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A Dakar, l'ordre de fermer les mosquées cause des crispations


La mosquée Massalikoul Djinane, à Dakar au Sénégal, le 20 mars 2020. Photo REUTERS/Sylvain Cherkaoui

L'ordre de fermer les mosquées de Dakar pour contenir le coronavirus a provoqué des crispations vendredi, jour de la prière hebdomadaire, confirmant le caractère ultra-sensible d'une décision des autorités civiles faisant primer l'intérêt sanitaire.

Deux responsables religieux ont été interpellés dans le quartier de Colobane pour avoir tenu une prière collective, avant d'être relâchés, a-t-on appris de source policière. "Il y eu des récalcitrants dans plusieurs zones", a dit cette source policière. Des fidèles ont aussi prié en groupe à Yoff, autre quartier populaire, a dit un responsable de la gendarmerie.

Les policiers ont interpellé trois journalistes, dont un vidéaste de l'AFP venu tourner auprès de la mosquée des mourides, présentée comme l'une des plus grandes d'Europe de l'Ouest. La mosquée est bien restée fermée, mais un officier a affirmé qu'il était interdit de filmer, sans que cet interdit semble avoir été communiqué préalablement à la presse. L'interpellation a provoqué un attroupement de quelques dizaines de personnes que les policiers ont dispersées à l'aide de gaz lacrymogènes, ont constaté les journalistes de l'AFP. Les journalistes ont ensuite été relâchés.

Les autorités ont décidé jeudi soir que les mosquées de Dakar et de sa région resteraient fermées jusqu'à nouvel ordre pour faire barrage au coronavirus. La situation d'interdit ou non était beaucoup plus confuse en dehors de la capitale. Alors que la puissante confrérie des mourides s'est conformée à l'ordre de fermeture de sa mosquée à Dakar, ses fidèles ont prié collectivement et en nombre à Touba, capitale du mouridisme, ont indiqué à l'AFP un témoin, un responsable mouride et la presse locale.

L'homme de confiance du président Macky Sall, Mahammed Boun Abdallah Dionne, était lui-même présent, ainsi que le chef de la confrérie, le khalife général Serigne Mountakha Mbacké, selon les mêmes sources. Deux sources à la présidence ont décliné tout commentaire sur la présence de M. Dionne.

Des prières collectives ont également été organisées à Kaolack (centre), selon un habitant. Le président sénégalais a pourtant interdit les rassemblements depuis le 14 mars. Mais le maintien ou non de la prière collective du vendredi, avec les risques sanitaires qu'elle représente, a divisé l'opinion ces derniers jours, y compris les responsables musulmans.

Près de 95% de la population sénégalaise est musulmane.

Le khalife général des mourides lui-même a attendu le dernier moment pour passer la consigne de fermeture de la mosquée de Dakar.

Une consigne contraire aurait constitué un coup de tonnerre et un acte de défi. Elle aurait probablement été très largement suivie par les fidèles qui écoutent le khalife avant toute autre personnalité.

L'ordre de fermer les mosquées de Dakar pour contenir le coronavirus a provoqué des crispations vendredi, jour de la prière hebdomadaire, confirmant le caractère ultra-sensible d'une décision des autorités civiles faisant primer l'intérêt sanitaire.Deux responsables religieux ont été interpellés dans le quartier de Colobane pour avoir tenu une prière collective, avant d'être...