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France: lourdes réquisitions au procès d'un narcotrafic européen "inédit"

Plus de cinq ans après la spectaculaire saisie de 1,3 tonne de cocaïne à l'aéroport de Roissy, l'accusation a requis mercredi à Paris 25 ans de réclusion à l'encontre du Britannique Robert Dawes, considéré comme la "tête de réseau" d'un trafic "inédit".

L'avocate générale Isabelle Raynaud a demandé de "lourdes peines" contre cinq des six accusés comparaissant depuis le 10 décembre devant la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels, pour "importation de trafic de stupéfiants en bande organisée", un crime passible en France de 30 ans de réclusion et 7,5 millions d'euros d'amende.

"C'est un dossier inédit" car "loin de juger des lampistes, on juge aujourd'hui des hommes à des rangs élevés d'une organisation criminelle alimentant les réseaux européens", a estimé la magistrate qui a également requis contre les accusés le paiement solidaire de 40 millions d'euros d'amendes douanières.

A l'exception d'un accusé, le Britannique Kane Price pour lequel elle a requis l'acquittement, la représentante du ministère public a considéré que tous avaient participé en parfaite connaissance de cause à l'importation de plus de 1.300 kilos de cocaïne le 11 septembre 2013, par un avion Air France effectuant la liaison entre Caracas et Paris.

M. Dawes, présenté comme l'un des plus gros narcotrafiquants d'Europe, a "donné l'ordre", a affirmé l'avocate générale qui a demandé que la condamnation du Britannique de 46 ans soit assortie d'une peine de sûreté de quinze ans et d'une interdiction définitive du territoire français.

Quinze ans de réclusion ont été requis contre son compatriote Nathan Wheat, envoyé à Paris en "chef d'orchestre" pour réceptionner la drogue ; treize et dix ans ont respectivement été demandés contre deux "logisticiens" italiens, Vincenzo Aprea et Carmine Russo.

Une peine de huit ans d'emprisonnement a, enfin, été requise contre Marco Panetta, le chauffeur italien d'un camion intercepté le 20 septembre 2013 avec 300 kg de cocaïne à son bord, au terme d'une vaste procédure d'infiltration et de surveillance, lancée sur la base de renseignements anonymes.


"Embûches"
La défense a voulu "jeter le discrédit" sur l'enquête menée par l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) et sur son ex-patron controversé, le commissaire François Thierry, a cinglé l'avocate générale mais "c'est en parfaite légalité" que les investigations ont été menées, a-t-elle affirmé.

Qu'un bagagiste "froussard", à l'origine de la procédure d'infiltration selon l'Ocrtis, n'existe pas ou que le mystérieux informateur à l'origine du renseignement sur l'arrivée de la drogue soit Sofiane Hambli - un trafiquant notoire recruté par le commissaire Thierry - et qu'il ait été rémunéré pour cela: rien de tout ça n'émeut l'avocate générale. "Et alors?", a-t-elle lancé.

"Ca ne change à rien à la volonté criminelle qui est acquise dans ce dossier. L'importation de cocaïne était programmée, l'existence préalable du trafic" avant l'opération policière est établie, a-t-elle insisté, se réjouissant de voir la procédure arriver à son terme, malgré des "secousses" et des "embûches".

L'élément le plus incriminant dans ce dossier est le propre "aveu" de Robert Dawes, a rappelé l'avocate générale. Mis sur écoute et surveillé par la Garde civile espagnole, il avait revendiqué la propriété de la drogue saisie à Roissy, dans une conversation filmée dans un hôtel de Madrid en septembre 2014.

C'est cette "sonorisation" qui avait conduit à l'interpellation en novembre 2015 en Espagne de M. Dawes, dans le collimateur depuis longtemps de l'agence britannique de lutte contre le crime organisé.

Lors des perquisitions menées notamment dans sa villa du sud de l'Espagne, les policiers avaient découvert une "flotte de téléphones +conspiratifs+", équipés d'un système de cryptage hyper évolué, ne cadrant pas avec l'image d'un "honnête commerçant de meubles", a relevé l'avocate générale.

M. Dawes, qui nie les faits, a tenté en vain de faire annuler la "sonorisation" de la procédure. Il est allé jusqu'à produire devant la cour d'assises un document affirmant que cette mise sur écoute était irrégulière, "un faux" document, du "jamais vu" pour la représentante du ministère public.

Air France et un ex-chef d'escale adjoint de la compagnie à Caracas, incarcéré quatre ans au Venezuela avant d'être innocenté, se sont constitués parties civiles.

Le verdict est attendu vendredi.

Plus de cinq ans après la spectaculaire saisie de 1,3 tonne de cocaïne à l'aéroport de Roissy, l'accusation a requis mercredi à Paris 25 ans de réclusion à l'encontre du Britannique Robert Dawes, considéré comme la "tête de réseau" d'un trafic "inédit".L'avocate générale Isabelle Raynaud a demandé de "lourdes peines" contre cinq des six accusés comparaissant depuis le 10...