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Lifestyle - Coolitude

Les musées aussi bénéfiques que le sport

Au Canada, le médecin prescrit désormais des visites... muséales. Après examen et diagnostic, le patient reçoit une ordonnance préconisant des bains d’œuvres d’art.

Prescription muséale MBAM-MFDC. Photo MBAM/Jean-François Brière

Visiter les musées pour aller mieux : depuis le début du mois de novembre, c’est une initiative lancée par les médecins francophones du Canada (MDFC) et le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). C’est là une première mondiale qui va permettre à des patients, ainsi qu’à leurs proches, familles et soignants, de profiter des effets bénéfiques de l’art sur la santé. Pour eux, l’entrée du musée (tarifée à 23 dollars canadiens, environ 18 dollars US) sera gratuite. Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal depuis 2007, explique : « Je suis persuadée qu’au XXIe siècle, la culture sera pour la santé ce que le sport a été pour le XXe siècle. L’expérience culturelle contribuera au mieux-être, comme la pratique du sport l’a été à notre bonne forme physique. Pour les sceptiques, rappelons qu’il y a seulement cent ans, on disait que le sport déformait les corps ou menaçait la fécondité des femmes. Aujourd’hui, les médecins prescrivent l’exercice. Ils peuvent à présent prescrire des visites au MBAM. Nous sommes très fiers de ce projet pilote visionnaire, une première, en partenariat avec les médecins francophones du Canada. »

Pas d’effets secondaires

Cette expérimentation, collaborative donc, et particulièrement novatrice entre le MBAM et MDFC (qui regroupe quelques milliers de membres pratiquant majoritairement dans la grande région de Montréal), consolide les liens entre le milieu médical et l’environnement muséal. De plus, ce programme s’ajoute à l’éventail d’outils de traitement et d’intervention du médecin. Il rend les visites au musée accessibles à des milliers de patients souffrant de divers problèmes de santé physiques et mentaux. En particulier, de troubles alimentaires (anorexie et boulimie), de déficiences intellectuelles, de troubles du spectre de l’autisme (TSA), d’arythmie cardiaque, d’épilepsie, de la maladie d’Alzheimer, de troubles du langage ou sensoriels, ainsi que de séquelles du cancer du sein et de l’état de vieillissement. Pour eux, ce moment de répit est enrichissant et relaxant, et, plus encore, l’occasion de resserrer des liens avec les proches. Une cure qui n’a aucun effet secondaire. Dans une première phase, les médecins participants pourront prescrire jusqu’à 50 ordonnances pour une visite des collections et expositions du MBAM lors de leurs consultations, chacune valable pour un maximum de deux adultes et de deux enfants de 17 ans et moins. Le MBAM devient ainsi un véritable laboratoire de recherche destiné à mesurer scientifiquement les effets de l’art sur la santé. Les résultats stipulent notamment que les arts améliorent la connectivité, sous-tendant la résilience psychologique, qu’ils ont une influence positive sur l’attention et la mémoire de travail et qu’ils favorisent la détente, la relaxation et une activité neuronale plus développée.

Le Vieux Continent suit

Le musée envisage également de nouvelles activités curatives, alliant l’expérience artistique à une approche thérapeutique et holistique, qu’il souhaite étendre à tout le pays. Il semble que son appel ait porté et qu’il a eu une résonance sur le Vieux Continent, plus précisément en Angleterre. La semaine dernière, une initiative, qualifiée d’ambitieuse, a été dévoilée par le ministre britannique de la Santé, Matthew Hancock, qui a expliqué que bientôt les médecins du pays seront en mesure de prescrire des thérapies d’art pouvant traiter diverses maladies allant de la démence à d’autres troubles mentaux. Cette stratégie non conventionnelle, décrite par le gouvernement britannique comme une « prescription sociale », pourrait, selon le Times, « permettre à des patients de suivre des cours de danse, de chant ou peut-être se plonger dans des musiques répondant à leur goût et à leur état ».

S’adressant au think tank King’s Fund Health Care, le ministre Hancock a souligné : « Nous avons favorisé une culture de calmants et autres Prozac, alors que nous aurions dû promouvoir la prévention et la transpiration. » Cette proposition va dans le sens de la mise sur pied d’un vaste schéma de prévention dans le domaine de la santé, visant la création d’une Académie nationale pour les prescriptions à caractère social. Son but : assurer que les médecins généralistes à travers le pays soient préparés à guider les patients vers une palette de loisirs, de sports et d’activités culturelles en groupe. Ce panorama, qui doit voir le jour en 2023, a été esquissé en janvier dernier par la création d’un ministère britannique de la Solitude, que nous avions présenté dans cette même page. Car, l’isolement est un des maux du siècle qui, selon les statistiques, est aussi nocif que de fumer 15 cigarettes par jour. Au siècle des Lumières, Voltaire avait eu cette même perception. « L’art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit », avait-il écrit.

Visiter les musées pour aller mieux : depuis le début du mois de novembre, c’est une initiative lancée par les médecins francophones du Canada (MDFC) et le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). C’est là une première mondiale qui va permettre à des patients, ainsi qu’à leurs proches, familles et soignants, de profiter des effets bénéfiques de l’art sur la santé. Pour...

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