Le député Chamel Roukoz, au siège du Parlement, à Beyrouth, le 10 août 2018. Photo d'archives ANi
Le député Chamel Roukoz a affirmé jeudi, lors d'une conférence de presse, qu'une nouvelle révolution contre la classe politique au pouvoir était "inéluctable", critiquant par ailleurs le plan de redressement du gouvernement de Hassane Diab, "qui a été développé avec les mêmes formations qui ont mené le pays à l'effondrement".
Lors du soulèvement populaire lancé le 17 octobre contre le pouvoir en place, accusé de corruption et d'incompétence, Chamel Roukoz avait annoncé qu'il se retirait du bloc parlementaire Liban Fort, principalement constitué de députés du Courant patriotique libre, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun. M. Roukoz est par ailleurs marié avec l'une des filles du président Aoun.
"Le terme +lutte contre la corruption+ est devenu un slogan vide de sens", a regretté le député indépendant dans une critique voilée contre le CPL qui fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille mais aussi contre le Hezbollah qui a donné de la voix ces derniers temps à ce sujet. "L'essentiel aujourd'hui, c'est de savoir comment on peut ouvrir les dossiers de corruption et les clôturer loin de toute couverture politique et communautaire", a-t-il indiqué. S'en prenant aux formations politiques au pouvoir, Chamel Roukoz a affirmé qu'il y a "des crimes qui ne peuvent pas être pardonnés, et en particulier ceux qui sont commis contre la nation". "Vous saviez tous que l'Etat était au bord de l'effondrement économique et financier, mais apparemment vous avez tous trouvé une façon de mettre à profit cet effondrement pour vous en prendre à vos adversaires", a-t-il accusé.
Le député a déploré que "le peuple se tient aux portes des banques pour mendier son propre argent rationné tandis que des centaines de milliers de dollars ont été volés dans le cadre de contrats douteux et d'appels d'offre" de l'Etat. "On nous dit qu'il n'y aura pas de haircut, mais il est appliqué de manière indirecte", a-t-il estimé, critiquant le fait que le plan du gouvernement pour le redressement du pays a été développé ''en coopération avec les responsables de l'effondrement". M. Roukoz a encore reproché aux responsables d'avoir exclu "les députés indépendants et les représentants du soulèvement populaire" de la réunion organisée à Baabda pour présenter ce plan.
"Une justice indépendante et impartiale"
L'ancien général a estimé que "les réformes efficaces doivent commencer par une refonte structurelle du secteur public et la mise en place d'un système juste, fondé sur des réseaux de solidarité sociale". Et d'insister sur le fait que toute réforme est conditionnée par "une justice indépendante et impartiale".
"Les tergiversations" de la classe économique et politique au pouvoir "ne peuvent plus fonctionner" depuis la révolution du 17 octobre, a-t-il déclaré, affirmant que ce mouvement de contestation avait créé "une nouvelle réalité" dans le pays. M. Roukoz a dans ce contexte appelé à "la révolution", à commencer par une remise en question du peuple lui-même, qui a permis de réélire "la même équipe qui a saigné le pays à blanc". "Les Libanais ne doivent plus accepter de vivre dans une ferme", a-t-il lancé, appelant à mener une révolution "contre tout le régime actuel, basé uniquement sur une politique de lutte d'influence, de communautarisme et de clientélisme". S'adressant aux Libanais, il a déclaré que "la rébellion et le non-conformisme sont les fondations de la vraie liberté, tandis que l'obéissance est à la base de l'esclavagisme". "une nouvelle révolution est inéluctable".
Elle est fatiguée, confinée,elle a faim cette révolution. Elle a besoin de nourriture, pour se relever. Elle ne veut plus rien. Elle a peur de demain.
21 h 28, le 14 mai 2020