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Culture - Musique

Et le chœur a tracé sa voix... et sa voie

Il y a, dans sa façon de bouger, de sourire et d’écarquiller les yeux, quelque chose de juvénile. Pourtant Paola Ibrahim, alias Pòl, avoue avoir fêté ses 34 ans en même temps que la sortie de son premier CD qu’elle a offert au public le 5 juin lors d’un concert à Citerne Beirut.

Paola Ibrahim, devenue Pòl, se fait un prénom dans la chanson. DR

Quand le clocher de l’église invitait les fidèles à la messe du dimanche, Paola Ibrahim avait déjà pris place au centre du chœur. Impossible d’échapper à ce rituel dominicain et pour cause, son père assurait la célébration de l’eucharistie. Non sans fierté, elle raconte son histoire : « Il était célibataire, avait une foi très solide, une sérieuse vie spirituelle, et désirait se faire ordonner prêtre. Mais il est tombé amoureux de ma mère ! Sans altérer, pourtant, sa vocation. Sa consécration a été mise en attente l’espace de deux ans, le temps de célébrer le mariage et de revenir vers l’Église. » Voilà comment Paola Ibrahim a grandi, parmi les bénitiers et les confessionnaux, dans l’odeur de l’encens et la fumée des cierges. Sauf que Paola n’était pas qu’une petite fille obéissante qui participait à la chorale, elle était dotée d’une voix céleste, juste et pleine, ce qui allait pousser ses deux parents à l’encourager sur cette voie. Elle s’est alors inscrite au conservatoire et a choisi la guitare comme instrument de musique. À l’école, elle a formé un petit groupe musical et a chanté à toutes les occasions scolaires. « Et pourquoi ne pas en faire mon métier », se dit-elle un jour.


« Little p » deviendra grande
Beaucoup d’enfants enclins à choisir un métier dans un domaine artistique ont connu la voix parentale scandant la phrase fatidique : « Non tu ne seras pas artiste, tu vas mourir de faim. » Et comme Paola Ibrahim en faisait partie, elle s’en est allée entreprendre des études en Advertising et Marketing pour apaiser les esprits. Et tenter de cantonner sa passion dans la catégorie « passe-temps ». Décidée à aller jusqu’au bout de ses efforts, elle travaille pour l’industrie de la mode. Mais voilà. Un besoin viscéral de « prendre l’air », et son envol avec, pour se consacrer uniquement à la musique, ne tarde pas à se faire sentir. Elle monte son propre groupe. Son nom ? Et la timidité va laisser place à un délicieux fou rire un tantinet honteux : « Je l’ai surnommé Little p. » Et pourquoi pas, car à la regarder, on en arrive presque à se demander comment cette voix puissante et chaude se dégage de ce petit bout de femme ? « Little p » se débrouille à merveille. En 2009, elle se produit au Music Hall à Beyrouth, rejoint en 2012 la grande famille de Heartbeat, signera des contrats de 3 mois pour chanter à Dubaï et ira même jusqu’à donner une performance lors de l’inauguration du Grand Prix de formule 1 à Abou Dhabi en 2018.



Solitude partagée
Quand elle est sollicitée pour enseigner, Paola Ibrahim, qui n’avait fait que le conservatoire en matière d’études musicologiques, décide d’entamer une licence par correspondance avec la New York vocal coaching School. Plus tard, elle se déplace jusqu’à la ville de la Grande Pomme pour compléter sa formation. Quand elle évoque cette période de sa vie, ses yeux s’illuminent. « Il est vrai que je vivais une rupture amoureuse violente, mais me retrouver seule dans cette grande ville était l’expérience la plus enrichissante et la plus puissante de ma vie. D’abord rencontrer des artistes accomplis, des professeurs exceptionnels, ensuite me promener seule dans les rues et les parcs était pour moi une source d’inspiration très riche. Voilà comment l’écriture a pris son départ. La souffrance m’a aidée à écrire, et mes cinq chansons le chuchotent mais pas d’une manière indécente. Il faudrait lire entre les lignes pour le percevoir. » De retour à Beyrouth, Paola Ibrahim se lance dans l’enseignement, d’abord à la Tania Kassis Academy, puis dans son propre studio, le Beirut Vocal Studio. Elle a des élèves de 6 à 60 ans. Les personnes âgées choisissent le chant comme une thérapie, un défoulement, et les enfants se sentent vraiment bien dans un studio pas très académique, comme un autre chez soi. Ibrahim avoue ne pas être disciplinée dans l’écriture, « les idées me viennent à des moments inattendus ; au tournant d’une rue, entre deux cours donnés à mes élèves, et surtout au courant de mes voyages que j’accomplis le plus souvent en solitaire ».

Cinq titres et une promesse, celle d’une future grande artiste ! Voilà ce que le premier CD de Paola Ibrahim In my lonesomeness, lancé lors d’un concert le 5 juin à Citerne Beirut, laisse présager. « Little p » a grandi, et Paola Ibrahim est désormais Pòl comme son père l’appelait. Réalisé en collaboration avec le producteur Etyen et les deux musiciens Ramzi Khalaf et Rani Battikh, son premier opus aborde des sujets divers, entre rencontre impromptue, amours d’un jour, mais aussi lâcheté et fausseté, le tout saupoudré d’histoires de fées et de bonheur possible. Des paroles poétisées qui se dégagent à travers une voix suave et tranquille. Cette artiste adepte de Norah Jones, Bach et Florence and the Machine avoue s’être dévoilée mais ne le regrette pas.

Pour elle, la musique est synonyme de vie et tant qu’elle chantera, elle restera en communion avec le monde.

Quand le clocher de l’église invitait les fidèles à la messe du dimanche, Paola Ibrahim avait déjà pris place au centre du chœur. Impossible d’échapper à ce rituel dominicain et pour cause, son père assurait la célébration de l’eucharistie. Non sans fierté, elle raconte son histoire : « Il était célibataire, avait une foi très solide, une sérieuse vie spirituelle,...

commentaires (1)

bravo et bonne continuation. Nous la découvrons de l'étranger. Sauf erreur de notre part, vous ne nous avez pas affiché un lien ou un titre musical de l'artiste. Nous avons cherché sur Youtube pour la trouver. Bon courage à cette jeune artiste ( nous allons la suivre de loin, de paris, à partir de nos studios)

LE FRANCOPHONE

19 h 39, le 07 juillet 2019

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Commentaires (1)

  • bravo et bonne continuation. Nous la découvrons de l'étranger. Sauf erreur de notre part, vous ne nous avez pas affiché un lien ou un titre musical de l'artiste. Nous avons cherché sur Youtube pour la trouver. Bon courage à cette jeune artiste ( nous allons la suivre de loin, de paris, à partir de nos studios)

    LE FRANCOPHONE

    19 h 39, le 07 juillet 2019

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