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Culture - Focus

Le piège d’une silencieuse domination masculine

« Le piège ».

Fakh, ou le piège. C’est le nom du deuxième court-métrage de Nada Riyadh, réalisatrice égyptienne, qui met en scène une jeune femme tentant de rompre avec son amant alors qu’elle est partie passer quelques jours avec lui dans une station balnéaire. Le lieu de l’action, Agami, est un endroit délabré, sale, reculé ; c’est une métaphore, selon la réalisatrice, de la décadence de la société actuelle. Cela peut aussi être perçu comme une autre métaphore : celle de la déliquescence d’un couple à l’écran, en train de dépérir sous nos yeux.

Tout au long du court-métrage, la jeune protagoniste Shaza Moharam essaye de repousser les avances de son compagnon, interprété par Islam Alaa qui, lui, semble être sourd à son refus, la poursuivant de plus belle. Il y a, dans Fakh, peu de dialogues. Tout se concentre dans les expressions du visage de la jeune fille, dans ses yeux baissés, dans ses sourires figés, dans ses mains qui repoussent. Lorsqu’elle ose parler, pour dire qu’elle va partir, les mots sont teintés d’angoisse, comme si elle voulait les expédier le plus vite possible. Lui est plus ambigu : tantôt il explose de violence, envoyant valser quelque chose, tantôt il semble détendu. Ce contraste angoisse le spectateur, rendant le court-métrage d’une extrême densité. Et le paradoxe atteint son point culminant au cours des dernières minutes : alors qu’elle s’apprête à franchir la porte, il semble coopératif. C’est la suprématie de la force qui va prendre le dessus et faire la surprise du film. Si le « non » n’est pas prononcé, il est cependant lisible sur son visage pendant toute la durée du court-métrage.

Fakh est sans aucun doute un court-métrage politique. En prenant appui sur un langage corporel significatif, il met en lumière la domination silencieuse mais bien réelle qui se fait jour au sein du couple à l’écran. Le film prouve ainsi, une fois de plus, que le consentement n’est pas qu’une question de paroles et de mots. Et la voix étouffée de la protagoniste tient lieu d’écho avec la parole bafouée des femmes auxquelles on reproche aujourd’hui encore de n’avoir pas dit « non ».

Fakh, ou le piège. C’est le nom du deuxième court-métrage de Nada Riyadh, réalisatrice égyptienne, qui met en scène une jeune femme tentant de rompre avec son amant alors qu’elle est partie passer quelques jours avec lui dans une station balnéaire. Le lieu de l’action, Agami, est un endroit délabré, sale, reculé ; c’est une métaphore, selon la réalisatrice, de la décadence de...

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