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Culture - Festival

Et l’organiste était... une femme

L’organiste hongroise Zita Nauratyill. DR

Ce vendredi 8 février, le septième concert de la Semaine de l’orgue au Liban (SOL) qui se tient au monastère Notre-Dame de Louaizé à Zouk Mosbeh à 20h30, est l’un des temps forts d’une soirée à la française. Au menu, deux œuvres de la crème du répertoire savant français interprétées par l’organiste hongroise Zita Nauratyill et l’Orchestre philharmonique du Liban.

« Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi devant la mort. Quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je ressens la mort, comme une délivrance heureuse, plutôt que comme un passage douloureux », témoignait Gabriel Fauré au sujet de son fameux Requiem en ré mineur. L’Orchestre philharmonique du Liban, sous la baguette de Lubnan Baalbaki, offre au compositeur décédé il y a 95 ans une cure de jouvence en interprétant son chef-d’œuvre à sept sections dont la Pie Jesu, Agnus Dei et In Paradisum demeurent les plus glorieuses et ceci en mettant l’accent sur la nature supposée reposante et sans peur de la mort. Cette œuvre liturgique qui doit ses racines à la foi chrétienne, a suscité l’éloge de nombreux compositeurs dont Camille Saint-Saëns, maître de Fauré, qui avait déclaré à son élève : « Ton Pie Jesu est le seul Pie Jesu, comme l’Ave verum de Mozart est le seul Ave verum. » Les timbres de cette messe orchestrale se fondent les uns avec les autres et font voyager son auditeur jusqu’à l’apogée de la lumière dans le monde des ténèbres, à bord du navire philharmonique qui exprimera ses sonorités typiquement romantiques au travers de l’orgue de Nauratyill, du chœur de Notre-Dame de Louaizé et en mettant en jeu deux solistes exceptionnels : la soprano Marie-Josée Matar et le baryton Fernando Afara. « C’est la première fois que la version symphonique de 1901 de ce requiem est jouée au Liban. Cette œuvre a été jouée auparavant sous sa forme ridotta mais cette fois-ci, elle sera jouée avec grand orchestre », souligne le père Khalil Rahmé, fondateur de la SOL qui ajoute que « la pièce est interprétée en latin mais avec la phonétique française pour préserver l’originalité de la création de Fauré ».

Très enthousiaste pour cette première, le père Rahmé dévoile sa deuxième surprise pour cette soirée : « Et ce n’est pas tout ! Le Concerto n° 4 pour orgue et sept instruments du compositeur franco-libanais Naji Hakim est également joué pour la première fois au Liban avec la participation de la musicienne hongroise Zita Nauratyill. » Le concerto pour orgue et ensemble de musique de chambre (flûte, clarinette, basson, harpe, violon, viola et violoncelle) de Hakim porte la marque indélébile de la méticulosité du compositeur qui a consacré sa vie à l’orgue et à l’orchestre. La musique de Hakim fait référence au Saint-Esprit en tant que source inépuisable de vie éternelle, et suit la structure classique du concerto en trois mouvements : le thème d’ouverture est basé sur deux thèmes tirés d’autres œuvres de Hakim dont le canon pour deux voix inspiré du texte du pasteur Hanne Margrethe Tougaard dont le dernier verset « L’esprit de Dieu est la vie » constitue le point de départ de tout le concerto qui oscille entre différentes ambiances contrastées. Le deuxième mouvement, quant à lui, est basé sur un hymne danois qui dévoile l’opposition entre la vie terrestre et la vie éternelle. Le concerto atteint sa cime dans le troisième mouvement joyeux en honneur au Saint-Esprit.

« Le dernier mot n’existe pas en politique, vous le savez bien », écrit Romain Gary, mais il existe, en tout cas, en musique et il sera consacré cette fois-ci à la vedette du concert, Zita Nauratyill. La lauréate du prix Paul Patterson au concours international d’orgue de Saint-Albans de 2015 indique : « C’est ma première visite au Liban et je suis très contente et émue de pouvoir jouer ce programme français varié qui joint le concerto contemporain de Hakim au requiem historique de Fauré qui est d’une extrême beauté. » Et d’ajouter : « Je suis très heureuse d’avoir pu rencontrer Naji Hakim à Paris là où je poursuis mes études au CNSM. On a discuté de son concerto et il m’a donné tous ses conseils. » Finalement, en réponse au fait qu’elle soit la seule organiste femme à jouer dans ce festival, elle conclut : « On m’a toujours posé cette question mais je n’ai jamais compris le lien. On peut être une femme et exceller en musique. »

Ce vendredi 8 février, le septième concert de la Semaine de l’orgue au Liban (SOL) qui se tient au monastère Notre-Dame de Louaizé à Zouk Mosbeh à 20h30, est l’un des temps forts d’une soirée à la française. Au menu, deux œuvres de la crème du répertoire savant français interprétées par l’organiste hongroise Zita Nauratyill et l’Orchestre philharmonique du Liban.« Mon...

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