L'ONG Human Right Watch (HRW) accuse le Canada de violer ses obligations internationales en refusant d'aider les dizaines de Canadiens qui sont détenus dans le nord-est de la Syrie en raison de leurs liens présumés avec l'organisation Etat islamique (EI), dans un rapport publié lundi.
"Ce rapport révèle que le gouvernement du Canada bafoue ses obligations internationales en matière de droits humains envers les Canadiens détenus arbitrairement dans le nord-est de la Syrie", explique l'organisation de défense des droits humains.
L'organisation HRW plaide pour que ces ressortissants, qui n'ont "été accusés d'aucun crime" et sont détenus dans des conditions "inhumaines", soient rapatriés de toute urgence. Elle recommande notamment que des enquêtes et des poursuites soient ensuite engagées contre les détenus susceptibles d'être "impliqués dans des crimes internationaux graves". "Nous allons continuer d'essayer d'aider les Canadiens tout en reconnaissant que le santé et la sécurité des travailleurs dans notre corps diplomatique doit être notre première priorité", a souligné le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lors de son point presse quotidien.
Membre de la coalition internationale antijihadiste menée par les États-Unis, le Canada a coupé les ponts diplomatiques avec Damas depuis le début du conflit. Au total, depuis plus d'un an, "au moins 47 Canadiens" sont détenus en Syrie, parmi lesquels se trouvent huit hommes, 13 femmes et 26 enfants, selon HRW. "Ces enfants sont des victimes, ils n'ont jamais choisi de vivre sous la coupe de l'Etat islamique (EI)", a déploré Letta Tayler, chercheuse senior au sein de HRW, lors d'une conférence de presse en ligne.
L'administration semi-autonome kurde dans le nord-est de la Syrie ne cesse de réclamer le rapatriement des femmes et des enfants étrangers, mais les pays occidentaux avancent lentement sur le dossier, accueillant bien souvent au compte-goutte des enfants, souvent orphelins. Les Kurdes affirment retenir environ 4.000 femmes et 8.000 enfants étrangers, dans trois camps de déplacés du nord-est, la grande majorité dans celui d'Al-Hol.
Plus d'un an après avoir proclamé en mars 2019 l'éradication du "califat" de l'EI en Syrie, les forces kurdes détiennent toujours dans leurs prisons quelque 12.000 combattants jihadistes: des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires d'une cinquantaine de pays. Si les Kurdes réclamaient aussi au départ le renvoi vers leur pays d'origine de ces combattants étrangers de l'EI, ils se sont résignés à l'idée de les juger en Syrie, face aux tergiversations des gouvernements occidentaux.
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