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Liban - Atelier de travail

Des journalistes libanais invités à explorer leurs traumatismes liés à l’empathie

Vue générale de l’atelier de travail avec le groupe de journalistes. Photos A.M.H.

Comment faire preuve de résilience, lorsqu’on est journaliste, face à des situations professionnelles stressantes liées à la couverture des conflits ou concernant des défis professionnels personnels ? Comment gérer ses émotions lorsqu’on travaille avec les survivants de traumatismes, qu’on est exposé à leurs expériences, qu’on fait constamment preuve d’empathie ? Comment optimiser ses forces et ses atouts, pour les mettre au service de la résilience ? C’est à ces questions parmi tant d’autres qu’a tenté de répondre hier le chercheur canadien, Tayyab Rashid, psychologue clinicien, PHD à l’Université de Toronto Scarborough, devant un groupe de journalistes libanais. Et ce, lors d’un atelier de travail organisé à leur intention dans les locaux « Le Studio by SJ » à Sin el-Fil, par l’association Humanship et son fondateur Milad Hadchiti, sur le thème « Des traumatismes vicariants à la résilience ».

C’est à partir de recherches sur « le traumatisme par procuration », également baptisé « traumatisme vicariant », que le professeur Rashid a développé ses travaux sur la résilience basée sur les forces. Ce traumatisme, souligne-t-il, est à ne pas confondre avec le Trouble de stress post-traumatique (PTSD). Il consiste en « des changements profonds » subis par le journaliste suite « au cumul de situations difficiles ». Des changements qui se répercutent tant sur sa vie professionnelle que personnelle. « Après avoir rencontré des survivants de traumatisme, écouté leurs témoignages et fait preuve d’empathie, un journaliste n’est plus le même, note-t-il, faisant état de réactions physiques et émotionnelles plus ou moins durables », liées au vécu. Et de préciser que « chacun réagit différemment face au traumatisme », mais que de manière générale, « plus un vécu est dur, plus on a tendance à l’oublier et à s’en dissocier ».


Les forces de caractère pour une bonne résilience

Tayyab Rashid invite donc les journalistes confrontés à ces expériences traumatisantes à faire un travail sur eux-mêmes, « dès lors qu’ils ressentent colère, tristesse et frustration, sans savoir vraiment pourquoi ». Il s’agit donc, dans un premier temps, d’analyser les défis auxquels ils font face et d’identifier leurs réactions face à ces défis. « Une réaction de colère est forcément liée à un sentiment d’injustice, alors que la tristesse est associée à la perte », explique-t-il, précisant que chaque personne agit sur base de ses peurs, de ses émotions, de sa tristesse, de ses craintes... « Dès qu’il est en possession de ces outils, un journaliste de terrain peut aussi mieux comprendre les colères, l’anxiété, la tristesse des personnes qu’il rencontre », ajoute le chercheur universitaire.

Les journalistes sont alors encouragés à identifier leurs cinq forces de caractère à utiliser à bon escient. Des forces de caractère telles que la créativité, l’ouverture d’esprit, l’amour, l’intelligence sociale, le leadership, la bravoure, la citoyenneté, l’intégrité et bien d’autres encore… « Cette tâche nécessite un travail personnel de longue haleine du journaliste, qui doit être réalisé avec la contribution de sa famille, de ses proches et du groupe de chercheurs qui a travaillé sur la résilience basée sur les forces », indique le clinicien. « C’est alors qu’il devient possible, pour chacun, de bâtir un profil de forces pour une bonne résilience et une vie heureuse, sachant qu’il ne suffit pas d’éliminer son anxiété, ses peurs et sa colère pour être heureux », conclut le Dr Rashid.

Comment faire preuve de résilience, lorsqu’on est journaliste, face à des situations professionnelles stressantes liées à la couverture des conflits ou concernant des défis professionnels personnels ? Comment gérer ses émotions lorsqu’on travaille avec les survivants de traumatismes, qu’on est exposé à leurs expériences, qu’on fait constamment preuve d’empathie ? Comment...

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