses deux enfants, de 5 et 10 ans, qu’elle avait déjà envoyés à l’étranger en craignant des pressions. Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, a indiqué que Mme Tikhanovskaïa était « en sécurité » avec ses enfants. Peu après l’agence d’État biélorusse Belta a diffusé d’autres images non datées montrant l’opposante lisant une déclaration pour appeler au « respect de la loi » et à ne pas manifester. Ses alliés ont immédiatement dit que cette vidéo avait été enregistrée « sous pression », probablement lundi soir, lorsqu’elle était retenue plusieurs heures au siège de la Commission électorale, où elle était venue déposer une plainte. « Trois heures durant, elle était seule avec les représentants des forces de sécurité », a expliqué Maria Kolesnikova, une figure de la campagne électorale de l’opposition. Mme Tikhanovskaïa, qui a galvanisé les foules durant cette campagne, avait disparu lundi soir, alors qu’une deuxième nuit de protestations réprimées par la police secouait Minsk et d’autres villes, faisant un mort. Les gardes-frontières biélorusses ont précisé qu’elle avait passé la frontière en pleine nuit et diffusé une vidéo en ce sens. Selon son équipe, il s’agit néanmoins d’un départ forcé sous la pression des autorités. « Elle n’a pas eu le choix », a affirmé Olga Kovalkova, une alliée de Mme Tikhanovskaïa.

2 000 arrestations lundi

Svetlana Tikhanovskaïa a émergé comme une rivale inattendue face au président Alexandre Loukachenko, 65 ans, au pouvoir depuis 26 ans. Elle avait remplacé dans la course à la présidentielle son mari, Sergueï, un vidéo-blogueur en vue, emprisonné en mai. Après le scrutin dimanche, elle a enjoint au régime de « céder le pouvoir », contestant les résultats officiels donnant M. Loukachenko vainqueur avec 80,08 % des voix et ne lui en accordant que 10 %. L’opposante s’était abstenue de participer aux manifestations violemment réprimées dimanche et lundi soir par les forces antiémeute, qui ont usé de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc. La police a fait état de 3 000 arrestations dimanche soir et 2 000 lundi soir, dont le rédacteur en chef du média d’opposition Nacha Niva, Egor Martinovitch. Le ministère de la Santé a indiqué que 200 blessés étaient hospitalisés. « Le départ de Tikhanovskaïa ne va pas nous arrêter », a indiqué Ian, un manifestant de 28 ans, promettant qu’il allait continuer à se battre pour vivre « dans un pays libre ». Des appels à une grève générale circulaient hier sur les réseaux sociaux. Selon les médias biélorusses d’opposition, plusieurs entreprises locales y ont pris part, même si les syndicats indépendants ont refusé d’y appeler de peur de subir des représailles du pouvoir.

Sanctions ?

Les forces antiémeute se déployaient par ailleurs dans le centre de Minsk mardi après-midi, selon les médias locaux et russes, en prévision de nouveaux rassemblements.

Le président biélorusse a qualifié les manifestants de « moutons » téléguidés depuis l’étranger, et juré de « remettre à l’endroit le cerveau » de ceux qui le contestent. L’internet restait très instable par ailleurs en Biélorussie et de nombreux réseaux sociaux et messageries inaccessibles, sur ordre du pouvoir biélorusse selon l’opposition. À l’étranger, la Commission européenne, Paris, Berlin, Londres et Washington ont condamné la répression et appelé Minsk à la retenue.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a évoqué hier la possibilité de rétablir « très rapidement » les sanctions européennes contre la Biélorussie, en partie levées en 2016. À l’inverse, Moscou et Pékin ont félicité le président Loukachenko, qui avait pourtant accusé le Kremlin de vouloir vassaliser son pays.

La mobilisation en faveur de Mme Tikhanovskaïa s’est faite sur fond de difficultés économiques, aggravées par des tensions avec la Russie, et de la réponse d’Alexandre Loukachenko à l’épidémie de coronavirus, qu’il a qualifiée de « psychose ».

Tatiana KALINOVSKAYA/FP

L’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, rivale à la présidentielle de l’autoritaire dirigeant de la Biélorussie, a annoncé hier avoir fait le choix « difficile » de partir en Lituanie, après deux jours de manifestations d’opposition violemment réprimées. La jeune femme de 37 ans dit avoir pris « seule » cette « décision très difficile ». « Je...

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