Blessé et répondant devant la justice à des accusations de viol, Neymar est forfait pour la Copa America qui se déroule au Brésil. Mauro Pimentel/AFP
Privé de sa star Neymar, le Brésil tentera de redorer son image devant son public en remportant la Copa America de football, qui débute ce soir, un trophée qui le fuit depuis 12 ans, avec une équipe qui mêle cadres expérimentés et jeunes loups mis en orbite pour le Mondial 2022 au Qatar.
Gare à la « Neymardépendance » : l’attaquant du PSG a marqué à 60 reprises sous le maillot national, ce qui le place à 27 ans au 4e rang du panthéon des buteurs de la Seleção, derrière Pelé, Zico et Ronaldo, et devant des légendes comme Romario ou Jairzinho. « Le Brésil perd un grand joueur, mais ça n’empêchera pas le Brésil de faire de grands matches et de remporter la Copa America », affirme Cafu (double champion du monde en 1994 et 2002).
Avant même que Neymar ne se blesse et qu’il ne soit accusé de viol, le sélectionneur Tite avait décidé de lui retirer le capitanat en raison de son altercation avec un spectateur à l’issue de la finale de la Coupe de France. Seul joueur de l’équipe actuelle ayant pris part au titre continental sud-américain de 2007, Dani Alves (36 ans) a hérité du brassard. Lors de ce sacre, au Venezuela, il était remplaçant, mais était entré en jeu pour parachever le succès retentissant en finale contre l’Argentine (3-0) d’une frappe sèche du droit. Depuis, la Seleção a enchaîné les désillusions, avec deux éliminations en quarts de finale de Coupe du monde (2010 et 2018) et, surtout, la raclée historique (7-1) face à l’Allemagne en demi-finale de « son » Mondial en 2014.
En Copa America, le bilan des Brésiliens est tout simplement indigne de leur rang de quintuples champions du monde : battus deux fois de suite aux tirs au but par le Paraguay (2011 et 2015), ils sont sortis au 1er tour lors de l’édition du Centenaire, en 2016. « Je ne veux pas dire que le Brésil a l’obligation de gagner, mais il faut donner une réponse aux supporters. Gagner la Copa America à domicile est le strict minimum », affirme Ledio Carmona, commentateur de la chaîne Sportv.
Pour éviter une nouvelle déconvenue à domicile, Tite a ainsi fait appel à des joueurs d’expérience pour encadrer les jeunes pousses. La nécessité de résultat immédiat semble avoir primé sur la construction à long terme : même si Dani Alves dit rêver de jouer le Mondial 2022 à 39 ans, les chances de voir Thiago Silva, Miranda et Fernandinho (tous âgés de 34 ans aujourd’hui) fouler les pelouses du Qatar semblent bien minces. Autre choix discutable : Willian (30 ans), sur le banc avec Chelsea, pour remplacer Neymar au pied levé, plutôt que Vinicius Junior (18 ans) ou Lucas Moura (26 ans). Des 23 joueurs du groupe brésilien, 14 étaient déjà de la partie lors du Mondial 2018.
Mais la relève est tout de même là, avec Richarlison et David Neres, tous deux âgés de 22 ans et buteurs lors de la démonstration (7-0) face au Honduras dimanche dernier, au cours du dernier match amical de préparation à la Copa. Plus que le résultat en soi, qui plus est face à une équipe faible et réduite à 10 joueurs dès la 1re période, c’est dans la manière que ce Brésil sans Neymar a séduit les observateurs. « Sans la dépendance maladive à Neymar, le Brésil a montré un vrai football collectif », a écrit Cosme Rimoli, chroniqueur du site d’informations R7. Tite lui-même avait affirmé plus tôt que Neymar, bien qu’« indispensable » en raison de son immense talent, n’était pas « irremplaçable ».
Pour occuper l’aile gauche de la Seleção à São Paulo, lors du match d’ouverture de la Copa America contre la Bolivie, David Neres tient la corde, même si Everton (23 ans), attaquant prometteur de Gremio, a lui aussi montré de bonnes choses en amical. Autre fier représentant de la jeune garde, Richarlison, joueur complet qui peut aussi bien occuper le flanc droit qu’évoluer en tant qu’avant-centre. Il a brillé lors du match amical contre le Qatar (3-0), lors duquel Neymar s’est blessé à la cheville le 5 juin, et a aussi marqué dimanche contre le Honduras.
Source : AFP