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Lifestyle - Festival de Cannes

Très bon cru, la 72e édition a tenu ses promesses

Le réalisateur Bong Joon-ho est le premier Sud-Coréen à recevoir la Palme d’or.

Le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho posant fièrement avec sa Palme d’or, qui lui a été décernée pour son film « Parasite » (titre original : « Gisaengchung » ). Loïc Venance/AFP

Le Festival du cinéma de Cannes a sacré samedi soir Bong Joon-ho, premier réalisateur sud-coréen à recevoir la Palme d’or, laquelle échappe une nouvelle fois à l’Espagnol Pedro Almodovar, l’autre grand favori de la compétition, qui tentait de l’obtenir pour la première fois en six tentatives. Lot de consolation pour Douleur et gloire, film le plus personnel du cinéaste espagnol : l’acteur Antonio Banderas a remporté le prix d’interprétation masculine. L’Américain Quentin Tarantino est, lui, reparti bredouille avec son Once upon a time... in Hollywood, l’un des films les plus attendus de la compétition, qui avait assuré le show sur la Croisette avec ses superstars Brad Pitt et Leonardo DiCaprio.

Drame familial et thriller très maîtrisé sur les inégalités sociales, Parasite de Bong Joon-ho, qui avait remporté l’adhésion de la presse, est le second film asiatique de suite à remporter la Palme d’or, après Une affaire de famille du Japonais Hirokazu Kore-Eda l’an dernier. « Je suis vraiment très honoré », a déclaré Bong Joon-ho, qui a dit être « toujours très inspiré par le cinéma français » et a remercié « les deux grands réalisateurs français Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol ». « Nous avons tous été fascinés par ce film, et cette fascination a continué à croître au fil des jours », a expliqué le président du jury, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu, soulignant que « la plupart des films qui ont reçu des prix traitent de justice sociale et d’injustice ». « Ils ont à voir avec les aspects politiques et sociaux du monde actuel. Le cinéma doit essayer d’élever la conscience sociale, et ce partout dans le monde », a-t-il encore dit, tout en réfutant que les choix du jury aient « reposé sur des choix politiques ».

Dans le pays de Bong Joon-ho, des critiques aux médias, en passant par le président Moon Jae-in, les Sud-Coréens ne cachaient pas hier leur très grande fierté. « Je dis ma gratitude au nom de tout le peuple coréen, a tweeté Moon Jae-in. Je suis très fier de Bong Joon-ho, qui a atteint le sommet et est un des meilleurs réalisateurs au monde. » Pour l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, M. Bong a « finalement étanché la soif » de reconnaissance des Sud-Coréens. « En remportant la Palme d’or au célèbre Festival de Cannes, Bong a laissé son empreinte sur l’histoire du cinéma coréen », pouvait-on lire dans le grand quotidien Dong-A Ilbo. « On avait toujours le sentiment avec la Corée du Sud qu’il restait encore du travail, mais avec cette victoire, on a finalement réglé le problème », a déclaré le critique Ha Jae-keun. Pour Jason Bechervaise, un critique basé à Séoul, la Palme d’or pourrait propulser le film vers d’autres sommets. « Cela va générer une énorme couverture médiatique en Corée d’ici à sa sortie en salles, a-t-il dit. Au-delà, il a de bonnes chances pour devenir le premier film coréen nominé aux Oscars. »

Banderas un peu « amer »

Pour sa part, l’acteur espagnol Antonio Banderas a dit avoir ressenti de l’amertume après avoir reçu son prix d’interprétation masculine, en raison de l’absence de Pedro Almodovar au palmarès. « Après avoir reçu ce prix, je suis très heureux, mais je ressens une légère amertume. J’aurais bien aimé que Pedro soit ici », à ses côtés en conférence de presse, a-t-il ainsi déclaré. « On a échangé des textos ce matin. Il est très heureux pour moi et je le remercie de ces 40 années et 8 films que nous avons faits ensemble », a poursuivi Banderas. « Il a eu un rôle très important dans ma vie, un rôle que je n’arrive pas à comprendre. Je suis très attaché à lui », a-t-il ajouté à l’endroit du cinéaste qu’il considère comme son « mentor ».

Il n’en reste pas moins que le Festival de Cannes promettait cette année d’être une grande édition, et elle l’a été ! « La sélection cette année était incroyable », avec « des réalisateurs iconiques, puissants, de nouvelles voix du monde entier », a déclaré hier le président du jury, Alejandro Gonzalez Iñarritu. De fait, critiques et festivaliers ont été conquis par le cru 2019. « La migraine du jury, c’est la rançon des années fastes à Cannes », soulignait hier le quotidien Le Monde. Pour le critique du Guardian, Peter Bradshaw, également, « ça a été un excellent Cannes », avec « du bon travail pas seulement de la part des vétérans et des cinéastes établis de l’histoire du festival, mais aussi des jeunes et des nouveaux venus ».

Parmi les cinéastes les plus confirmés, Pedro Almodovar, les frères Dardenne, Ken Loach, Terrence Malick, Marco Bellocchio ou Quentin Tarantino n’ont pas déçu, se montrant souvent au meilleur de leur forme. Mais les bonnes surprises sont aussi venues des nouveaux venus, comme le Français Ladj Ly et la Franco-Sénégalaise Mati Diop, tous deux récompensés. Mais la malédiction continue donc pour Pedro Almodovar, qui a ainsi échoué pour la sixième fois à remporter la Palme d’or. Sa déception doit être immense, car Douleur et gloire, un film d’une beauté et d’une profondeur saisissantes, avait ses chances. Quentin Tarantino et Terrence Malick, respectivement palmés en 1994 et 2011, symbolisaient le retour en force des Américains sur la Croisette. Mais au final, malgré des films ambitieux, le jury ne les a pas faits figurer au palmarès. Les vétérans britannique Ken Loach et italien Marco Bellocchio sont eux aussi restés à quai malgré deux très bons films, qui ont certainement pâti de leur classicisme. Enfin, il est le moins connu de tous, mais Diao Yinan, représentant d’un cinéma chinois en pleine effervescence, aurait pu être récompensé du prix de la mise en scène pour Le lac aux oies sauvages.

Films sociaux et politiques

Inégalités sociales, sort des migrants, violences policières, radicalisme religieux : la plupart des films qui ont reçu des prix étaient des longs métrages engagés. À commencer par la Palme d’or, Parasite, qui dénonce les inégalités sociales à travers l’histoire d’une famille pauvre qui végète dans un sombre sous-sol sale et s’impose peu à peu au sein d’une famille très riche vivant dans une maison somptueuse. Le film couronné du Grand Prix, Atlantique de Mati Diop, se penche sur les migrants et la jeunesse de Dakar. Film coup de poing, Les Misérables de Ladj Ly, récompensé ex aequo du prix du jury, pointe avec virulence les violences policières dans les banlieues. Enfin, l’engagement des très politisés frères Dardenne sur la radicalisation d’un adolescent dans Le jeune Ahmed, a été salué par le prix de la mise en scène.

Et les femmes ? Toujours pas de nouvelle Palme d’or pour une femme : Jane Campion reste donc la seule à avoir remporté la récompense suprême (en 1993 pour La leçon de piano, ex aequo avec Chen Kaige). « J’aimerais ne pas savoir qui est le réalisateur, si c’est une réalisatrice, ou son pays d’origine », avait prévenu Alejandro Gonzalez Iñarritu avant le début des festivités. Sur les quatre films en compétition réalisés par des femmes, trois ont intégré le palmarès, dont ceux de Mati Diop et Céline Sciamma, qui a elle glané le prix du scénario pour Portrait de la jeune fille en feu. La dernière réalisatrice à avoir eu le Grand Prix, 2e prix cannois, était l’Italienne Alice Rohrwacher en 2014 avec Les merveilles. Elle faisait cette année partie du jury.

Le palmarès

– Palme d’or : Parasite, du Sud-Coréen Bong Joon-ho.

– Grand Prix : Atlantique, de la Franco-Sénégalaise Mati Diop.

– Prix du jury : Les Misérables, du Français Ladj Ly, et Bacurau, des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.

– Prix de la mise en scène : les Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne, pour Le jeune Ahmed.

– Prix d’interprétation masculine : l’Espagnol Antonio Banderas, pour Douleur et gloire de Pedro Almodovar.

– Prix d’interprétation féminine : l’Anglo-Américaine Emily Beecham, pour Little Joe de Jessica Hausner.

– Prix du scénario : Portrait de la jeune fille en feu, de la Française Céline Sciamma.

– Mention spéciale du jury : It Must Be Heaven, du Palestinien Elia Suleiman.

– Caméra d’or : Nuestras madres, du Guatémaltèque César Diaz.

– Palme d’or du court métrage : La distance entre le ciel et nous, du Grec Vasilis Kekatos.

– Mention spéciale du court métrage : Monstruos Dios, de l’Argentine Agustina San Martin.

Source : AFP

Le Festival du cinéma de Cannes a sacré samedi soir Bong Joon-ho, premier réalisateur sud-coréen à recevoir la Palme d’or, laquelle échappe une nouvelle fois à l’Espagnol Pedro Almodovar, l’autre grand favori de la compétition, qui tentait de l’obtenir pour la première fois en six tentatives. Lot de consolation pour Douleur et gloire, film le plus personnel du cinéaste...

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