Des jeunes manifestants libanais coupant une route de Abdé, dans le Akkar, le 6 janvier 2020. Photo Ani
Les contestataires libanais, qui sont mobilisés depuis le 17 octobre contre le pouvoir en place, ont à nouveau eu recours à l'escalade de leur mouvement lundi et fermé de nombreuses routes du pays.
Ces coupures de route étaient courantes au début du mouvement, de nombreux grands axes étant restés fermés pendant parfois des jours entiers. Mais face à l'opposition autant de certains citoyens que des responsables politiques, et alors que certains sit-in dégénéraient parfois en affrontements avec les forces de l'ordre, les protestataires avaient eu moins régulièrement recours à cette stratégie au cours des dernières semaines.
En fin de journée, lundi, les manifestants sont toutefois revenus en force sur les routes du pays, qu'ils ont parfois coupées à l'aide de pneus enflammés, comme dans le sud de Beyrouth, au carrefour dit "de la Cité sportive", et sur la route de Kaskas.
Les protestataires ont également bloqué l'autoroute du nord au niveau de Jbeil, ainsi que dans le Kesrouan. Dans cette région, les contestataires ont brièvement fermé la route allant de Sarba à Beyrouth, avant que les forces armées n'interviennent pour la rouvrir. Plus tôt dans la journée, des contestataires avaient également coupé toutes les voies de l'autoroute au niveau de Zouk Mosbeh afin de protester contre l'arrestation d'un des leurs, mis en garde à vue par l'armée pour avoir incendié un distributeur automatique de billets dans cette localité.
Dans le Metn, les contestataires ont brièvement fermé la voie expresse menant vers Baabdate au moyen de pneus enflammés.
Dans la Békaa centrale, les routes Jdita, Maksé et Ghazzé ont été fermées par des manifestants au moyen de pneus enflammés, selon notre correspondante sur place Sarah Abdallah.
Au Nord, l'autoroute de Mina a été fermée dans les deux sens. La route de Beddaoui, reliant Tripoli au Akkar, a également été fermée au niveau de la mosquée Salah el-Din. Dans le Akkar, des jeunes ont encore bloqué le rond-point de Abdé avec un barrage de pneus et de déchets enflammés.
Depuis plus de deux mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné l'ex-ministre Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Ce dernier a promis la formation d'un gouvernement de technocrates indépendants, comme le réclament les manifestants. Ces derniers rejettent toutefois la nomination de M. Diab qu'ils estiment issu de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ. Ils ont tenu hier un nouveau sit-in devant le domicile de M. Diab, qu'ils ont copieusement hué. Selon plusieurs responsables et observateurs, la naissance du gouvernement Diab pourrait intervenir dans les prochains jours.
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