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Culture - Événement

Hommage à Nidal Achkar, pionnière du théâtre libanais

En ouverture du festival « Next » organisé par la LAU, et qui se déroule jusqu’au 22 mars à l’Irwin Hall, une première soirée dédiée à Nidal Achkar, active militante pour le théâtre libanais en langue arabe, actrice et metteuse en scène.


Nidal Achkar, une battante du théâtre. Photo M. Assaf

La salle – pleine à craquer jusqu’à ses allées latérales – est prise d’assaut par une foule de spectateurs. Devant un aréopage de personnalités du monde des lettres, de l’éducation et de la politique, entre autres la députée Paula Yacoubian, l’hymne national a été entonné a cappella par Khaled al-Abdallah, ainsi que par le public, suivi d’un discours véhément et enthousiaste déclamé avec cœur et emphase par le président de la LAU Joseph Jabra.

Sous le titre « La grande dame du théâtre libanais » choisi par la LAU pour la célébration d’une carrière et d’une vie vouées à l’univers des planches, les organisateurs ont fait succéder, sous les feux de la rampe, chant, musique, projection d’un film documentaire et un ensemble de scènes érigées en un patchwork chargé d’humour et de fantaisie ponctuant les grands moments de celle qui n’a pas fini d’animer, avec Masrah al-Madina dont elle est la directrice, l’avant-scène de la vie culturelle libanaise et arabe…

Chant émouvant avec Rafka Rizk accompagnée au qanoun par Joseph Hélou, prestation supervisée par Nidaa Abou Mrad et Ghassan Sahhab.

Pleins projecteurs sur un atelier de travail dirigé par cette battante avec le documentaire écrit et réalisé par Sabine el-Chamaa en collaboration avec Nidal Achkar elle-même et Lina Abyad. On attendait quand même plus de punch et d’originalité de ce tandem considéré gagnant ! Si l’humour et le franc-parler de la comédienne sont mis en évidence avec son souci de la maîtrise de la voix et la beauté de la langue arabe, le film pèche non seulement par sa simplicité mais aussi par la qualité technique de projection avec des arrêts inattendus pour le son et l’image, plongeant ainsi désagréablement l’auditoire dans le noir…

Le meilleur moment reste sans doute cette preste mise en scène des tranches de vie et de la personnalité, espiègle et mutine, de Nidal Achkar en un musical amusant signé Awad H. Awad et Amr Selim. Brefs tableaux, rondement menés, pour parler en termes légers mais percutants des préoccupations sociales et culturelles d’une agitatrice de conscience.

Une jeune fille qui vole des grenades à un curé et lui ment au confessionnal, une femme amoureuse qui devant la caméra embrasse un jeune homme pour plus de 55 secondes (oh impudeur pour le monde arabe à cette époque !) mais qui l’épouse hors écran un an plus tard, une comédienne qui mène en bateau un ministre et l’invite le lendemain à voir sa pièce. Mais aussi boulet à canon qui fustige le système dont il est un éminent représentant. Et enfin, une actrice qui ose sortir du rang et se mêler de tout ce qui fait l’essence des rouages de la cité en menant sa contestation pour la cause arabe et palestinienne jusqu’au Horse Shoe à Hamra… Tout ce raffut, avec un amour immodéré pour la poésie et les mots de Mahmoud Darwich, Adonis, Abdallah Wannous, Mohammad el-Maghout et un cortège encore plus grand de poètes arabes…

C’est tout cela l’univers de Nidal Achkar que les spots font vibrer à travers un ensemble de musiciens et l’actrice Bernadette Hodeib, ainsi que d’autres comédiennes pour des instantanés qui ne manquent pas d’allant.

Le dernier mot est allé bien entendu à Nidal elle-même, oratrice hors pair, qui prend la parole en se jouant de la forêt de micros plantés devant sa tribune improvisée. Le verbe haut, la voix tonnante, le geste sûr mais bien entendu parfaitement théâtral, le remerciement et la gratitude pleins d’émotion, elle reste, avec la maturité et le parcours de plus d’un demi-siècle de combats qui l’auréolent, une icône du monde des planches. Aussi bien au Liban que dans le monde arabe.


Pour mémoire
Nidal Achkar : J’ai fait mon nom à ma façon...

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