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Sport - Football / Ligue 1

Riches investisseurs étrangers, fortunes diverses

Rachat de Toulouse, appétits affichés pour Marseille... De riches hommes d’affaires et des fonds d’investissement étrangers choisissent de miser sur des clubs français, attirés par un prix moins cher qu’ailleurs dans le football européen, des droits TV en hausse et une formation reconnue. Du Qatar Sport Investments (Paris SG) à King Street (Bordeaux) en passant par Nenking (Sochaux), les logiques de rachat épousent des ambitions diverses allant de la géopolitique aux objectifs économiques. Mais elles ont une origine commune.

En France, où les investisseurs vont profiter de « l’augmentation de 60 % des droits TV » pour la période 2020-2024, « le ticket d’entrée est moins cher qu’ailleurs », relève Luc Arrondel, économiste au CNRS. De plus, « les clubs français sont réputés pour leur formation de qualité », ce qui fait naître « des espérances sur le trading joueurs », développe-t-il. Par rapport aux géants de Premier League notamment, les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 apparaissent de fait comme des achats plus accessibles, avec des perspectives de revente assez élevées. « Cela fait beaucoup d’argent pour un club français, mais en Angleterre, c’est plutôt modeste », a ainsi reconnu Jim Ratcliffe, patron du groupe de pétrochimie Ineos, au sujet des 100 millions d’euros mis sur la table pour racheter Nice en 2019. À Marseille, Frank McCourt n’est pas non plus venu pour profiter des charmes de la Méditerranée. En octobre 2016, l’homme d’affaires de Boston a saisi une opportunité en or : une grande marque européenne pour environ 45 millions d’euros. Depuis, il a dû effacer 78 millions de dettes et a investi environ 220 millions dans le club, de retour en Ligue des champions après plusieurs saisons contrastées.

Indépendamment de l’exemple marseillais, l’explosion des droits télévisuels en Europe a attiré l’œil des fonds d’investissement. « Les clubs sont de plus en plus valorisés, il y a des espérances de plus-value sur la revente future », appuie Luc Arrondel, coauteur de L’Argent du football (2018, éditions du Cepremap). Pour l’économiste, il s’agit d’une tendance nouvelle dans un milieu où l’on ne faisait « pas de profit, ou très peu » en raison des indemnités de transfert et des salaires pharaoniques des joueurs.

L’explosion des droits TV a changé la donne et attiré de nouveaux acteurs. Quitte à ce que le projet sportif passe au second plan, redoutent certains supporteurs. À Bordeaux, les Ultramarines ont ainsi prédit « une catastrophe annoncée » avant que M6 ne cède en 2018 le club aux fonds d’investissement américains King Street et GACP, actionnaire minoritaire. Depuis, les Girondins ont licencié de nombreux salariés historiques ou vendu de jeunes talents pour combler le déficit. Fin 2019, le froid et austère King Street a évincé le dépensier GACP, sans stabiliser un club déficitaire, plombé par une 12e place en L1 et miné par un conflit entre les supporteurs et le président Frédéric Longuépée. Et l’entraîneur Paulo Sousa n’a pas caché ses envies d’ailleurs.

À Sochaux, en Ligue 2, les déceptions sportives et les problèmes économiques se sont également accumulés depuis que Peugeot, propriétaire historique, a vendu le club contre 7 millions d’euros en 2015 à l’homme d’affaires chinois Li Wing Sang. Le dirigeant du groupe Tech Pro Technology voulait développer et faire connaître sa marque en Europe, pari raté. Les supporteurs l’ont conspué, les finances étaient dans le rouge et le club a échappé de peu à une rétrogradation administrative. Endetté, il a dû revendre en 2019 au groupe chinois Nenking.

Enfin, à Auxerre, sous pavillon chinois depuis 2016, les ambitions initiales étaient semblables : « Faire remonter » le club en L1 et « rapporter le savoir-faire de la formation de l’AJA pour aider les jeunes Chinois dans la pratique du foot », a expliqué James Zhou après l’inauguration d’une académie à Shanghai. Pour l’heure, l’AJA s’apprête à repartir en L2 pour la neuvième saison d’affilée.

Source : AFP

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