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Moyen Orient et Monde - Analyse

Trump dit qu’« il est temps » de mettre fin à la guerre en Afghanistan, mais le peut-il ?

Les soldats américains en Afghanistan. Army/Handout via Reuters

Après 17 ans, des milliers de morts civils et militaires et plus de mille milliards de dollars dépensés, « il est temps », selon le président américain Donald Trump, de mettre fin à la guerre en Afghanistan. « L’heure est venue d’au moins essayer de parvenir à la paix », a-t-il lancé lors de son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès mardi soir.

« Nos troupes se sont battues avec une bravoure inégalée, a dit le président. Grâce à leur courage, nous sommes maintenant capables de tenter de parvenir à une possible solution politique à ce long conflit sanglant. »

L’idée de mettre un terme à l’engagement militaire américain en Afghanistan est appuyée chez les républicains comme les démocrates. De nombreux Américains disent en avoir assez de ce conflit lointain dans lequel des milliers de civils afghans et 2 400 soldats américains sont morts. Mais certains mettent en garde contre un retrait précipité. Pour Ryan Crocker, ancien ambassadeur américain à Kaboul, la volonté de M. Trump de se retirer d’Afghanistan est comparable aux pourparlers de paix de Paris pendant la guerre du Vietnam, quand les États-Unis tentaient désespérément de mettre fin au conflit. « À l’époque, comme aujourd’hui, il était clair qu’en allant à la table (des négociations), nous étions en train de nous rendre ; nous étions juste en train de négocier les termes de notre reddition », a écrit M. Crocker dans le Washington Post. « Les talibans vont offrir un certain nombre d’engagements, sachant que lorsque nous serons partis et que les talibans seront de retour, nous n’aurons les moyens de faire respecter aucun d’entre eux », a-t-il fait valoir.

L’ancien président Barack Obama, en partie élu sur la promesse de mettre fin à la guerre, avait essayé de parvenir à un accord avec les talibans, mais avait vu ses efforts s’effondrer et le groupe reprendre des forces. Sous l’administration Trump, Washington discute encore avec les talibans. C’est l’émissaire spécial Zalmay Khalilzad qui mène les discussions. Et, selon lui, les talibans se sont engagés à faire en sorte que l’Afghanistan ne soit plus jamais une plateforme pour des individus ou des groupes terroristes internationaux.

Tout début des pourparlers

Mais pour Thomas Joscelyn, de la Fondation pour la défense des démocraties, les États-Unis doivent se méfier des talibans, qui ont par le passé fait marche arrière sur leurs engagements. Les talibans « ont marmonné quelque chose », à M. Khalilzad, et ce dernier « a aussitôt pris ça pour argent comptant, et semble croire qu’ils empêcheraient l’Afghanistan de redevenir un foyer pour organisations terroristes internationales », a dit M. Joscelyn. Or, « il y a beaucoup de raisons de croire que c’est idiot et pas vrai », a-t-il affirmé.

Pour que les pourparlers aient une chance d’aboutir, il est impératif, d’après lui, que les talibans dénoncent el-Qaëda, le groupe jihadiste extrémiste qui opérait en Afghanistan dans les années 1990 et a mené les attentats du 11-Septembre.

Des experts avertissent en outre que les discussions en cours, qui visent à pousser les talibans à négocier avec le gouvernement afghan, pourraient en fait délégitimer ce dernier en échouant à inclure le président Ashraf Ghani dès le début.

Cette semaine, le général Joseph Votel, chef des forces américaines au Moyen-Orient, a ainsi estimé que Kaboul devait absolument participer aux négociations. « Au bout du compte, il faut que nous ayons une discussion entre talibans et Afghanistan », a dit à des élus américains le général, semblant minimiser l’évolution des pourparlers en disant qu’ils en étaient encore « au tout, tout début du processus ». Selon des responsables américains, M. Trump a décidé en décembre qu’il voulait retirer la moitié des quelque 14 000 soldats américains en Afghanistan. Au même moment, il a ordonné le retrait des militaires américains de Syrie.

« Au fur et à mesure des progrès dans ces négociations » avec les talibans, « nous serons capables de réduire la présence de nos troupes et de nous concentrer sur le contre-terrorisme », a déclaré mardi Donald Trump. Avec seulement 14 000 hommes en Afghanistan contre plus de 100 000 sous Obama, des observateurs jugent que les États-Unis ont maintenant moins l’avantage dans les discussions. Mais pour Stephen Biddle, professeur à l’Université de Columbia, les talibans eux aussi voient leur pouvoir d’influence menacé car la situation sécuritaire est si mauvaise qu’ils craignent que le pays ne se divise en plusieurs factions, comme en Syrie. On pourrait se retrouver avec « une situation irrémédiablement chaotique impossible à régler avec une transition négociée », dit-il. « Plutôt qu’un accord qui produise un partage du pouvoir qui soit accepté par les talibans, vous auriez dix ans de plus d’un conflit pire encore que celui de maintenant », estime-t-il.

Thomas WATKINS/AFP

Après 17 ans, des milliers de morts civils et militaires et plus de mille milliards de dollars dépensés, « il est temps », selon le président américain Donald Trump, de mettre fin à la guerre en Afghanistan. « L’heure est venue d’au moins essayer de parvenir à la paix », a-t-il lancé lors de son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès mardi...

commentaires (3)

Ils ne savent ni faire des guerres ni faire des paix. Tout ce qu'ils savent faire c'est créer des guerres pour mieux piller , si on les laisse faire ils s'installent pour ruiner le pays qui les laisse faire, si on leur résiste avec force et détermination ils décampent pour des terres plus dociles . DES PRÉDATEURS AVEC LES FAIBLES .

FRIK-A-FRAK

12 h 43, le 08 février 2019

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Commentaires (3)

  • Ils ne savent ni faire des guerres ni faire des paix. Tout ce qu'ils savent faire c'est créer des guerres pour mieux piller , si on les laisse faire ils s'installent pour ruiner le pays qui les laisse faire, si on leur résiste avec force et détermination ils décampent pour des terres plus dociles . DES PRÉDATEURS AVEC LES FAIBLES .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 43, le 08 février 2019

  • AU PRIX DU PRESTIGE ET DE LA DIGNITE AMERICAINS... IL LE PEUT ! MAIS CE SERA UN TRES MAUVAIS EXEMPLE POUR UN PEU PERTOUT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 35, le 08 février 2019

  • Les américains sont très doués pour faire la guerre, mais ne savent absolument pas faire la paix. Leur départ mettra (peut-être) fin à la guerre, mais ce ne sera pas pour autant la paix. Celle-ci étant définie comme " la tranquillité de l'ordre", là où ne règne pas l'ordre, il n'y a donc pas de paix. Ils vont partir en laissant le pays aux mains des talibans comme ils ont laissé le Vietnam aux vietcongs. Et tant pis pour la population!

    Yves Prevost

    07 h 18, le 08 février 2019

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