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Culture - Rencontre

Souad Massi : C’est une belle récompense que de lancer mon album au Liban

Lors d’un concert unique au MusicHall, dans le cadre d’une coproduction French Bibes/Élftériadès, en partenariat avec l’Institut français du Liban, la chanteuse algérienne a présenté au public libanais, en avant-première, son album « Oumniya » avant de s’envoler vers d’autres destinations.

Souad Massi : « Pas de fioritures dans “Oumniya”, je suis allée à l'essentiel. » Photo Michel Sayegh

« Je n’ai pas fait exprès de lancer mon album à partir du Liban, mais c’est arrivé ainsi et je me suis dit pourquoi pas ? J’ai un très beau public à Beyrouth qui me soutient. Il y a, ici, un public critique et doté d’une culture musicale assez riche. Je considère donc que c’est une belle récompense que de lancer Oumniya à Beyrouth. »

Voilà ce que disait Souad Massi, mardi, quelques heures avant son rendez-vous (un parmi tant d’autres) avec le public libanais, venu nombreux applaudir la chanteuse kabyle au MusicHall Waterfront, dans une coproduction French Vibes/Élftériadès, en partenariat avec l’Institut français du Liban. Ce n’est pas la première fois que Souad Massi fait une escale libanaise. « J’ai beaucoup d’affinités avec le Liban et je trouve même qu’il a certaines similitudes avec mon pays natal », dira-t-elle. Ce Pays natal (paroles de Françoise Mallet Joris) d’ailleurs, dont elle se fait le troubadour dans ce nouvel album. « Outre les senteurs communes à ces deux pays, tels les arômes des fruits ou l’odeur du pain chaud, il y a la modernité et l’esprit libre qui les rapprochent. De plus, j’admire cette faculté d’adaptation qui caractérise les Libanais, et je découvre à chaque fois quelque chose de nouveau qui m’exalte. »

Oumniya, c’est un souhait susurré d’un cœur à un autre. Un désir de se dévoiler, de se mettre à nu qui se fait soudain urgence. C’est un chuchotement qui devient un cri. C’est le vécu d’une chanteuse qui a quitté son pays natal très tôt et qui a su défier tous les tabous sociaux. Oumniya, c’est, enfin, une revendication d’exister. Mais c’est aussi l’album de la maturité. « Quand j’étais jeune, je n’osais pas aborder certains sujets. Je m’autocensurais, avoue Massi. Est-ce lié à notre éducation? À notre culture ? Probablement. » Fière de l’écriture de cet album qui lui a nécessité quatre ans de travail, la chanteuse berbère se dit être enfin libérée. « Avec la maturité, je me suis permis d’écrire librement, tant sur des sujets politiques que sur l’amour. J’ai appris à partager mes expériences personnelles et mes émotions. Je ne crains plus les préjugés, ni la critique des autres. Je préfère, par contre, regarder tous ceux et celles, ostracisés, que je réussis à toucher avec mes mots et qui, je suppose, pourraient se sentir mieux dans leur peau après les avoir écoutés. »


Toujours l’enfant de ce peuple

C’est à 25 ans que Souad Massi se voit forcée de quitter son pays. Sentant qu’elle ne pouvait évoluer en tant qu’artiste et en tant que femme « au sein d’un État qui ne connaît que la violence et la répression », elle ira chercher en France cet espace de liberté auquel elle aspirait et où elle pourrait s’exprimer. Son premier titre Raoui est un hit. Le ton est donné. Souad Massi sera une chanteuse conteuse. Ce titre lui ouvre des portes incroyables et lui fait faire des rencontres qui jalonneront son parcours. « Il me suffisait parfois que quelqu’un me tende la main... »

Depuis, elle chante, collabore avec d’autres interprètes, enchaîne les voyages. Ses chansons prennent l’allure d’engagements. « Aujourd’hui, pour moi c’est une obligation. On ne peut plus rester silencieux devant une Algérie qui s’écroule devant nos yeux. Il faut qu’on se solidarise tous devant ce danger imminent qui guette notre pays. Résister, même dans le calme et avec le sourire, tout en dénonçant et en revendiquant nos droits afin de retrouver notre dignité. »

Si ses chants se diversifient et mêlent des styles aussi variés que le folk-rock, le chaabi et la musique arabo-andalouse, ses textes racontent en arabe algérien, parfois en français, et quelquefois en anglais et en langue berbère, des histoires personnelles, mais aussi les récits des autres. À l’écoute du monde, toutes les douleurs résonnent en Souad Massi. Ses chansons populaires sont empreintes de poésie, mais aussi de nostalgie, de cette belle nostalgie chaleureuse, solide. « Je n’ai pas le droit, précise-t-elle, de la manipuler.

Ce serait une trahison et un gros mensonge car je suis une personne libre qui voyage beaucoup. Je vais d’ailleurs souvent en Algérie. » Souad Massi n’a pas l’âme d’une exilée. Elle se sent toujours « l’enfant de ce peuple ». L’album Oumniya, qui se rapproche des sonorités de son premier album avec des incursions de violon, est acoustique et très épuré. « Cette fois-ci, je n’ai pas fait de fioritures. Je voulais mettre en avant les textes. Je suis allée à l’essentiel. »


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