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Lifestyle - Cinéma

« Jusqu’à la garde », un premier long métrage aux quatre Césars

Capharnaüm, de Nadine Labaki, ne décroche pas le César du meilleur film en langue étrangère.

Le réalisateur Xavier Legrand et son césar du meilleur film pour « Jusqu’à la garde ». Bertrand Guay/AFP

Meilleur montage, meilleur scénario original, meilleure actrice (Léa Drucker) et… meilleur film. Avec son premier long métrage, Jusqu’à la garde, quadruplement sacré, Xavier Legrand a passé une bonne cérémonie des Césars hier soir. Capharnaüm, de Nadine Labaki, n'a, en revanche, pas décroché le César du meilleur film en langue étrangère.

Jusqu’à la garde est un film sur les violences conjugales, dont le réalisateur a estimé pendant la soirée qu'il "serait temps de penser" aux victimes "un autre jour que le 25 novembre", journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. "Je voudrais dédier cette récompense à toutes les Miriam (le nom du personnage féminin principal, ndlr), toutes ces femmes qui ne sont pas dans une fiction, qui sont dans cette tragique réalité", a lancé, de son côté, Léa Drucker, sacrée meilleure actrice pour son rôle de mère de famille fragile mais vaillante. "Je crois que la violence commence par les mots (...) ces mots qu'on utilise chaque jour dont on croit qu'ils sont ordinaires, banals. On les utilise sous couvert d'humour, parfois par des effets de groupe, et on ne se rend pas compte que ces mots là sont déjà le début d'une menace", a-t-elle ajouté. Ce film choc "a été réalisé par un homme et j'en suis fière", a-t-elle dit en remerciant Xavier Legrand et en rendant hommage aux militantes féministes.

Le long-métrage raconte l'histoire de Miriam qui, pour protéger son fils d'un père qu'elle accuse de violences, en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu'elle considère bafoué et le fils se retrouve pris en otage entre ses parents.


Shéhérazade

Autre grand gagnant de la soirée, Shéhérazade, qui a reçu le César du meilleur premier film, tandis que ses deux interprètes principaux, Kenza Fortas et Dylan Robert, ont été récompensés par ceux des meilleurs espoirs féminin et masculin. "Je dédie ce film à tous les gens qui galèrent", a lancé le réalisateur Jean-Bernard Marlin en recevant son prix. "Pour moi, avoir le César, c'est une bienvenue dans le monde professionnel du cinéma", avait dit un peu plus tôt Dylan Robert, ex-petit caïd passé par la case prison devenu acteur, en jouant un rôle qui lui ressemble.

Pour son premier long métrage, tourné avec des interprètes non-professionnels, Jean-Bernard Marlin a fait huit mois de castings sauvages dans des foyers de la cité phocéenne ou à la sortie des prisons. Ils aboutissent à la rencontre de Dylan Robert, qui tient le rôle principal, celui de Zachary. "J'étais incarcéré. Une éducatrice m'a parlé du casting", racontait à l'AFP ce jeune homme de 18 ans à Cannes, où le film a été présenté dans la section parallèle de la Semaine de la critique. A peine libéré, le "minot" à l'accent chantant a obtenu le premier rôle du film de Jean-Bernard Marlin.

Dans ce film couronné à Angoulême et Prix Jean-Vigo 2018 (ex aequo avec Un couteau dans le coeur), il est un jeune qui sort de prison. Il rencontre Shéhérazade, incarnée par Kenza Fortas, une jeune prostituée qu'il va prendre sous son aile avant de tomber amoureux.

Rien ne prédestinait non plus aux plateaux de cinéma Kenza Fortas, une jeune Marseillaise qui vivotait après avoir quitté l'école à 16 ans, qui est devenue Shéhérazade. A l'écran, le naturel incroyable et l'aplomb de cette petite brune, à l'accent marseillais prononcé, crève l'écran. Comme Dylan Robert, elle a été recrutée lors d'un casting sauvage. "Chez nous, l'amour c'est la haine, on s'aime avec la haine. C'est pour cela que c'est difficile de dire +je t'aime+", expliquait à l'AFP celle qui a longtemps vécu, avec sa mère, dans un camp de gitans après un passage dans un foyer.


Alex Lutz, Jacques Audiard et Robert Redford

Alex Lutz a obtenu le César 2019 du meilleur acteur pour son rôle dans Guy qu'il a également réalisé et où il s'est vieilli de 30 ans pour incarner une ancienne gloire de la chanson. "Je suis très impressionné (...) chaque volute et chaque cabossage de ce César me font penser à un parcours", a-t-il dit ému en recevant le prix.

Le César de la meilleure réalisation a été attribué à Jacques Audiard pour Les Frères Sisters, un western franco-américain avec Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et John C. Reilly. "Je suis ému (...) J'admire mes confrères et mes consoeurs. Si je fais du cinéma, c'est parce que vous en faites", a déclaré en recevant son prix le réalisateur, déjà plusieurs fois récompensé aux Césars, dont deux fois déjà par le César de la meilleure réalisation.

Pas de César, en revanche, pour Capharnaüm de Nadine Labaki, coiffé dans la catégorie meilleur film en langue étrangère par Une affaire de famille du Japonais Hirokazu Kore-eda. La réalisatrice libanaise, elle, était déjà hier soir à Los Angeles, où seront remis dimanche les oscars pour lesquels son film est en lice… Le suspense continue donc.

Un des moments forts a été la remise d'un César d'honneur à l'acteur américain de légende Robert Redford, 82 ans. Kristin Scott Thomas, qui présidait la soirée, a ouvert cette 44e édition par une déclaration d'amour au cinéma français, auquel elle a promis de rester fidèle malgré le Brexit.

Les César ont aussi récompensé à deux reprises le film "Les Chatouilles" d'Andréa Bescond et Eric Métayer sur la pédophilie, qui a reçu le prix de la meilleure adaptation et celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Karin Viard. "Merci pour la visibilité de ce sujet parce que ça touche beaucoup d'enfants", a souligné Andréa Bescond, au sujet de ce film adapté d'une pièce récompensée aux Molières. "Peut-être qu'un jour on va être écouté, peut-être qu'un jour on va bousculer les tabous", a-t-elle dit la voix brisée.

L'autre grand favori de la soirée avec "Jusqu'à la garde" avec dix nominations, "Le Grand bain", comédie sociale à succès de Gilles Lellouche sur des "quadras" et "quinquas" déprimés qui se lancent dans la natation synchronisée, est en revanche reparti quasi bredouille. Seul le chanteur et acteur Philippe Katerine a été récompensé par le César du meilleur second rôle masculin pour son rôle d'employé de piscine municipale timide et enfantin qui se gave de sucreries.


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Les principaux lauréats des César 2019

Meilleur film: "Jusqu'à la garde" de Xavier Legrand

Meilleure réalisation: Jacques Audiard pour "Les Frères Sisters"

Meilleure actrice: Léa Drucker pour "Jusqu'à la garde"

Meilleur acteur: Alex Lutz pour "Guy"

Meilleure actrice dans un second rôle: Karin Viard ("Les Chatouilles")

Meilleur acteur dans un second rôle: Philippe Katerine ("Le Grand bain")

Meilleur espoir féminin: Kenza Fortas ("Shéhérazade")

Meilleur espoir masculin: Dylan Robert ("Shéhérazade")

Meilleur premier film: "Shéhérazade", de Jean-Bernard Marlin

Meilleur scénario original: Xavier Legrand, pour "Jusqu'à la garde"

Meilleure adaptation: "Les Chatouilles", d'Andréa Bescond et Eric Métayer

Meilleure musique originale: Vincent Blanchard et Romain Greffe pour "Guy"

Meilleur film étranger: "Une affaire de famille", de Hirokazu Kore-Eda

Meilleur film d'animation: "Dilili à Paris" de Michel Ocelot

Meilleur documentaire: "Ni juge ni soumise", de Jean Libon et Yves Hinant

César du public: "Les Tuche 3" d'Olivier Baroux

César d'honneur: Robert Redford


Meilleur montage, meilleur scénario original, meilleure actrice (Léa Drucker) et… meilleur film. Avec son premier long métrage, Jusqu’à la garde, quadruplement sacré, Xavier Legrand a passé une bonne cérémonie des Césars hier soir. Capharnaüm, de Nadine Labaki, n'a, en revanche, pas décroché le César du meilleur film en langue étrangère.Jusqu’à la garde est un film sur les...

commentaires (1)

Ben sûr qu'il faut que le cinéma pointe le doigt sur les dérives de la société et de la famille mais zut alors il ne fait plus rêver!

Tina Chamoun

13 h 19, le 23 février 2019

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Commentaires (1)

  • Ben sûr qu'il faut que le cinéma pointe le doigt sur les dérives de la société et de la famille mais zut alors il ne fait plus rêver!

    Tina Chamoun

    13 h 19, le 23 février 2019

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