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L'Iran augmente drastiquement les prix de l'essence

Photo d'archives AFP / ATTA KENARE

L'Iran, plongé dans une grave crise économique, a augmenté vendredi d'au moins 50% le prix de l'essence afin, selon son président Hassan Rohani, d'aider ses habitants dans le besoin en redistribuant les bénéfices et non pour combler son déficit budgétaire.

L'Iran est l'un des pays où l'essence est la plus subventionnée : le prix du litre était jusqu'alors fixé à 10.000 rials iraniens, soit moins de huit centimes d'euros.

"Augmenter les prix du pétrole (...) permet d'aider les franges de la société en difficulté", soit "75% de la population", a déclaré M. Rohani au cours d'une réunion du gouvernement, selon l'agence officielle Irna. "Personne ne devrait imaginer que le gouvernement a fait ceci car il fait face à des difficultés économiques ; pas un rial n'ira au Trésor (public)", a-t-il ajouté.

Chaque conducteur disposant d'une carte pour faire le plein à la pompe paiera désormais 15.000 rials (11 centimes d'euros) par litre pour un maximum de 60 litres d'essence par mois, a indiqué dans un communiqué la Compagnie nationale iranienne de distribution des produits pétroliers (NIOPDC). Au-delà, chaque litre supplémentaire coûtera 30.000 rials (22 centimes d'euros).

Ces cartes avaient été introduites en 2007 lorsque le gouvernement avait déjà tenté de réformer le système de subventions et de lutter contre la contrebande. Ces cartes avaient été progressivement abandonnées, avant leur réintroduction en novembre 2018.

Selon M. Rohani, les revenus tirés de la réforme du prix de l'essence bénéficieront à près de 60 millions d'Iraniens.

Les premiers versements seront réalisés sous 10 jours, selon le responsable de la Planification et du Budget, Mohammad Bagher Nobakht, cité par Irna. Les montants iront de 550.000 rials (environ 4,2 euros au taux du marché libre) pour les couples à 2 millions de rials (15,8 euros) pour les foyers de cinq personnes et plus.

Encouragée par les prix bas, la consommation de carburant est élevée en Iran, où les 80 millions d'habitants consomment en moyenne 90 millions de litres par jour, selon Irna.

Division

La faiblesse des prix du carburant entraîne une forte contrebande, estimée --selon Irna-- à entre 10 et 20 millions de litres par jour, écoulés principalement au Pakistan voisin où les carburants se vendent plus chers.

La contrebande a aussi été dopée par la chute du rial sur le marché des changes, liée pour partie aux sanctions économiques rétablies à partir de 2018 par les Etats-Unis, après leur retrait de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015.

M. Rohani a indiqué avoir résisté à des appels au sein du gouvernement à augmenter les prix de l'essence au niveau d'autres pays dans la région, affirmant que cela ferait augmenter l'inflation.

L'inflation est de plus de 40% en Iran et, selon le Fonds monétaire international (FMI), l'économie doit se contracter de 9% cette année, avant d'afficher 0% de croissance en 2020. La hausse du prix de l'essence divise toutefois sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique qui critique le moment choisi par le gouvernement sans remettre en cause sa nécessité.

Sur Twitter, le politicien conservateur Ahmad Tavakoli a affirmé que la hausse "transférerait seulement le poids de l'incompétence du gouvernement sur les épaules du peuple".

Selon le réformateur Mostafa Tajzadeh, augmenter les prix de l'essence au moment où l'inflation, le chômage et les sanctions sont forts est une mauvaise idée.

"Les prix de l'essence étaient si bas que, même avec la nouvelle hausse, les riches en profitent toujours", a tweeté le journaliste Ali Asghar Shafieian, sous-entendant que si le but était de taxer les plus riches, principaux consommateurs d'essence, pour redistribuer aux pauvres, alors la hausse devrait être plus conséquente.

L'Iran, plongé dans une grave crise économique, a augmenté vendredi d'au moins 50% le prix de l'essence afin, selon son président Hassan Rohani, d'aider ses habitants dans le besoin en redistribuant les bénéfices et non pour combler son déficit budgétaire. L'Iran est l'un des pays où l'essence est la plus subventionnée : le prix du litre était jusqu'alors fixé à 10.000 rials...