
Nabih Berry s’entretenant avec la délégation FL. Photo ANI
Les Forces libanaises semblent plus que jamais déterminées à mener ce qu’elles appellent « la guerre pour les réformes ». C’est ce qui ressort du tweet que le chef du parti Samir Geagea a posté hier sur son compte personnel : « Quoi qu’ils essayent encore et encore, nous continuerons (à œuvrer) jusqu’à l’adoption d’une loi sur le mécanisme de nominations. »
Le leader des FL réagissait ainsi à une décision prise mercredi par le Conseil constitutionnel. Celui-ci, et sur recours présenté par le chef de l’État Michel Aoun, avait invalidé une loi prévoyant un mécanisme bien défini pour la nomination des fonctionnaires de première catégorie. Le Parlement avait adopté cette loi, présentée par le bloc parlementaire FL lors de sa séance tenue le 28 mai dernier. Aux yeux du président de la République, mais aussi du CC, la législation en question comprend de « flagrantes » entorses aux articles 64, 65 et 66 de la Constitution, notamment pour ce qui est de l’empiétement sur les prérogatives du ministre en matière de nominations.
Au lendemain de la sentence du CC, les FL sont rapidement passées à l’acte pour élaborer une nouvelle mouture de la loi invalidée, « en vue de mettre un terme à la logique de partage d’influence en matière de nominations », pour reprendre les termes de Georges Okaïss, député FL de Zahlé, contacté par L’Orient-Le Jour. M. Okaïss, accompagné de ses collègues Imad Wakim et Wehbé Katicha, députés de Beyrouth et du Akkar respectivement, se sont rendus à Aïn el-Tiné jeudi pour un entretien avec le président de la Chambre, Nabih Berry, dont le groupe parlementaire avait voté en faveur de la loi invalidée.
S’exprimant à l’issue de la réunion, Georges Okaïss a indiqué que la rencontre avec Nabih Berry devrait être suivie de réunions avec tous les protagonistes qui avaient approuvé la législation annulée par le CC. « À travers ce texte, les FL ont voulu libérer les nominations de la logique de partage du gâteau et du clientélisme auxquels elles obéissaient par le passé », a-t-il souligné.
Et de déplorer que « la décision du CC (ait) remis les compteurs à zéro, anéantissant toute possibilité d’édifier un État fort axé sur une administration compétente formée de personnes capables et de toutes les confessions ». « Nous continuerons à mener la guerre des réformes contre tous les corrompus, en particulier ceux qui prétendent vouloir réformer », a encore dit le député zahliote, estimant que « la décision du CC n’est pas un point marqué contre les FL, mais contre le peuple libanais dans son ensemble, dans la mesure où il s’agit d’une tentative de le priver de son droit à évoluer et édifier un État fort par ses institutions et son administration ».
S’il n’a pas voulu commenter la décision du CC à la tribune de Aïn el-Tiné, Georges Okaïss explique à L’OLJ que la sentence fait barrage « à toutes les tentatives de mettre en place un mécanisme de nominations ». « Je peux critiquer indéfiniment la décision du CC », déclare le député avant de poursuivre : « La décision prise le 29 septembre 2001 (qui stipule, en substance, qu’ « il ne faut pas limiter les compétences du ministre et du Conseil des ministres en matière de nominations, notamment quand il s’agit de sujets essentiels tels que définis par la Constitution ») ne fait pas barrage à la mise en place d’un mécanisme de nomination des fonctionnaires. » « Mais elle avait observé l’inconstitutionnalité de la formation d’une commission (chargée des nominations) qui n’inclurait pas de ministres », précise le député FL.
Prochaine étape
En réponse à une question portant sur la prochaine étape de leur action, M. Okaïss répond en déclarant que son parti entend élaborer une nouvelle mouture du texte invalidé. « Nous en avons discuté avec M. Berry, qui est très favorable à ce projet », indique-t-il, faisant savoir qu’une délégation FL devrait rencontrer prochainement le leader du courant du Futur, Saad Hariri, en dépit des rapports en dents de scie entre les deux partis. Des entretiens sont également prévus avec les chefs du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et des Kataëb, Samy Gemayel, ainsi qu’avec Nagib Mikati, ex-Premier ministre et actuel député de Tripoli, et les Marada de Sleiman Frangié.
Sans vouloir dévoiler les grandes lignes du nouveau texte, Georges Okaïss se contente d’assurer que cette version prendra en considération la décision du CC.
S’il n’y avait pas eu les FL dans le gouvernement précédent .... personne n’aurait su ce qui se passait à l’intérieur du gouv en politique il faut savoir plier avec le vent !!
14 h 34, le 25 juillet 2020