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Moyen Orient et Monde - Tensions

La détente irano-saoudienne dans le Golfe compromise ?

Un tanker iranien a été endommagé par des missiles ; Washington envoie 3 000 soldats de plus en Arabie saoudite.

Photo montrant le pétrolier iranien Sabiti naviguant dans la mer Rouge. Photo Société iranienne de pétroliers nationale via WANA (Agence de presse de l’Asie de l’Ouest) via Reuters

Washington a-t-il répondu à Téhéran? En pleine mer Rouge – sur fond de tensions entre l’Iran et les États-Unis–, un tanker iranien, le « Sabiti », a été endommagé hier matin par deux explosions survenues à une vingtaine de minutes d’intervalle, à une centaine de kilomètres du port saoudien de Djeddah. La piste terroriste a été aussitôt envisagée par les experts iraniens, selon l’agence iranienne ISNA qui a ajouté qu’une enquête est en cours sur les origines des explosions. L’attaque a été lancée « depuis un endroit près du corridor (maritime par lequel passait le tanker), dans l’est de la mer Rouge », a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères, sans donner plus de précisions. « Ceux qui sont derrière cette attaque seront responsables des conséquences, y compris de la dangereuse pollution environnementale causée par ces attaques », a lancé le porte-parole du ministère, Abbas Mousavi, cité par la télévision publique iranienne. La coque du navire, endommagée par les explosions, a en effet provoqué un écoulement de pétrole dans la mer Rouge. Celui-ci a néanmoins pu être rapidement maîtrisé.

Les explosions « ont probablement été causées par des frappes de missiles », a indiqué de son côté la National Iranian Tanker Company (NITC), opérateur administrant la flotte des navires pétroliers de l’Iran, précisant que « tous les membres de l’équipage (du navire) sont sains et saufs », que le navire se dirigeait vers les eaux du Golfe et que les personnes à bord tentaient de réparer les dégâts. Cet incident intervient près d’un mois après la double attaque contre deux des plus importantes stations pétrolières saoudiennes appartenant au groupe Saudi Aramco, le 14 septembre dernier. Elles avaient été revendiquées par les milices yéménites houthies, soutenues par l’Iran, mais les États-Unis et l’Arabie saoudite les avaient directement imputées à la République islamique qui avait, de son côté, nié toute implication. Elles avaient alors laissé craindre un conflit ouvert entre Téhéran et Riyad.Washington, « protecteur » des pétromonarchies du Golfe, n’avait pas répondu à ces attaques. Mais, selon certains analystes, l’incident d’hier est signé Washington. « Il semblait presque inévitable que les États-Unis se sentent obligés de se venger de l’attaque contre Saudi Aramco afin de dissuader de nouvelles attaques », explique Ali Vaez, spécialiste de l’Iran au sein du Crisis Group, contacté par L’Orient-Le Jour, estimant qu’il « était clair que les États-Unis et leurs alliés régionaux préfèrent les options non directes. L’incident d’hier pourrait bien être cette réponse secrète ».


(Pour mémoire : Le pétrolier suédois Stena Impero libéré par l’Iran)



Tentative de réconciliation compromise

L’incident d’hier – qui a provoqué une hausse du prix du baril de Brent de plus de 2 % – est le premier visant un navire iranien depuis le début des regains de tensions américano-iraniennes, en mai dernier. De nombreuses attaques contre des pétroliers étrangers – et attribuées à Téhéran – ont en effet été recensées dans la région du Golfe, au niveau du détroit d’Ormuz, artère vitale pour la circulation des hydrocarbures dans le monde. La mer Rouge a été moins visée, mais des accrocs ont eu lieu. « Ces derniers mois, d’autres actes de sabotage contre des pétroliers iraniens ont eu lieu dans la mer Rouge et des enquêtes sont en cours sur leurs auteurs », a toutefois affirmé M. Mousavi cité par l’agence iranienne Mehr. Déjà le 2 mai dernier, le gouvernement iranien reprochait aux autorités saoudiennes d’avoir capturé un navire iranien et retenu son équipage en otage.

Sans que les deux sujets soient nécessairement liés, Washington a fait savoir hier qu’il déployait 3 000 soldats supplémentaires en Arabie saoudite, ainsi que des systèmes antimissiles et des avions de combat, moins de trois semaines après avoir déjà envoyé 200 militaires supplémentaires sur place. Il s’agissait alors du premier déploiement du genre depuis le retrait des troupes américaines en 2003. « Avec les autres déploiements, cela représente 3 000 soldats supplémentaires qui ont été prolongés ou autorisés au cours du dernier mois », selon un communiqué du Pentagone. Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane a été informé hier du déploiement supplémentaire, qui vise à « assurer et améliorer la défense de l’Arabie saoudite », précise le communiqué.L’attaque contre le pétrolier iranien intervient également à un moment où une tentative de détente entre Téhéran et Riyad était peu à peu en train de se mettre en place, sous la médiation du Pakistan, mais aussi de l’Irak, deux pays entretenant des relations à la fois avec l’Iran et l’Arabie saoudite. Le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi aurait, à l’issue de sa visite en Arabie saoudite fin septembre, obtenu la bénédiction du royaume wahhabite pour organiser une rencontre entre Saoudiens et Iraniens. « De nombreux pays de la région s’inquiètent d’une nouvelle escalade dans la région et ont offert leur aide pour assurer la médiation entre l’Iran et l’Arabie saoudite », explique Ali Vaez, nuançant toutefois qu’aucun d’entre eux n’a « de mandat clair ». « Il ne semble pas y avoir de conclusion claire à Riyad que le moment est venu de se réconcilier avec Téhéran », conclut-il. L’attaque d’hier pourrait d’ailleurs avoir compromis cette tentative de réunir Iraniens et Saoudiens autour d’une même table.

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commentaires (3)

Détente compromise? Quelle détente ? D’avoir avalé la couleuvre du coup sur Alkhobar ?

LeRougeEtLeNoir

11 h 44, le 12 octobre 2019

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Commentaires (3)

  • Détente compromise? Quelle détente ? D’avoir avalé la couleuvre du coup sur Alkhobar ?

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 44, le 12 octobre 2019

  • Les bensaouds n'ont pas d'autres choix que de se rendre auprès de l'Iran NPR pour une capitulation en douceur, plutôt que de se laisser manipuler par des voraces qui VONT FINIR PAR L'ABANDONNER COMME C'EST LE CAS AVEC LES KURDES EN CE MOMENT. Le salut de cette famille NE PEUT PAS ÊTRE MISE ENTRE LES MAINS DE PRÉDATEURS DIRIGÉS PAR UN CLOWN DÉSÉQUILIBRÉ.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 34, le 12 octobre 2019

  • LA DETENTE N,EST PAS COMPROMISE LORSQUE L,IRAN ATTAQUE LES NAVIRES DES AUTRES ET EST COMPROMISE QUAND UN NAVIRE IRANIEN EST ATTAQUE ? L,ABERRATION EST GRANDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 12 octobre 2019

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