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Sport - Cyclisme / Tour de France

Un match, un rêve, un maillot

La 106e édition de la Grande Boucle est aussi passionnante qu’indécise et emballe les spectateurs autant que les organisateurs.

Un 106e Tour de France cycliste aussi passionnant qu’indécis : à six jours de l’arrivée, un formidable match se dessine entre Thibaut Pinot, pour une victoire française qui serait historique, et l’équipe Ineos (ex-Sky), habituée à gagner, mais c’est un autre Français, Julian Alaphilippe, qui porte le maillot jaune avant les Alpes.

Ce Tour qui défie la logique emballe les spectateurs et les organisateurs. « Ces deux semaines nous ont comblés », avoue son directeur Christian Prudhomme, qui dresse un tableau des forces réaliste alors que le peloton a tenté de récupérer lors de la seconde journée de repos, hier, dans la fournaise de Nîmes : « Six coureurs peuvent encore gagner. »

Six coureurs ? Les six premiers du classement général après 2 504 kilomètres. Signe du rapport de force qui s’est dessiné dans les Pyrénées, le directeur du Tour commence par Thibaut Pinot (4e à 1 min 50 sec) : « Il est à niveau constant, on l’a vu distancer tous les autres. Julian Alaphilippe a défendu son maillot (jaune) magnifiquement, Geraint Thomas (2e à 1 min 35 sec) a semblé se refaire dans le final du Prat d’Albis. » Mais les autres sont loin d’être hors jeu. Surtout Egan Bernal, le prodige colombien qui semble manquer de fraîcheur mais figure dans une position idéale d’attente (5e à 2 min 02 sec), avec l’avantage d’entrer dans une zone de haute altitude à ses mesures. Le Néerlandais Steven Kruijswijk, la pointe de l’équipe Jumbo la mieux armée peut-être collectivement en montagne voire le jeune Allemand Emmanuel Buchmann (3e du Dauphiné) sont encore dans le coup.

Risque de surchauffe pour Pinot

En deux étapes pyrénéennes, Pinot a effacé les conséquences de sa seule faute grave du Tour, la bordure sur la route d’Albi. Tout ou presque réussit au Franc-Comtois, puissamment aidé par David Gaudu qui justifie pleinement, à 22 ans seulement, les espérances placées en lui. Revenu à une poignée de secondes de ses rivaux directs (Thomas, Kruijswijk), Pinot a les cartes en main et une équipe à sa dévotion. Dans les trois étapes de montagne à venir, de jeudi à samedi, il doit prendre l’avantage si la hiérarchie des Pyrénées se confirme. Restent les fragilités de ce coureur naturel, authentique, emballant, prêt à signer le premier succès français 34 ans après Bernard Hinault. Et le risque d’un coup de froid ou d’un gros coup de chaleur. Or, les prévisions météo annoncent une température caniculaire dans les jours à venir. Mais, rappelle-t-on dans l’équipe Groupama-FDJ, « il faisait 36 degrés quand Thibaut a gagné le contre-la-montre des championnats de France en 2016 ».

Par ailleurs, c’est peut-être la grande nouveauté de cette folle Grande Boucle. Habituée à exercer une domination sans partage depuis 2012, hormis l’exception 2014 (chutes et abandon de Froome), l’équipe la plus puissante du peloton, Ineos, laisse transparaître d’inattendues faiblesses. À l’exemple des lieutenants habituels (Kwiatkowski, Moscon) disparus bien avant le final des étapes de montagne. Philippe Mauduit, le directeur sportif de Pinot, relève : « Ils ont fait décrocher des coureurs très tôt, ils étaient dans la gestion. Pour moi, s’économiser aussi tôt dans le Tour était un signe. » La formation britannique, la seule à disposer de deux cartes en haut de classement (Thomas, Bernal), bénéficie d’un réel avantage. À elle, sous la contrainte, de sortir de sa tactique habituelle, d’être inventive tactiquement.

Toutefois, ses adversaires continuent de se méfier. Le souvenir du Giro 2018, l’inattendu renversement de situation réussi par Chris Froome, est encore dans les mémoires. « La troisième semaine va être terrible. Peut-être ont-ils tout misé sur cette troisième semaine », estime Philippe Mauduit.

Danger d’épuisement pour Alaphilippe

« Ce qui me fait mal, ce sont les deux dernières semaines », a résumé dimanche soir le porteur du maillot jaune, Julian Alaphilippe. S’il est parvenu à contenir son retard dans l’étape de Foix, son visage marqué, ses traits tirés par la fatigue attestent de sa prodigalité dans les efforts consentis, la générosité avec laquelle il a honoré son rang vis-à-vis du public et des médias.

Peut-il récupérer d’ici aux Alpes pour la grande étape de Valloire, jeudi, par Vars, Izoard et Galibier ? Le danger tient à son isolement au sein d’une équipe Deceuninck bâtie pour d’autres terrains que la montagne, à la répétition des passages en haute altitude et surtout à son épuisement. « On ne peut pas être partout », convient le numéro un mondial, auteur d’une saison exceptionnelle. Au moins est-il assuré d’avoir réussi son Tour quel que soit le résultat final. Pour reprendre l’une de ses phrases fétiches : « Maintenant, c’est du bonus. »

Jean MONTOIS/AFP

Un 106e Tour de France cycliste aussi passionnant qu’indécis : à six jours de l’arrivée, un formidable match se dessine entre Thibaut Pinot, pour une victoire française qui serait historique, et l’équipe Ineos (ex-Sky), habituée à gagner, mais c’est un autre Français, Julian Alaphilippe, qui porte le maillot jaune avant les Alpes.Ce Tour qui défie la logique emballe les...

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