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Culture - Initiative

Comment la technologie peut-elle aider à mieux comprendre l’histoire de l’art au Liban ?

Parallèlement au lancement de son projet « Perspective 1 » de base de données sur l’art libanais, la Saradar Collection propose une semaine portes ouvertes pour une déambulation picturale à travers l’ensemble de ses œuvres.

La Saradar Collection ouvre ses portes cette semaine aux visiteurs.

À l’heure où l’on s’éloigne de l’hégémonie des musées sur le monde de l’art, se dessine une tendance nouvelle qui enregistre un regain d’intérêt pour les collections privées ou appartenant à des institutions. Mario Saradar, homme d’affaires accompli et reconnu (PDG de la Banque Saradar et de Marius Saradar Holding), rassemble depuis 2012 des œuvres d’artistes libanais, modernes et contemporains sous l’ombrelle de Saradar Collection. Cette collection est financée par la famille éponyme qui investit chaque année dans tous les domaines artistiques. Des sculptures aux toiles en passant par les vidéos, installations ou photographies, elle suit une thématique précise, celle du paysage libanais connecté à la réalité économique, politique ou géographique et réunit principalement des artistes libanais ou étrangers qui ont témoigné dans leur parcours artistique d’une actualité libanaise.


Transmission du savoir
Cette initiative a démarré en 2012 avec l’idée de constituer une collection dédiée aux artistes libanais modernes et contemporains, et la mission de la rendre publique un jour. « À cette époque, confie Lina Kiryakos Chidiac, directrice générale de la Saradar Collection, le musée Sursock avait ses portes closes et les artistes étaient exportés pour une reconnaissance sur des plates-formes muséales à l’étranger. Voilà ce qui a motivé Mario Saradar d’initier ce projet culturel et de constituer une collection. Le processus d’acquisition des œuvres a été dès le départ institutionnalisé en créant un comité d’experts aux sensibilités distinctes et capables d’offrir des analyses différentes ». C’est ainsi que Joe Tarrab, Gregory Buchakjian, Christine Tohmé, Sandra Dagher, Catherine David du centre Pompidou et Jessica Morgan, responsable à la Tate des acquisitions du Moyen-Orient, et d’autres vont se joindre à l’aventure. La Saradar Collection s’en remet ainsi au comité pour la responsabilité des choix par rapport à des critères curatoriaux. Et Lina Kyriakos Chidiac d’ajouter : « L’objectif a toujours été d’accroître la connaissance autour de la collection et de combler des lacunes au niveau de la recherche, des écrits et des témoignages. »

L’idée d’investir un espace pour en faire un musée privé avait longtemps germé pour être finalement abandonnée face à l’annonce de tant d’autres projets de musées, toutefois jamais réalisés. « L’option de l’espace éliminé, on s’en remet, dit Lina Kyriakos, à la collection elle-même qui grandit et qui offre tant de possibilités. » 250 pièces rassemblées sur une période de six ans se présentent comme étant un outil pour accroître la connaissance et combler un manque. Un site web www.saradarcollection.com est mis en place, proposant des programmes autour de cette collection. La fondation fait appel à des étudiants pour alimenter cette base de données, en textes de fond, en écrits autour des œuvres, en thèses, en coupures de presse ou extraits d’ouvrage. Des commissaires, des écrivains sont invités à proposer des thématiques croisées autour de cette collection pour produire un savoir autour de l’art libanais. C’est lorsque la question va se poser de ce que la collection peut offrir de plus pour les amoureux de l’art, pour la jeunesse en quête de réponses et pour les artistes eux-mêmes ou leur descendance en dehors du contexte d’une simple collection que le projet « Perspective » va voir le jour. Ce projet, que la Saradar Collection veut annuel, se verra piloté à chaque édition par un curateur invité et qui utilisera la collection comme inspiration pour proposer un thème à explorer.


Données à voir et à revoir
À l’appellation un peu désuète de « commissaire », vient se greffer aujourd’hui le terme anglais de « curator » devenu international et qui insiste sur l’idée de transmission, de « care ». Cette attention à l’autre, ce besoin de transmettre explique sans doute l’énergie, le professionnalisme et la motivation qui animent Sam Bardawil et Till Fellrath dans tout ce qu’ils entreprennent et les conduit à mener des projets partout dans le monde avec pour seul mot d’ordre : « Ce que l’on transmet aux autres, avec passion et perfection. » En tandem depuis bientôt dix ans, les musées du monde entier – le MOMA, la Tate Gallery, le musée de la Reine Sophia, la biennale de Venise, le centre Pompidou – font appel à eux et pour cause. Beaucoup de patience, de psychologie et une attention aux artistes en adéquation avec le temps, autant de caractéristiques qui leur ont toujours permis de sonder, de comprendre et de proposer. « Perspective 1 », projet né de la collaboration entre Saradar Collection et ces deux curateurs de renommée internationale, vise à rapprocher l’art et la recherche via la création d’un site de navigation, www.saradarperspective.com, et se propose de répondre à la question : Comment la technologie d’aujourd’hui peut-elle aider à explorer et à parcourir toutes les données pour mieux comprendre l’histoire de l’art du Liban ?

« Perspectives 1 » s’étale sur 9 mois et propose une thématique dans le but de dépasser le simple concept de collection. L’objectif étant de décrypter et d’analyser à travers différentes perspectives, afin de développer des matières de réflexion. Le résultat est un projet audacieux précis et scrutateur sur ce que fut l’âge d’or en art au Liban des années 1955 à 1975. Plus de 20 œuvres comme point de départ, mais un focus sur six artistes qui furent les pionniers (Chafic Abboud, Laure Ghorayeb, Aref el-Rayess, Halim Jurdak, Rafic Charaf et Seta Manoukian) pour faire un voyage dans le temps, explorer cette période où l’art infestait la ville et retracer l’histoire de ces artistes et saisir le discours et la critique de l’époque. C’était pour eux une manière de toucher de nouvelles audiences, qui s’intéressent à l’histoire culturelle du pays et qui ont auront accès à une quantité sans précédent de plus de mille documents et d’archives issus de la recherche. La collection n’est plus un but en soi mais un moyen, c’est ainsi que la scène artistique est cartographiée et se concentre sur de nombreuses personnalités culturelles et espaces d’art tout en mettant à jour l’historiographie de nombreuses œuvres d’art datant des années soixante environ. « Perspective 1 » n’est donc pas un simple projet, mais un lieu de savoir et de découvertes à la portée de tous les visiteurs. C’est une forme unique d’expérience collective, un outil qui doit permettre au public et aux artistes de rentrer en conversation.

Cela mérite un coup de chapeau à l’ensemble des initiateurs et des collaborateurs téméraires et passionnés...


Saradar Collection

Avenue Charles Malek, imm. Tabaris 812 Tél.: +961/1/215 252 – Ext.:103

À l’heure où l’on s’éloigne de l’hégémonie des musées sur le monde de l’art, se dessine une tendance nouvelle qui enregistre un regain d’intérêt pour les collections privées ou appartenant à des institutions. Mario Saradar, homme d’affaires accompli et reconnu (PDG de la Banque Saradar et de Marius Saradar Holding), rassemble depuis 2012 des œuvres d’artistes libanais,...

commentaires (1)

Article très intéressant !

Aboumatta

12 h 22, le 28 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Article très intéressant !

    Aboumatta

    12 h 22, le 28 novembre 2018

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