
Des manifestants devant le palais de justice de Beyrouth, le 17 juin 2020. Photo Nada Merhi
Plusieurs dizaines d'activistes se sont rassemblés mercredi devant le palais de justice de Beyrouth, afin de "se rendre" symboliquement aux autorités et dénoncer les menaces de poursuites lancées par le parquet contre les personnes qui ont diffusé des publications et des images portant atteinte à la personne du président de la République.
Les manifestants ont indiqué être présents devant le palais de justice afin "de se rendre directement, sans que les forces de l'ordre n'aient à les chercher", selon notre journaliste sur place, Nada Merhi. Certains se sont donc liés les mains au moyen d'une corde, tandis que d'autres ont collé sur leur bouche un autocollant avec le slogan "Nous continuerons", populaire depuis la révolution du 17 octobre. Des contestataires ont dénoncé, lors de leur sit-in, "un Etat policier qui s'en prend aux activistes qui réclament le droit de vivre en toute dignité, alors qu'aucun corrompu n'a encore été arrêté".
Etudiant en droit, Roy a critiqué les responsables "qui ont tout volé au peuple". "Les mots sont les seuls moyens que nous ayons encore pour nous exprimer, après que les responsables nous ont tout pris, et ils veulent nous les voler ?", s'est-il offusqué. "Je suis contre les insultes évidemment, mais il est inacceptable que l'Etat mette en application une loi qui nous empêche de nous exprimer contre la pauvreté, les vols, la corruption et la situation intenable dans laquelle nous vivons", a-t-il souligné. "Nous n'avons plus rien à perdre... Si nous nous faisons incarcérer, nous aurons au moins à manger !", a ajouté le jeune homme, qui estime que le plus grand accomplissement du mouvement de contestation est que "les gens n'ont plus peur de ce qui pourrait leur arriver".
Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a rejoint en fin de matinée les manifestants à qui il a déclaré que "la liberté d'expression ne peut pas être restreinte, sauf par la loi".
Lundi, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a chargé les enquêteurs de la police judiciaire à lancer des investigations pour déterminer l’identité de personnes qui ont diffusé des publications et des images portant atteinte à la personne du président de la République. Le chef du parquet a en outre demandé à la Cour de cassation que les détenteurs de ces comptes sur les réseaux sociaux soient poursuivis pour diffamation et outrage public, les textes et images incriminés étant visibles de tous. Une mesure dénoncée par des militants de la société civile qui considèrent qu’elle favorise la répression de la liberté d’expression.
Dans ce cadre, l'artiste et activiste Pascale Tarraf a été appelée à comparaître devant la Sécurité de l'Etat mercredi matin, pour avoir publié sur Facebook un article dans lequel elle s'en prend aux dirigeants libanais. Les contestataires rassemblés à Beyrouth ont appelé à sa libération.
Plusieurs dizaines d'activistes se sont rassemblés mercredi devant le palais de justice de Beyrouth, afin de "se rendre" symboliquement aux autorités et dénoncer les menaces de poursuites lancées par le parquet contre les personnes qui ont diffusé des publications et des images portant atteinte à la personne du président de la République. Les manifestants ont indiqué être...
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