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Culture - Exposition

Les pins de Beyrouth, ces « vieux amis » de Franck Christen

Le photographe français, habitué de la galerie Tanit, revient y faire un tour avec une douzaine de photographies et quelques sérigraphies réunies sous l’intitulé « Old Friends ».

« Beyrouth 2019 », de Franck Christen, impression pigmentaire sur papier fine-art, 120 x 90 cm, éditions de 6. Courtesy Galerie Tanit et l’artiste

Franck Christen a de nombreux amis au Liban. Depuis le temps qu’il expose à la galerie Tanit, « 21 ans », précise-t-il, le photographe français y a tissé de nombreux liens. Avec, entre autres, Kamal Mouzawak, Milia Maroun, Rania Sarakbi et bien sûr sa galeriste Naïla Kettaneh-Kunigk, égrène-t-il spontanément au cours de la conversation. Mais aussi, plus secrètement, avec… les bosquets de pins de Beyrouth. Et cela depuis qu’il en avait fait le sujet d’une première série photographique en 2004.

Depuis, Franck Christen était revenu à maintes reprises au pays du Cèdre. Il y avait présenté différents travaux traitant de différents thèmes, toujours à la galerie Tanit. Dont la dernière en 2015, intitulée Undercover, avait laissé le souvenir marquant d’un hibou qu’il avait portraituré, bombant le torse et plongeant sa rétine jaune perçante dans celles des spectateurs…


L’émotion des retrouvailles
Et voilà que les conifères de Beyrouth le rattrapent à nouveau. « En fait, il y a juste un an, en janvier dernier, de passage au Liban, pour l’anniversaire d’une amie, je m’étais rendu avec Naïla Kettaneh au musée National. En prenant l’ascenseur extérieur du musée, j’ai eu sous les yeux les bosquets de l’hippodrome. Et là, j’ai éprouvé une forte émotion, comme l’impression de retrouver de vieux amis », raconte cet artiste, qui confie avoir « un lien très sentimental avec les pins de Beyrouth ». Il s’y plonge à nouveau durant une semaine pour les immortaliser, dresser leur portrait comme il le ferait d’amis longtemps perdus de vue. Et retrouvés avec bonheur mais aussi une pointe de nostalgie du temps qui passe…


Narrations silencieuses
Cette tendresse portée à cet arbre méditerranéen, Franck Christen, l’Alsacien (il est né en 1971 et a passé toute sa jeunesse dans la nordique ville de Mulhouse), l’exprime avec douceur et harmonie dans douze clichés grand format (120 x 95 cm tirés chacun en éditions de 6) composés en « mode portrait » et non pas en vues paysagères.

Car ces images de pins prises sans le moindre artifice, simplement en contre-jour, en versant ainsi dans la non-couleur, font émerger chez les spectateurs des représentations mentales de hautes silhouettes en apartés, comme penchées les unes vers les autres dans des espèces de chuchotements évoquant des histoires de forêts enchantées… Ou désenchantées, serait-il peut-être plus juste de dire, au vu de la déliquescence que subit le pays où elles sont enracinées.

Beyrouth v/s Rome ?
Une interprétation un peu mélancolique qui se justifie d’autant plus que cette série de six photographies de pins beyrouthins est complétée par une seconde de cinq photos plus joyeusement colorées de pins… romains. « Ce sont ceux des jardins de la villa Borghèse de Rome, où je m’étais rendu en mars dernier. Et dont un ami italien m’avait confié qu’ils avaient été offerts par les Libanais. Légende ou vérité ? Je ne peux rien confirmer. Mais cette coïncidence me semblait d’autant plus symbolique que les pins de Beyrouth viennent eux, dit-on, de Toscane », signale le photographe. Lequel aime révéler dans ses œuvres, toujours sous-tendues d’une narration silencieuse, la quintessence des choses et les relations secrètes qu’elles tissent entre elles.


De la contemplation à la joie des couleurs
Faire dialoguer ces « vieux amis » implantés des deux côtés de la Méditerranée correspondait parfaitement au souffle romantique et contemplatif qu’aime retransmettre Franck Christen dans ses images techniquement numériques, mais empreintes d’un intemporel classicisme. Bref, déambuler à la galerie Tanit, c’est s’offrir un voyage méditatif et poétique entre les pins de Beyrouth et ceux de Rome. Mais aussi, faire une digression « pop art ». Car l’artiste y présente également, dans les salles intérieures, une suite de « vibrionnantes » sérigraphies inspirées des « bouquets » d’Adolph Braun, l’un des pionniers de la photographie en France des années 1850.

« En photographie, on est toujours plus ou moins confronté aux couleurs de la réalité. Alors que la sérigraphie représente pour moi la joie de la couleur », indique l’artiste diplômé de La Cambre, bruxellois d’adoption où il enseigne à l’École nationale supérieure des arts visuels (Ensav).

Galerie Tanit Mar Mikhaël, East Village. Jusqu’au 10 mars.

Franck Christen a de nombreux amis au Liban. Depuis le temps qu’il expose à la galerie Tanit, « 21 ans », précise-t-il, le photographe français y a tissé de nombreux liens. Avec, entre autres, Kamal Mouzawak, Milia Maroun, Rania Sarakbi et bien sûr sa galeriste Naïla Kettaneh-Kunigk, égrène-t-il spontanément au cours de la conversation. Mais aussi, plus secrètement,...

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