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Débat, loi anticasseurs : la France tente de juguler les "gilets jaunes" dans un climat anxiogène

L'exécutif français a sorti de nombreuses cartes pour juguler la crise des "gilets jaunes", mais sans garantie qu'elles apaisent la colère à l'origine de ce mouvement qui campe sur ses revendications. Photo AFP/Philippe HUGUEN

Mesures d'urgence économiques et sociales, loi anticasseurs dans les manifestations, grand "débat national" : l'exécutif français a sorti de nombreuses cartes pour juguler la crise des "gilets jaunes", mais sans garantie qu'elles apaisent la colère à l'origine de ce mouvement qui campe sur ses revendications.

Prochain test pour le gouvernement d'Emmanuel Macron, ébranlé par cette crise, une nouvelle manifestation annoncée pour samedi. Il s'agira du neuvième samedi de mobilisation depuis l'émergence de cette fronde inédite, sans véritable leader et avec qui les autorités ont les plus grandes difficultés à négocier.

Les images de violences au cours ou en marge des manifestations ont fait le tour du monde, qu'elles aient visé des forces de l'ordre prises à partie, des symboles comme l'Arc de Triomphe tagué, des quartiers de Paris vandalisés. Plus de 1.500 manifestants ont été blessés, parfois grièvement, notamment par les balles de défense controversées utilisées par la police.

Dix personnes ont été tuées, essentiellement dans des accidents en marge de l'occupation de ronds-points, un autre aspect de cette contestation protéiforme qui rassemble des Français des classes populaires et moyennes.

Ces derniers jugent injuste la politique sociale et fiscale du gouvernement, réclament notamment plus de pouvoir d'achat et pour certains la démission pure et simple d'Emmanuel Macron. Ils maintiennent leurs revendications malgré les mesures économiques et sociales annoncées en décembre par le président.

Si de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le calme, des heurts éclatent souvent en fin de journée. Samedi prochain, la sécurité sera conséquente avec près de 80.000 policiers et gendarmes dans toute la France dont 5.000 à Paris. Un millier de membres des forces de l'ordre ont été blessés pendant les dernières manifestations.

Pour tenter d'enrayer la violence, une loi durcissant les sanctions contre les casseurs et les manifestations non déclarées a été annoncée.

Un ex-boxeur professionnel doit être jugé mercredi pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre. Des images virales sur les réseaux sociaux et les médias l'ont montré en train de frapper deux gendarmes samedi au cours de la manifestation à Paris.

Turbulences autour du grand débat
C'est dans cette atmosphère anxiogène que doit être inauguré mardi prochain le "grand débat national", annoncé par Emmanuel Macron pour répondre au mouvement et dont le démarrage est laborieux.

Débats dans les mairies, sur les marchés ou les lieux de travail, cette consultation doit se dérouler jusqu'à la mi-mars. Une plateforme en ligne recueillera les contributions au niveau national et des "conférences de citoyens tirés au sort" seront mises en place dans chaque région, selon la Commission nationale du débat public (CNDP).

Ainsi à Bordeaux (sud-ouest), l'un des bastions de la mobilisation, le maire Alain Juppé, qui s'est dit mercredi "très inquiet" de la situation nationale, va installer des cahiers de doléances dans les mairies de quartier.

Selon un sondage Elabe diffusé mercredi, le pouvoir d'achat (22%) arrive en tête des sujets que les Français souhaitent voir abordés pendant ce débat, devant les impôts et les taxes (12%), l'emploi (11%), les inégalités et les injustices sociales (10%) et le niveau des dépenses publiques (10%).

Mais à l'image de la fébrilité gouvernementale apparue dans la gestion de cette crise, les débuts du grand débat sont plombés par le retrait de la présidente de la CNDP Chantal Jouanno. Cette dernière devait piloter cette consultation de la population mais elle s'est retirée après la polémique suscitée par son salaire élevé.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a de son côté martelé mercredi que ce débat ne serait pas un "grand déballage" et qu'il n'était "pas question de revenir sur des avancées dans notre droit, que ce soit l'IVG, la peine de mort, le mariage pour tous".

Certains élus locaux pourraient être moins actifs au cours de ce débat national puisque son utilité est mise en doute aussi bien par le Rassemblement national (extrême droite) que par La France insoumise (LFI, gauche radicale).

En outre, les "gilets jaunes" campent toujours sur deux revendications phares : le rétablissement de l'impôt de la Solidarité sur la fortune (ISF) - ce que refuse le gouvernement - et la mise en place d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), sur lequel le gouvernement ne s'est pas prononcé.

Mesures d'urgence économiques et sociales, loi anticasseurs dans les manifestations, grand "débat national" : l'exécutif français a sorti de nombreuses cartes pour juguler la crise des "gilets jaunes", mais sans garantie qu'elles apaisent la colère à l'origine de ce mouvement qui campe sur ses revendications. Prochain test pour le gouvernement d'Emmanuel Macron, ébranlé par cette...