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Culture - Sélection

Vingt coups de cœur à lire cet été

L’été est là et les jours de farniente se profilent à l’horizon. Pour cette saison propice à la lecture, voici les vingt coups de cœur de la rédaction, à poser sur votre table de chevet ou à glisser dans votre sac de plage, sac à randonnée ou valise. Romans romantiques, utopiques ou dystopiques ; bandes dessinées biographiques ; proverbes du terroir... Mais aussi quelques titres matière à gymnastique des neurones, entre Nietzsche et Gibran Khalil Gibran. À vos marques (pages) !

« Hikayat adabiyya mina zakira ach-chaabiya » – Salam el-Rassi

Salam el-Rassi, le cheikh et le chantre de la littérature populaire (1911- 2003), a réuni dans 16 ouvrages illustrés des proverbes et des contes libanais. Dans Hikayat adabiyya mina zakira ach-chaabiya (Hachette Antoine), indémodable best-seller, un bouquet d’histoires sont présentées et expliquées en arabe libanais plaisant et divertissant. Ces perles de sagesse sont accompagnées d’illustrations et de caricatures drôles et attirantes. Idéal pour revoir son lexique et le patrimoine oral du pays, ou pour les petits (et grands !) cousins qui viennent du Canada pour l’été. Dans le prologue, l’auteure Emily Nasrallah incite d’ailleurs les lecteurs à s’approprier pleinement ces historiettes qui ouvrent « une fenêtre sur le passé à ces générations qui préparent le futur ».

M.G.H.


« 1984 » – Georges Orwell

Soixante-dix ans tout juste après sa publication, ce classique de la science-fiction n’a pas pris une seule ride : les échos qu’on pourrait faire avec notre époque y sont innombrables. Uniformisation de la pensée, contrôle inconscient du libre arbitre des individus, accentuation des inégalités entre les classes, robotisation des comportements, langue nivelée par le bas… Effrayante de précision, cette dystopie est aussi un véritable chef-d’œuvre littéraire, tant et si bien qu’on pourrait voir 1984 comme le miroir déformant du XXIe siècle, ou une occasion de mieux comprendre les dérives éventuelles de nos sociétés et, surtout, faire en sorte qu’elles ne se réalisent jamais.

E.K.


« La Cerise sur le gâteau » – Aurélie Valognes

En cette saison estivale, où une légère saturation familiale peut parfois se faire sentir, rien de tel qu’un bon roman pour dédramatiser... avec une autre famille. « Quand on s’est retrouvés à la retraite, je me suis rendu compte que j’avais épousé un inconnu, vous m’direz, ça aurait pu être pire, ça aurait pu être un vrai con. » C’est en ces termes que Brigitte réagit face à l’inévitable période de transition qu’implique le passage à la retraite de son mari Bernard dans La Cerise sur le gâteau (Fayard/Mazarine, 2019). Mais entre leurs enfants, assaillis par les injonctions contradictoires de la vie moderne, et leurs petits-enfants, dont l’énergie et l’inventivité sont de puissants ressorts comiques, le couple de sexagénaires se réinvente de manière fantasque et inattendue.

J.H.


« La vie rêvée des chaussettes orphelines » – de Marie Vareille

Après le Prix Confidentielles pour son roman Je peux très bien me passer de toi (éd Charleston), Marie Vareille présente son 7e opus : La vie rêvée des chaussettes orphelines (éd. Charleston). Un récit à la fois tendre, moderne et subtil, mais certainement féminin, qui raconte l’histoire d’Alice, une Américaine à Paris, qui, au fil des pages et de son journal intime, essaye de se reconstruire après une profonde blessure. Une histoire poignante mais pleine d’humour où l’on se retrouve forcément. On a toutes un peu d’Alice en nous.

C.K.


« On s’y fera » – Zoya Pirzâd

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Alors que la saison des mariages et des repas champêtres (plus ou moins décontractés) bat son plein, l’écriture fluide, intimiste et feutrée de la romancière iranienne Zoya Pirzâd peut proposer un contrepoint intéressant. L’héroïne d’On s’y fera (Collection de poche, éditions Zulma, 2019), Arezou, est une femme active et iranienne, qui habite avec sa mère et sa fille à Téhéran. Au-delà de la problématique universelle du positionnement féminin transgénérationnel, le roman brosse le portrait saisissant d’une quarantenaire pleine d’humour, qui recherche une certaine beauté de la vie, avec délicatesse et simplicité, dans une société complexe et contradictoire. Essentiellement constitué de dialogues, le texte se lit facilement, et tisse une trame narrative dense, que l’on quitte à regret.

J.H.


« Rajol min satin » – Sahib Ayoub

Il s’agit là du premier roman du journaliste libanais Sahib Ayoub. Rajol min satin (Un homme de satin, en français, Hachette Antoine) fait partie de ces récits qui commencent par la fin. Son héros, un jeune homosexuel beau comme un dieu, amoureux des tissus, de la dentelle, du satin et du taffetas, meurt dès la première ligne. Le flash-back ramène alors le lecteur vers les événements qui ont précipité cette tragédie. L’histoire se déroule à Tripoli, ville endurcie par sa réalité injuste. Ville jumelle du héros, mais également devenue son cauchemar et son bourreau.

M.G.H.


« No one is too small to make a difference » – Greta Thunberg

« C’est un appel à l’aide. » Dans un anglais simple et efficace, Greta Thunberg, Suédoise de 16 ans, livre un message sans concession, une information brute, sans zones grises. Ce petit livre de poche intitulé No one is too small to make a difference (éditions Pinguin Random House, UK) recueille les grands discours d’une petite femme, exprimant avec une violente clarté la catastrophe écologique actuelle, sans demi-mesure ni demi-mot. Un livre qui fait l’effet d’un véritable coup de poing, celui de l’enfance qui gronde : « Vous agissez comme d’irresponsables enfants gâtés. »

T.V.


« Le loup » – Jean-Marc Rochette

La montagne est son obsession. Adolescent, il fait de l’escalade et du rappel. À 18 ans, avec son ami Bruno, Jean-Marc Rochette frôle la mort à 3 500 m d’altitude. En tombant, il revoit sa vie et se dit qu’il aurait pu être dessinateur. Rescapé, il décide alors de troquer son piolet contre un pinceau. La montagne le rattrape par la main qui dessine et qui peint. Il va la reproduire dans tous ces états, elle devient un personnage à part entière, et lui bédéiste. Dans son nouvel album Le loup (éd. Casterman), à la fois fiction et fable, il exprime encore une fois sa passion pour les sommets et raconte l’histoire d’une vengeance entre un berger et un loup qui a dévoré tout un troupeau...

D.M.


« Souvenirs dormants » – Patrick Modiano

Le passé, les pogroms, les fuites devant la guerre nazie, la survie et des éclats de bonheur qui passent tel un nuage furtif. Voici le monde avec lequel valse, depuis des lustres, Patrick Modiano. À 73 ans, après une œuvre considérable, le lauréat du Nobel de littérature en 2014 revient à la charge avec l’un des derniers ouvrages publiés sur ses Souvenirs dormants (Gallimard). Six femmes rencontrées et perdues de vue dans les années 1960. Bonheur volé, apprentissage du jeu sentimental, écriture sublime, lente, rarement incantatoire mais toujours retenue et flirtant avec un ton glacial. Pour dire, une fois de plus, que les souvenirs ne dorment jamais…

E.D.


« The Prophet » – Gibran Khalil Gibran

La maison britannique Penguin réédite The Prophet, le classique de l’écrivain libanais Gibran Khalil Gibran, ici illustré avec des dessins du poète. Il faut s’y (re)plonger pour effleurer des yeux la condition humaine et ses thématiques. À chacune son chapitre : l’amour, la mort, la religion, la joie et la peine, le commerce, et bien d’autres encore. On pourrait parler de la nouvelle présentation avec couverture en tissu et tranche bleue irisée ; mais, principalement, il y a le texte original, et il se suffit à lui-même.

F.L.


« La succession » – Jean-Paul Dubois

Les romans de Jean-Paul Dubois sont souvent adaptés au cinéma, tous ses héros se prénomment Paul, et son nouvel opus, La succession (éditions de L’Olivier), ne déroge pas à la règle. Paul Katrakilis est un joueur de belote basque professionnel à Miami. Il a fui à la fois et sa famille et son métier. Quand il apprend le suicide de son père, Paul doit se confronter à l’histoire tragique de son ascendance. C’est en vidant la demeure qu’il tombe sur deux carnets noirs tenus par son père. Ils lui apprendront quel sens donner à son héritage. Paul fait partie de cette lignée de personnages de Dubois, attachants et ballottés par l’existence, avec qui l’on partage un bout de route et que l’on n’oublie pas ensuite.

D.M.


« La vie secrète des couleurs » – Kassia St Clair

Saviez-vous que chaque couleur a son histoire ? Dans La vie secrète des couleurs (éditions Chêne), Kassia St Clair raconte les histoires insolites, parfois dramatiques aussi, mais toujours documentées et en lien avec la politique, l’art, la mode ou la guerre, de 75 teintes et nuances. Du bleu que les Romains associaient au deuil, à celui des Égyptiens qui dissipait le mauvais œil, en passant par les origines afghanes du bleu Klein, ou encore la période bleue de Picasso… Du charbon de bois des grottes de Lascaux au rose fluo du mouvement punk, en passant (évidement) par le jaune tournesol de Van Gogh… Un livre très « haut en couleur ».

Z.Z.


« Le Tome II » de l’œuvre de Friedrich Nietzsche

Dix-neuf ans après la sortie du Tome I, la Pléiade a publié, en février dernier, le reste de l’intégralité des œuvres d’un des philosophes les plus fascinants et controversés de la pensée moderne occidentale. Et pourquoi pas emporter ces quelque 1 568 pages au sommet d’une montagne ou devant un joli crépuscule en bord de mer ? Non, vos amis ne vous prendront pas forcément pour un masochiste notoire ou un poète maudit (et ce n’est pas tout à fait la même chose), mais peut-être bien pour un illuminé curieux et ouvert qui aura un peu plus de choses intéressantes à dire entre deux verres !

E.K.


« Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin » – Plateau et de Montaigne

Derrière Martin Luther King et Rosa Parks, il y avait Claudette Colvin, jeune Noire américaine de l’Alabama qui, la première, lance le boycott des bus dans l’Amérique ségrégationniste et raciste des années 1950. En dessins sépia et textes minimalistes, l’illustratrice Émilie Plateau et l’écrivaine Tania de Montaigne racontent dans Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin (Dargaud, 2019) le rôle historique de la jeune femme dans la lutte pour les droits civiques. Une bédé archives contre l’anonymat.

F.L.


« Un petit grain de sable » – Petra Hülsmann

C’est certainement le roman d’été par excellence. De par sa couverture où se mélangent chapeau de paille, lunettes de soleil, fleurs et homards, mais aussi avec ce titre, Un petit grain de sable (éd. l’Archipel). D’ailleurs, dans son avant-propos, Petra Hülsmann, l’une des romancières allemandes les plus populaires, le dédie à la saison d’été. Une histoire d’amour amusante et légère, au style frais et rapide, délicieuse comme un fondant au chocolat et qui se laisse facilement savourer.

C.K.


« Ghost in love » – Marc Levy

Un auteur qui sort du rang. Non par la qualité exceptionnelle de son écriture mais par le succès foudroyant qu’il rencontre à chaque parution de ses romans. Marc Levy, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nouveau Guy des Cars autrefois surnommé maître du roman de la gare tant ses romans absorbaient, le temps d’un voyage en train entre deux destinations, avec son vingtième opus Ghost in love (Robert Laffont) est en tête de liste des livres pour l’été. Titre anglais pour un roman bien français ayant pour cadre San Francisco. L’amour, ses sortilèges, ses fantasmes et ses responsabilités sous la plume d’un auteur qui a quand même le sens des mots. Et le plaisir d’en jouer comme du piano pour son personnage principal virtuose du clavier.

E.D.


« La Tendresse du crawl » – Colombe Schneck

La tendresse, voilà le sentiment qui poursuit le lecteur de ce petit livre (paru aux éditions Grasset). Colombe Schneck, journaliste et romancière qui se dit « la fille la plus larguée du monde », y raconte comment elle retrouve Gabriel, un ami d’enfance qui tombe fou amoureux d’elle, se donne entièrement à elle pendant neuf mois avant de la plaquer tout à coup. Si la trame repose sur une écriture sobre, si elle part de l’intimité d’une histoire d’amour ratée, a priori banale, La Tendresse du crawl réussit par magie à se doubler d’une pertinente analyse sociologique du milieu bobo parisien ainsi que d’une expérience universelle où l’on ne peut que se retrouver.

G.K.


« Les Chroniques de San Francisco » – Armistead Maupin

Alors que Netflix vient de l’adapter en série, après Channel 4 (en 1993) puis Showtime (en 1998 et 2001), cet été est l’occasion idéale de plancher à nouveau sur la saga en neuf tomes d’Armistead Maupin dont le dernier volume est sorti en 2014. Attachantes, à la fois légères et engagées, les Chroniques de San Francisco racontent le déménagement de Mary Ann dans la célèbre cité californienne pour fuir la morosité de sa ville natale ainsi que les péripéties qui s’en suivent alors qu’elle emménage chez Anna Madrigal et rencontre le castelet de personnages que sont ses voisins et collègues. Atemporel et délicieux. En édition de poche chez 10/18.

G.K.


« Avec toutes mes sympathies » – Olivia de Lamberterie

C’est la perte de son frère adoré, Alex, à 46 ans, qui a déclenché le besoin d’écrire de celle qui, jusque-là, trouvait pleinement son bonheur dans la lecture des textes des autres. De ce drame qui l’a « transpercée de chagrin », la chroniqueuse littéraire au magazine Elle, Olivia de Lamberterie, a puisé des mots émouvants, mais aussi souvent joyeux et pleins d’humour, pour raconter les souvenirs d’enfance partagés et la douceur solaire de la complicité fraternelle dans Avec toutes mes sympathies (éd. Stock). Un récit sans morbidité aucune, comme un ultime hommage à « cet être flamboyant, dont la vie fut belle, pleine, passionnante avant de succomber à la mélancolie ».

Z.Z.


« Et nos lendemains seront radieux » – Hervé Bourhis

2020, la présidente française est prise en otage par un couple de terroristes écologiques. Préparant leur coup de longue date, ces verts radicaux contextualisent dans une bichromie rouge et bleue un champ lexical éminemment actuel : désintensiver, syndrome de Willy Wonka, anticonstitutionnel, eugénisme, green-washing, éco-planification, antispécisme etc. Ils dressent l’ébauche d’un programme souverainiste éco-politique d’une étonnante précision. Et nos lendemains seront radieux d’Hervé Bourhis (éditions Gallimard Bande Dessinée) est-il une utopie ou une dystopie ? On vous laisse décider.

T.V.


« Hikayat adabiyya mina zakira ach-chaabiya » – Salam el-Rassi Salam el-Rassi, le cheikh et le chantre de la littérature populaire (1911- 2003), a réuni dans 16 ouvrages illustrés des proverbes et des contes libanais. Dans Hikayat adabiyya mina zakira ach-chaabiya (Hachette Antoine), indémodable best-seller, un bouquet d’histoires sont présentées et expliquées en arabe libanais...

commentaires (2)

@ L’Orient lejour, Merci de corriger. L’auteure a Colombe comme prénom, comme c’est écrit sur la couverture du livre, et non pas Colombine comme c'est annoncé dans le sous-titre. Petite erreur sans importance, et puisqu’il s’agit de Colombine, j’aimerai lui chanter Colombine (de Georges Brassens, parole de Verlaine), de ma plus belle voix, tant que le cri de cœur dans ce livre bien écrit, (la fille la plus larguée du monde) !!!, dépasse et de loin les hautes murailles de ma bibliothèque… Encore une remarque, et à l’avenir, merci de me consulter pour plus de précision, le roman d’un de mes auteurs favoris, Patrick Modiano, ""Souvenirs dormants"", comme annoncé dans cet article en Poche, ne sortira en Poche que le 5 septembre, et donc à la fin de l’été,(l'été libanais est long, certes) et les lecteurs ne le liront qu’à la rentrée, quand le nouveau roman du grand Modiano, ""Encre sympathique"", sera en librairie le 3 octobre. Toutes mes félicitations pour votre choix, pour votre respect de la parité auteur/auteure, sans y perdre avec Armistead Maupin et son génie narratif. Ça alors, je n’y ai jamais pensé, les œuvres de Nietzsche en Pléiade sont à lire en été. Bonne lecture alors……………

L'ARCHIPEL LIBANAIS

21 h 09, le 06 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • @ L’Orient lejour, Merci de corriger. L’auteure a Colombe comme prénom, comme c’est écrit sur la couverture du livre, et non pas Colombine comme c'est annoncé dans le sous-titre. Petite erreur sans importance, et puisqu’il s’agit de Colombine, j’aimerai lui chanter Colombine (de Georges Brassens, parole de Verlaine), de ma plus belle voix, tant que le cri de cœur dans ce livre bien écrit, (la fille la plus larguée du monde) !!!, dépasse et de loin les hautes murailles de ma bibliothèque… Encore une remarque, et à l’avenir, merci de me consulter pour plus de précision, le roman d’un de mes auteurs favoris, Patrick Modiano, ""Souvenirs dormants"", comme annoncé dans cet article en Poche, ne sortira en Poche que le 5 septembre, et donc à la fin de l’été,(l'été libanais est long, certes) et les lecteurs ne le liront qu’à la rentrée, quand le nouveau roman du grand Modiano, ""Encre sympathique"", sera en librairie le 3 octobre. Toutes mes félicitations pour votre choix, pour votre respect de la parité auteur/auteure, sans y perdre avec Armistead Maupin et son génie narratif. Ça alors, je n’y ai jamais pensé, les œuvres de Nietzsche en Pléiade sont à lire en été. Bonne lecture alors……………

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    21 h 09, le 06 juillet 2019

    • Bonjour Monsieur, Merci pour vos précisions. La correction a bien été effectuée. Cordialement

      L'Orient-Le Jour

      21 h 33, le 06 juillet 2019

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