Rembrandt van Rijn, « Les Trois Croix », 1653. Crédit Rijksmuseum
C’est l’un des plus grands peintres hollandais de son temps. Né en 1606, il disparaît en 1669, il y a tout juste 350 ans. Rembrandt von Rijn est célébré durant toute l’année 2019 aux quatre coins de son pays, sans compter les nombreuses manifestations à Dresde, Hambourg, Munich, Madrid, Londres… Un anniversaire en grande pompe. Le Mauritshuis de La Haye, par exemple, qui héberge les plus belles peintures néerlandaises de l’âge d’or, expose sa collection de seize chefs-d’œuvre (La leçon d’anatomie, La prière de Siméon…), au milieu de magnifiques toiles de maîtres flamands et hollandais. Quant au musée Het Rembrandthuis, la maison du peintre à Amsterdam, il propose trois événements successifs : « Le réseau social de Rembrandt », consacré aux relations du peintre et au rôle qu’elles ont joué dans sa vie, « Inspired par Rembrandt », composé de la collection de tableaux et accompagné de tableaux de Hercule Segers, Edgar Degas, Pablo Picasso, Willem de Ouden… avant de clore avec « Laboratorium Rembrandt » (septembre 2019-juin 2020) où sera créé un laboratoire afin de révéler des recherches nouvelles sur son pinceau…
« Tout Rembrandt » est l’exposition du Rijksmuseum qui retient particulièrement l’attention, entre les mille canaux et ponts romantiques de la capitale néerlandaise. Ce musée ne lésinera pas sur sa collection. Tout est exposé : vingt-deux tableaux, soixante dessins et trois cents gravures, malgré la fragilité de certaines, couvrant les différents périodes et styles. Fait unique pour ce peintre et graveur baroque, l’un des plus grands conteurs de l’histoire de l’art qui n’a rien à envier à son collègue des Flandres, l’élégant Rubens, peintre prolixe et présent dans tous les grands musées du monde.
Rembrandt, marqué par une éducation religieuse, a compris l’importance de l’histoire et la restitue à l’échelle humaine dans ses tableaux. Il participe à l’essor du siècle d’or néerlandais. Ses peintures magistrales de l’histoire biblique, mythologique ou encore allégorique témoignent de cela et dévoilent son grand talent pour la disposition des personnages, dans des changements de style remarquables, non comme une évaluation du pinceau mais au cœur de recherches picturales narratives. Il maîtrise les jeux de lumière et d’obscurité en un clair-obscur qui fait de lui un maestro de cette technique particulière après Léonard de Vinci et le Caravage, où les lumières et des ombres s’enrichissent mutuellement. Les tableaux sont alors nimbés de lumière et auréolés d’ombre en des hypostases ravissantes. Comme un crépuscule flavescent qui se balance dans un jeu subtil de clarté et de scènes ombrées et fuligineuses. C’est exactement la lumière dans ses ombres !
Il est également le champion incontesté de l’autoportrait, précurseur de ce qu’on appelle vulgairement de nos jours le selfie, peignant ou gravant son visage une centaine de fois avec des costumes et des coiffures différents. C’est une audace de se placer au premier plan, un engouement pour le travestissement, des trophées vendus ensuite aux collectionneurs.
À l’instar de Dürer deux siècles plus tôt, également fasciné par les autoportraits, les xylographies et les gravures dans son atelier de Nuremberg, Rembrandt graveur va réaliser principalement des eaux-fortes, inspiré par une iconographie biblique de l’Ancien et du Nouveau Testaments, sans oublier les paysages, ses parents, des portraits de vieillards et de mendiants.
Le Rijksmuseum propose également, depuis juillet 2019, une restauration publique (retransmise aussi sur internet) de la toile La ronde de nuit, l’un de ses plus célèbres tableaux et le plus grand (379,5 cm x 435,5 cm), qui trône dans la galerie d’honneur du musée, avant de présenter à l’automne « Rembrandt-Vélasquez » qui réunira autour de ces deux peintres Murillo, Zurbaran, Vermeer, Hals et Ribera.
Pour mémoire
Quand Rembrandt, Vermeer et le siècle d’or hollandais visitent Abou Dhabi