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Un conseiller du chef de l'agence spatiale arrêté pour "trahison"

Un conseiller du chef de l'agence spatiale arrêté pour

Une fusée russe sur une rampe de lancement de la base spatiale de Baïkonour, le 14 novembre 2016. Photo d'illustration / AFP PHOTO / Kirill KUDRYAVTSEV

Un ex-journaliste respecté devenu conseiller du directeur de l'agence spatiale russe Roskosmos a été arrêté mardi pour "trahison" au profit d'un pays de l'OTAN, une affaire qualifiée de vengeance pour ses articles par d'anciens collègues.

Ivan Safronov a travaillé comme journaliste spécialiste des questions militaires et d'espace pour les quotidiens russes Vedomosti et Kommersant et est à l'origine d'articles embarrassants pour l'armée russe ces dernières années.  Après avoir été poussé à la démission de Kommersant en 2019, il était devenu en mai 2020 conseiller du directeur de Roskosmos, Dmitri Rogozine. Il est soupçonné d'avoir "collecté et transmis des secrets d'Etat sur la coopération militaire et technique, la défense et la sécurité de la Russie" à "un service de renseignement d'un des pays de l'Otan", selon un porte-parole des services de sécurité russes (FSB) cité par l'agence publique TASS.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part indiqué lors d'un briefing à la presse que M. Safronov est suspecté d'avoir "transmis des données secrètes à des services de renseignement étrangers". "Nos services de contre-espionnage ont beaucoup de tâches et de travail et ils les accomplissent de manière très efficace", a-t-il ajouté.

Roskosmos a assuré dans un communiqué "fournir toute l'assistance nécessaire aux autorités chargées de l'enquête" et souligné que les accusations pesant contre M. Safronov "ne concernent pas son travail actuel". Le directeur de Roskosmos, Dmitri Rogozine, a assuré à TASS que M. Safronov "ne disposait pas d'accès à des informations secrètes" au sein de l'agence et était en charge de questions de communication. Le secteur spatial russe a subi ces dernières années une série de revers embarrassants et de scandales de corruption. 

Articles embarrassants
En tant que journaliste, Ivan Safronov a écrit de nombreux articles sur l'armée russe, rapportant ainsi l'accident d'un sous-marin secret dans l'Arctique, l'incendie sur l'unique porte-avion russe, des incidents lors d'exercices militaires supervisés par le président russe Vladimir Poutine ou encore le premier crash de l'avion de combat dernier cri Su-57. Plusieurs journalistes et anciens journalistes ont apporté mardi sur les réseaux sociaux leur soutien à Ivan Safronov et estimé que son arrestation était liée à son travail de presse.

La rédaction de son ancien journal Kommersant a aussi publié un message de soutien, dénonçant des accusations "absurdes" et saluant "un des meilleurs journalistes du pays", un "grand professionnel" et "véritable patriote". "Il est particulièrement difficile pour les personnes accusées de haute trahison de faire l'objet d'une enquête équitable et d'un procès transparent", relève le journal. "Le public est contraint de ne compter que sur les déclarations des services spéciaux, dont le travail pose chaque année de plus en plus de questions". Des soutiens de l'ancien journaliste se sont rassemblés dans l'après-midi devant le siège des services de sécurité à Moscou pour protester contre son arrestation. Une personne, journaliste à Kommersant, a été arrêtée, selon l'ONG spécialisée OVD-Info.

Le Kremlin a de son côté assuré que l'arrestation de M. Safronov n'avait "rien à voir avec son activité journalistique".  En 2019, Kommersant avait effacé l'un des articles de Safronov après des accusations de divulgation de secrets d'Etat. L'article en question portait sur les intentions de la Russie de livrer des avions de chasse modernes à l'Egypte. Une enquête avait alors été ouverte pour "abus de la liberté de la presse". M. Safronov avait dû partir de Kommersant en mai 2019 avec un autre journaliste après un article qui affirmait que la présidente de la chambre haute du Parlement russe, Valentina Matvienko, personnalité influente et réputée très proche de Vladimir Poutine, pourrait démissionner de son poste.

Les accusations d'atteintes à la liberté de la presse contre le pouvoir russe sont légion depuis 20 ans. Lundi, une journaliste russe a été encore condamnée à une lourde amende pour "justification du terrorisme" en raison d'une chronique sur un attentat-suicide anarchiste ayant visé le FSB, un cas dénoncé par les défenseurs des droits humains.

Un ex-journaliste respecté devenu conseiller du directeur de l'agence spatiale russe Roskosmos a été arrêté mardi pour "trahison" au profit d'un pays de l'OTAN, une affaire qualifiée de vengeance pour ses articles par d'anciens collègues.
Ivan Safronov a travaillé comme journaliste spécialiste des questions militaires et d'espace pour les quotidiens russes Vedomosti et Kommersant et est...