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Culture - Théâtre

Leïla et le destin, main dans la main

Après un problème technique survenu en dernière minute, « La Main de Leïla », d’Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker, mise en scène par Régis Vallée, n’a pu être présentée vendredi soir. Les représentations ont néanmoins repris hier et se prolongent jusqu’à demain dimanche, avec une séance supplémentaire*.

« La main de Leila » fait une escale à Beyrouth dans le cadre de sa tournée à l’international.

Un désagrément, un ennui, cela arrive dans les meilleures familles et même dans les plus grands théâtres. Le vendredi 21 février au soir, au Théâtre Monnot, à l’heure où les trois coups étaient censés être frappés, toute l’équipe de la pièce La main de Leïla est au bord des larmes.

La première de la représentation n’aura pas lieu ce soir-là à cause d’un problème technique survenu au théâtre. Le public tente de cacher sa déception pour encourager et applaudir Marie-Joëlle Naim Zraick (la femme derrière Persona Productions) qui ramène au Liban des spectacles français depuis quatre ans (entre autres Le Porteur d’histoire, Les Cavaliers, Les Chatouilles, Dans la peau de Cyrano, et plus récemment Monsieur Ibrahim avec Éric-Emmanuel Schmitt, Brel avec l’imitateur Olivier Laurent, et Intra-Muros d’Alexis Michalik...). Passionnée de littérature, de philosophie et de théâtre, la jeune femme propose ce week-end un spectacle français couronné de succès.

Après avoir triomphé au festival Off d’Avignon en 2016 et 2017, récolté un très grand succès à Paris, et fait l’unanimité auprès de la critique étrangère, La main de Leïla fait une escale à Beyrouth dans le cadre de sa tournée à l’international (San Francisco, Tahiti...). Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker (comédiens et auteurs de la pièce) ainsi que Azize Kabouche, comédien qui interprète plus de sept personnages différents, racontent à L’Orient-Le Jour la mise en scène et l’ingéniosité de la scénographie.


Comme un scénario

Les deux auteurs installent dans l’écriture et dans la structure même de l’histoire quelque chose de cinématographique. Ils appartiennent à cette nouvelle génération qui passe de Netflix aux réseaux sociaux, de la téléphonie à internet. Ils suivent la mouvance du monde et font le choix de casser les codes traditionnels du théâtre et d’avoir recours aux codes du cinéma. « C’est un spectacle vivant, disent-ils, une mise en scène audacieuse et astucieuse qui surprend à plusieurs reprises, et où les scènes s’enchaînent avec une virtuosité et une incroyable fluidité. La mise en scène de Régis Vallée et la scénographie de Philippe Jasko mettent en valeur le jeu des comédiens et l’écriture alerte et prenante. » Et Aïda Asgharzadeh d’ajouter : « Régis Vallée travaille avec Alexis Michalik depuis une dizaine d’années, et on retrouve toute l’énergie et l’inventivité des premières créations du duo. Il accompagne le scénario en images, par des fondus enchaînés, des voix off, des ellipses, des scènes qui se chevauchent, et des jeux de lumière et de la musique qui assurent la transition. Le décor, fait de fils à linge et d’un bric-à-brac de récupération modulable à souhait, se transforme fréquemment de façon rapide et créative. Les personnages sont aussi en perpétuel mouvement. Nous sommes trois acteurs à interpréter quinze caractères différents. » Et de préciser : « Si on utilise les codes du cinéma, c’est justement pour servir l’histoire. »

L’histoire justement. Nous sommes en 1987 à Sidi Fares, dans un petit village proche d’Alger. Samir est un jeune orphelin de condition modeste qui, pour échapper à son lourd quotidien, fait de la résistance culturelle et de l’argent de poche par le biais du cinéma. Son garage prend des allures clandestines de salle de spectacles. Contre un petit dinar, il rejoue les plus grands baisers du cinéma que l’État censure. Avec deux contraintes : cette aventure doit rester secrète et les femmes ne sont absolument pas admises. Jusqu’à ce que l’une d’entre elles, la fille du puissant et redouté colonel Bensaada, franchisse l’interdit. La main de Leïla s’annonce comme une comédie sentimentale, certes, mais également et peut-être surtout comme une admirable fresque de l’Algérie de ces années de plomb, dans une forme théâtrale inédite et innovante. Un récit qui nous parle aussi de l’histoire du monde, et un beau moment d’humanité. À ne pas manquer.

*Théatre Monnot

« La main de Leïla », de Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker, mise en scène par Régis Vallée.

Ce soir à 20h30. Et dimanche 24 février à 16h et à 20h30.

Persona Production : 03/226818

Billets chez Antoine Ticketing.

Un désagrément, un ennui, cela arrive dans les meilleures familles et même dans les plus grands théâtres. Le vendredi 21 février au soir, au Théâtre Monnot, à l’heure où les trois coups étaient censés être frappés, toute l’équipe de la pièce La main de Leïla est au bord des larmes.La première de la représentation n’aura pas lieu ce soir-là à cause d’un problème...

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